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Mârouf, savetier du Caire (jusqu'au 29 avril)

le  23/04/2018   au Opéra Comique, (les 23, 25 et 27/04 à 20h et le 29/04 à 15h)

Mise en scène de Jérôme Deschamps avec Jean-Sébatien Bou, Vannina Santoni, Jean Teitgen, Franck Leguérinel, Linel Peintre, Aurélia Legay, Valério Contaldo, Luc Bertin-Hugault et Hu Shao écrit par Henri Rabaud (livret de Lucien Lépoty)




Vous goûtez fort peu l’opéra ? Les tragédies lyriques dans lesquelles l’héroïne digne de la Castafiore met quinze minutes à mourir empoisonnée à grand renforts de volutes sonores, vous insupportent ?
Mârouf, savetier du Caire est donc fait pour vous : cet opéra présenté actuellement à l’Opéra Comique vous séduira, que dis-je, vous ravira au plus haut point !
De quoi s’agit-il ? Mârouf, savetier de son état, pauvre et harcelé par Fattoumah son épouse hystérique, s’enfuit un jour du Caire où il vit, sa femme ayant décidé de lui faire vivre un calvaire permanent. Après un long et périlleux périple en mer, il échoue sur les rivages de Käitan, et est recueilli par Ali, un prospère habitant de la ville qu’il reconnait comme son ami d’enfance. Ali l’habite somptueusement. Et malgré la méfiance du Vizir, l’avide sultan de Khäitan l’invite au palais. Evidemment, Mârouf rencontrera une belle princesse, Saamcheddine la fille du sultan, et la séduction mutuelle s’opérera…
C’est un conte chanté auquel on assiste là : œuvre en français mise en musique par Henri Rabaud sur un livret de Lucien Népoty, elle fut présentée pour la première fois à Paris le 15 mai 1914 dans ce même Opéra Comique où elle est donnée en ce moment. On trouve dans « Mârouf » toutes les composantes de ce que l’on appelait l’orientalisme, ce goût pour l’orient exotique qui régnait au début du 20ème siècle : les palais, les princesses, les chameaux, les souks…Même la musique cède souvent aux charmes du chaloupement oriental. En cela, la mise en scène de Jérôme Deschamps est fidèle à l’original, l’humour en plus. Il ne s’agit pas d’être réaliste mais d’entrainer le spectateur dans un conte et de ne pas le lâcher jusqu’à la fin. Ce n’est donc que foisonnement de costumes : les turbans sont démesurément grands, la robe de la princesse est comme une sorte d’immense meringue gonflée, les marchands ont sur la tête les symboles de leur commerce.
Marc Minkowski, grand chef d’orchestre, assure une partie musicale impeccable. Quant aux chanteurs, ils sont tout simplement fabuleux (eux aussi !) et leur bonheur de jouer et de chanter est absolument communicatif : il y a Jean-Sébastien Bou. Il ne joue pas Mârouf, il EST Mârouf. Son registre vocal est complet : impeccable dans les forte, il maitrise parfaitement les amortis, calmant la puissance de sa voix lors des airs plus piano. Vannina Santoni fait quant à elle une princesse impeccable. Souvent toute en retenue, comme le doit toute princesse, elle sait « lâcher les chevaux » dans des moments plus intenses. Jean Teitgen, de son côté, fait mieux que porter le turban du Sultan, sa voix est riche et pleine… On pourrait tous les citer mais on se contentera de mentionner également la voix de ténor pleine et puissante de Valerio Contaldo, qui incarne le fellah, paysan miséreux bientôt mué en magicien.
C’est un grand spectacle plein d’images, de musique, de danse, de couleurs et d’humour que ce « Mârouf » là ! On ne s’y ennuie pas une minute et l’on sourit tout le temps au spectacle de ce conte merveilleux. Le temps de cette parenthèse enchantée, on retrouve l’âme d’un enfant invité à découvrir l’orient fabuleux....

E.D



 
 
 
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