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Sans rancune (jusqu’au 23 juillet)

le  20/05/2023   au théâtre Hébertot, 78bis boulevard des Batignolles 75017 Paris (du mercredi au samedi à 20h30, mâtinées samedi et dimanche à 16h)

Mise en scène de Jeoffrey Bourdenet avec Thierry Beccaro, Julien Cafaro, Marie Parouty, Mathieu Birken et Marie Coutance écrit par Sam Bobrick et Ron Clark (adapté par Jean Poiret)




Le très regretté Jean Poiret, acteur, réalisateur, auteur, humoriste, metteur en scène et scénariste, avait un sacré flair pour débusquer les bonnes oeuvres, dont certaines d’origine anglaise comme celles de Ray Cooney, qu’il fallait absolument adapter sur une scène française dans la langue de Molière. Non content d’avoir été l’une des grandes figures du théâtre de boulevard pour avoir écrit et interprété plusieurs pièces à succès (souvenez-vous de La cage aux folles, Joyeuses Pâques et Le canard à l’orange), il savait repérer et apporter cette petite touche irrésistible qui faisait toute la différence.
Si le script de sa toute dernière traduction reste assez similaire à beaucoup d’autres spectacles du même acabit - un chassé-croisé comique entre un mari, son épouse et son amant -, les rouages sont comme toujours impeccablement huilés entre ce trio désopilant à souhait de « gens civilisés », où tout est prétexte à la vantardise, la mauvaise foi, la lâcheté, l’égocentrisme, le ressentiment jusqu’à la paranoïa. Mais le plus important dans tout cela, c’est le choix des comédiens et le casting est à la hauteur de nos attentes avec entre autres un Thierry Beccaro odieux, arrogant et vantard comme ce n’est pas permis, pas délicat pour 2 sous et qui « ne va pas se laisser faire », un Julien Cafaro en ami plein de bon sens et drolatique au possible, sans oublier une Marie Parouty parfaite en « légitime » adultérine, éprise de liberté loin des convenances, alliant autorité et charme.
Malgré quelques jeux de mots un peu faciles voire légèrement redondants, ces rapports homme/femme tombent justes (« je n’ai pas de rancune, que de la mémoire ! »), arguments à l’appui (« je ne peux pas m’interroger, je suis trop intérieur ! »). Tout ce beau monde fonctionne à merveille dans un décor escamotable, se complaisant dans l’autosatisfaction et l’autodérision la plus complète, avec un chemin de rédemption plus ou moins chaotique, semé de harcèlements continus (même jusque dans le métro !), de raisonnements réfléchis envoyés du tac-au-tac, ainsi que de réquisitoires plutôt illuminés, poussés parfois jusqu’à l’excès. Bref, on ne s’ennuie pas pendant 1h30 devant ce « contentement » particulièrement rythmé !

C.LB



 
 
 
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