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Pauline Maisonneuve dans Paumée

le  08/03/2023   au théâtre Pixel, 18 rue Championnet 75018 Paris (les lundis 13, 20, 27 mars et 03 et 10 avril à 20h30 et à l'occasion de la Journée Internationale des Femmes le mercredi 8 mars à 21h)

Mise en scène de Etienne Ghilard avec Pauline Maisonneuve écrit par Pauline Maisonneuve




La jeune femme hésite un peu avant de rentrer sur la petite scène du théâtre Pixel : est-elle timide ? Non, apparemment pas comme le révèlera la suite de son spectacle. Pour ses débuts sur scène, Pauline Maisonneuve a en effet choisi d’y aller franco. Armée de son Yukulélé, elle nous susurre un « je m’aime par tous les trous », qui sert de phrase introductive et de carte de visite. Nous voici prévenus, le show sera décapant et très ouvertement féministe.
Mais spectateurs, ne fuyez pas ! La jeune comédienne ne fait pas partie de celles voulant éradiquer le sexe masculin, « le problème n’est pas que ça existe pour les hommes", dit-elle ainsi, "c’est que ça n’existe pas pour les femmes ». L’homme doit-il être pour autant rassuré par les propos apparemment conciliants de la jeune femme moulée de manière très suggestive dans une robe chaussette, incarnation écarlate de la féminité ?
Pas forcément, car la comédienne nous l’avoue au détour d’une phrase : « je me remémore tous les coups dans les boules que j’ai donnés, en CM2, c’était une passion ». A cette pensée le spectateur se recroqueville et se prépare à l’une de ces répliques piquantes dégainées au fil de son show. Mais la demoiselle a plus d’un tour dans son sac, et c’est travestie en homme caricatural qu’elle apparait bientôt, un homme ayant pleinement conscience de la virilité enfouie dans son pantalon, juste pour tester ce que ça fait d’avoir un corps d’homme ne serait-ce qu’un moment.
Alternant répliques acérées souvent drôles malgré un usage peut être abusif de la grossièreté, et scènes visuelles, Pauline Maisonneuve arrive à faire exister une galerie de personnages. On choisira chacun le sien. L’auteur de ces lignes voue une tendresse particulière à la galerie des « anciennes », sorte d’hommage aux pionnières du féminisme. Dans le difficile exercice que constitue le seule en scène, forme unique de se présenter au public lorsque l’on débute, la comédienne parvient à être foncièrement originale en abordant le féminisme, un thème à l’affiche de nombreux théâtres en ce moment.
Le spectacle n’est pas encore parfait mais il augure d’un talent non seulement d’interprétation, mais aussi d’écriture. Le fond et la forme coexistent ici, proposant un spectacle distrayant mais offrant aussi matière à réflexion. En conclusion de son spectacle, on ne peut qu’applaudir son adresse aux hommes « soyez nos alliés ! ». Et un large sourire se dessine sur le visage du spectateur mâle lorsqu’elle poursuit son invitation « allez chercher bien profond le respect des femmes que vous avez enfoui au plus profond de vous pour avoir l’air virils ».

Eric Dotter



 
 
 
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