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Vous n’aurez pas ma haine (jusqu'au 14 avril)

le  28/03/2018   au théâtre de l’Oeuvre, 55 rue de Clichy 75009 Paris (du mercredi au samedi à 19h et dimanche à 17h30)

Mise en scène de Benjamin Guillard avec Raphaël Personnaz écrit par Antoine Leiris




Tout le monde se souvient de ce qu'il faisait ce soir-là, le vendredi 13 Novembre 2015. Tout le monde sait et saura toujours où il était, avec qui et dans quel contexte. Les tristes événements de ce jour-là se sont incrustés dans la mémoire de chacun, apportant avec eux la stupeur, l'horreur, le chagrin, la colère et tant d'autres émotions parfois difficiles à contrôler ou expliquer, tant nous n'étions pas habitué à cela. Pétrifié par l'idée même que l'on puisse commettre de tels actes, nos yeux ont parfois été rivés sur les écrans des heures durant à la recherche de la moindre information, qui pour se rassurer, qui pour trouver des réponses, qui pour espérer se réveiller d'un cauchemar monstrueux.
Antoine Leiris a été frappé de plein fouet par ces ignominies et c'est à l'écrit qu'il arrive à s'exprimer, à faire sortir les premiers mots de cet incompréhensible flot de sentiments qui le submerge. Sa lettre "vous n'aurez pas ma haine" se propage sur les réseaux sociaux comme une traînée de poudre. C'est une bouteille jetée à la mer, une volonté de se délester d'un trop plein d'émotions, pour lui permettre d'évacuer autant pour lui que pour son fils Melville. Ces mots reflètent les maux d'un homme, un mari, un père et d'un fils dont le bonheur à été fauché en quelques secondes.
Loin d'un texte larmoyant et plaintif, c'est une ode à la vie et à l'amour qu'Antoine Leiris nous envoi. Suite à cette lettre est né ce récit, ce parcours, ces histoires de rendez-vous et de formalités administratives dans un moment de douleur immense. Ce texte est une reconstruction. À deux, Antoine et Melville avancent vers cette inconnue, ce nouveau départ si déroutant où celle qui les guidait et les rassurait n'est plus. Une nouvelle vie où, en plus de la perte de cet être aimé, il faut vivre avec les circonstances et trouver comment, un jour, les expliquer à cet enfant de 17 mois. Ce texte, aussi émouvant que l'on puisse l'imaginer, ne fait pas que nous rappeler l'événement. Il nous embarque dans un instant devenu quotidien, dans la découverte d'un homme qui doit être à la fois père et mère, dans l'apprentissage d'un fils qui devra grandir sans l'amour d'une mère.
Ces mots, si forts, sont bouleversants autant par ce qu'ils disent que par la façon dont ils nous sont contés. Raphaël Personnaz nous retranscrit les maux et les mots d'Antoine Leiris avec une merveilleuse sincérité, une justesse incroyable, une sublime vérité. Il nous fait vivre chaque instant avec une précision d'orfèvre. On visualise sans difficulté, parfois même avec une certaine gène de venir perturber cette intimité. Outre ces mots et son conteur, tout est réuni pour faire de ce spectacle un très joli moment. La mise en scène, la scénographie et la musique sont autant de petites perles ajoutées à ce bijou. Chaque détail nous rappelle une situation et nous plonge au cœur d'un instant de vie. Une mise en scène délicate et précise pour témoigner sans offenser. Bouleversant et sublime à la fois ! Merci....

M.M



 
 
 
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