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Barbe-Bleue (au théâtre du Chêne Noir à 21h10 à Avignon du 07 au 29 juillet)

le  27/02/2023   au sein de l’Artistic Théâtre, 45 rue Richard Lenoir 75011 Paris (du mardi au samedi à 20h30, mâtinées samedi à 17h et dimanche à 15h) puis à Avignon (jusqu'au 29/07)

Mise en scène de Frédérique Lazarini avec Pierre Forrest, Lola Zidi, Cédric Colas et Helen Ley écrit par Amélie Nothomb


*diffusion sur Aligre FM le jeudi 9 mars à 11h50-55

Nombreuses, les jeunes filles se pressent en file indienne pour répondre à une petite annonce. Il faut dire que l’offre est alléchante : chambre en colocation dans un château pour une modique somme. Peu importe donc que les 8 précédentes occupantes des lieux aient précédemment disparues. Au contraire ça pimente un peu les choses pour les jeunes filles en quête d’aventure.
Fraichement arrivée de Belgique, Saturnine est presque la dernière à prendre sa place dans la file d’attente : « vous serez choisie » lui dit-on. Et c’est effectivement ce qui se passe. Après un bref entretien avec le maître des lieux, Don Emilio Nibal Y Milcar, l’affaire est entendue. Le noble espagnol qui vit en quasi-ermite en compagnie de Mélaine, son serviteur, sait que c’est Saturnine qu’il veut chez lui. Pour Saturnine, peu importent les histoires qui courent concernant les mystérieuses disparitions : « je n’ai pas peur de vous », dit-elle à Don Emilio. « Vous avez raison, je ne suis pas dangereux », réplique l’inquiétant homme qui s’avoue plutôt émotif.
Malgré son aspect d’ogre, Don Emilio a la séduction surannée de celui qui vit hors du temps et avoue comme activité principale le fait « d’être espagnol et digne à plein temps ». La colocation semble se dérouler à merveille malgré l’étrangeté des lieux. Le champagne coule à flots dans les coupes lumineuses et les mets délicieux apparaissent comme par magie sur la grande table. La séduction s’opère entre l’imposant aristocrate et la jeune femme. Mais le mystère plane autour d’une pièce, cette mystérieuse chambre noire dans laquelle Don Emilio dit développer ses photos et dans laquelle Saturnine à l’interdiction formelle de rentrer. Saturnine cédera-t-elle à la tentation, sera-t-elle la 9 ème disparue ? On laissera bien entendu aux spectateurs le soin de le découvrir.
C’est sous la forme d’un conte que Frédérique Lazarini met en scène cette adaptation de Barbe bleue, le roman d’Amélie Nothomb, lui-même tiré du « Barbe bleue » de Charles Perrault. Magie, apparitions, disparitions, musique et lumières, tout concourt à plonger le public dans un univers fantasmagorique. Pierre Forest compose un Don Elmiro parfait : son physique d’ogre imposant contraste avec sa classe et sa douceur et l’on comprend la séduction que peut exercer ce bien inquiétant personnage. On émettra une légère réserve sur le jeu de Lola Zidi qui incarne Saturnine mais son interprétation devrait s’affiner avec le temps (nous étions en effet présents à la première). « Barbe bleue » offre ainsi un spectacle pour adultes de tous âges. Après le conte de Perrault et la relecture d’Amélie Nothomb, voici une relecture distrayante et exigeante d’un classique absolu parmi les nombreux contes existants.

Eric Dotter



 
 
 
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