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Le verre d’eau (jusqu’au 24 avril)

le  27/03/2023   au théâtre La Reine Blanche, 2bis passage Ruelle 75018 Paris (les lundis à 19h)

Mise en scène de Yann-Joël Collin et Cyril Bothorel avec Cyril Bothorel écrit par Francis Ponge




Lorsque le nom de Francis Ponge est prononcé, peu de souvenirs remontent hélas à la surface, si ce n’est peut-être l’évocation d’un poète disparu en 1988. Alors, quand le duo Cyril Bothorel/Yann-Joël Collin nous invite, l’un comédien et l’autre metteur en scène, à un « spectacle burlesque » sur la base de textes de l’auteur susmentionné, on est poussé par le goût de la découverte.
C’est avec une longue adresse au public que le spectacle débute : « alors, c’est fait, nous voilà enfermés les uns avec les autres ». Le comédien balaye les spectateurs de son regard aiguisé, dans lequel pointe l’ombre du sourire d’un clown littéraire. Et là, peu à peu, la mécanique se met en place : l’exégèse pongienne fait son œuvre. Les choses prennent vie, tel cet arbre à qui l’on coupe une branche et qui, tout étonné, reconnait le bois dont il est fait dans le manche de la hache qui l’abat.
Car, Ponge c’est cela, la petite poésie des choses apparemment négligeables, qui prennent soudain une importance démesurée. Personnification aidant, les choses n’en sont plus vraiment, habitées qu’elles ont d’une douce vie intérieure. Le comédien en est le porte-parole et l’interprète. Un hommage est d’ailleurs rendu aux objets en général, ces choses qui « se taisent ». Et voilà le spectateur invité à faire « une minute de silence en hommage au mutisme auquel les choses sont astreintes »
Pour souligner un texte très économe d’effets, le comédien ne les ménage d’ailleurs pas, ces silences dont il vient nimber la prose du poète. Quel rapport donc avec « le verre d’eau », titre du spectacle ? Il est simple ! Le verre d’eau est en effet le principal « héros » de cet étrange spectacle. Le voici donc qui apparait « un verre plus qu’à moitié plein de lui-même ». « Il y a une sorte de travail dans le verre de vin qu’il n’y a pas dans le verre d’eau », ajoute ainsi l’auteur dans la bouche du comédien.
C’est ainsi une douce poésie qui nimbe la salle du Théâtre de la Reine Blanche, et, même si l’on goute peu la partie animalo-clownesque du spectacle, seul ajout au texte de Ponge, on sort de la salle le sourie aux lèvres. On osera qualifier ici, le « verre d’eau » de spectacle… rafraichissant.

Eric Dotter



 
 
 
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