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La cantatrice chauve (jusqu'au 10 décembre)

le  22/11/2017   au 13ème Art, place d’Italie 75013 Paris (du mardi au samedi à 19h et dimanche à 18h)

Mise en scène de Pierre Pradinas avec Romane Bohringer, Thierry Gimenez, Julie Lerat-Gersant, Aliénor Marcadé-Séchan, Matthieu Rozé et Stéphane Wojtowicz écrit par Eugène Ionesco




Alors que La cantatrice chauve se joue sans discontinuer depuis des décennies dans le minuscule théâtre de la Huchette, c’est dans une grande salle du 13ème Art que l’on peut voir en ce moment cette même pièce de Ionesco. Ancien cinéma, ce nouveau théâtre a la dimension excessive des salles de multiplexes et, même si une partie de nombreux rangs de fauteuils est masquée par un rideau tombant des cintres, l’action se perd un peu, du moins dans la première partie de cette intrigue loufoque.
Mais de quoi s’agit-il ? Un couple, Monsieur et Madame Smith, de surcroît anglais - tellement anglais dans leur intérieur british, « so british » - s’ennuie dans un décor où est ton sur ton (le canapé, le revêtement de sol, le papier peint). Et que font-ils, Monsieur et Madame Smith ? Ils dispensent la conversation banale d’un couple qui s’ennuie, à tel point que l’ennui gagne aussi le spectateur. Bientôt, la conversation vire à l’étrange, au bizarre : les aiguilles des horloges tournent à l’envers et sonnent faussement les coups d’une heure fictive. Avec l’arrivée d’un couple d’amis (mais le sont-ils vraiment ?), les dialogues tournent à l’absurde : « comme c’est curieux, comme c’est étrange ! » dit l’un d’eux. « Nous nous sommes déjà vus et vous êtes ma propre épouse ». Car c’est là le fil que tire le texte de Ionesco : prendre des propose d’une banalité totale et les enfler jusqu’au grotesque.
Même si l’ouverture du rideau fait craindre un spectacle trop chic et glacé qui convient peu à un texte joué et rejoué, Pierre Pradinas et sa belle troupe de comédiens emportent rapidement le spectateur, la tornade de l’absurde ne laissant personne sur le carreau, et le rire fusant spontanément. Romane Bohringer campe une impeccable Madame Smith, même si le couple qu’elle forme avec Stéphane Wojtowicz met du temps à émerger. Monsieur et Madame Martin, les invités campés par Aliénor Marcadé-Séchan et Matthieur Rozé, sont déjantés à souhait et Julie Lerat-Gersant incarne Mary, la bonne un peu punk du couple Smith. Mention spéciale pour le capitaine des pompiers joué par Thierry Gimenez grâce notamment à son interprétation hilarante dans sa tirade retraçant une anecdote interminable mettant en jeu des personnages en relation les uns avec les autres. Et la cantatrice chauve dans tout ça ? On peut dire qu’« elle se coiffe toujours de la même façon ».....

E.R



 
 
 
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