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Les conquérantes

le  01/11/2017  

Mise en scène de Petra Biondina Volpe avec Marie Levenberger, Maximilian Simonischek, Rachel Braunschweig, Sibylle Brunner, Bettina Stucky et Peter Freiburghaus


Woodstock, Flower Power, Révolution Sexuelle: trois ans se sont écoulés depuis Mai 68 mais la vague de libération ne semble pas avoir atteint le petit village suisse d’Appenzell. En mère au foyer exemplaire, Nora ne conçoit d’ailleurs pas sa vie autrement. Pourtant, à l’approche d'un référendum sur le droit de vote des femmes, un doute l'assaille : et si elles s'affirmaient davantage face aux hommes ? A mesure que Nora propage ses drôles d'idées, un désir de changement s'empare du village, jusque chez les plus récalcitrantes…

Voilà un petit film d’origine suisse-alémanique qui ne fera pas polémique ni grand mal aux critiques comme aux spectateurs, c’est sûr ! Une production sans prétention, certes gentiment caricaturale mais néanmoins assez amusante, qui fait la part belle à la gente féminine helvétique – et à un féminisme naissant dans une contrée qui en était quasiment voire totalement dépourvue, notamment en 1971 ! - tout en racontant une histoire émouvante en grande partie vraie, celle de ce genre de « patelins » quelque peu fermés du reste du monde et composés essentiellement de paysans, entre autres situés dans le canton d’Appenzell Rhodes-Intérieures, qui furent les tout derniers villages, alors que nous sommes en 1991, à accorder le droit de vote aux femmes.
Certes, cela paraît surprenant, incroyable de nos jours mais ce fut un vrai miracle pour les personnes de sexe féminin, dans un pays qui se disait libre d’esprit et ouvert à tous, surtout aux « comptes » étrangers ! Quoi qu’il en soit, la réalisatrice Petra Biondina Volpe (Traumland) nous raconte les aventures de quelques épouses plus ou moins « malheureuses » aux prises avec leur mari et en quête d’émancipation, et cela en pleine période de libération sexuelle, dans un bourg corseté et macho qui tente de museler le suffrage féminin sur le point d’exprimer enfin son opinion haut et fort. Il faut savoir que celles-ci ne pouvaient rien faire sans l’aval de leur conjoint, dixit explicitement la loi « switzerlandaise » en ce temps-là.
Bref, une agréable reconstitution dans une bonne ambiance décontractée, autant matriarcale que patriarcale d’ailleurs, le tout sur fond de grèves « temporaires » pour prendre enfin la parole, afin d’avoir elles aussi le dernier mot à dire tout en commençant la lutte qui libérera définitivement toutes ces dames « oppressées », limite « opprimées » ! Composé d’actrices – et un peu d’acteurs tout de même ! – inconnus chez nous, ce long-métrage en forme d’hommage, et riche d’infos de l’époque dépeinte ici, fait partie intégrante de l’Histoire suisse que l’on connaît mal et qui devrait réjouir toutes celles qui se battent encore sur Terre pour faire reconnaître leurs droits égalitaires les plus fondamentaux (tel que celui d’être élue au niveau fédéral)....

C.LB



 
 
 
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