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La tempête

le  27/01/2023   au théâtre de la Huchette, 21 rue de la Huchette 75005 Paris (du mardi au samedi à 21h)

Mise en scène de Emmanuel Besnault avec Jérôme Pradon, Marion Préïté et Ethan Oliel écrit par William Shakespeare


*Diffusion de la chronique jeudi 2 février vers 11h50 sur 93.1 et aligrefm.org

Prospero, duc de Milan et magicien, est très énervé : son frère Antonio lui a piqué son fief et, avec l’aide d’Alonzo, roi de Naples, il l’a envoyé en exil sur une île déserte en compagnie de sa fille Miranda. Pour se venger, 12 ans après (sa vengeance a certes refroidi mais reste vivace), alors que le bateau de son frère passe à proximité, Prospero demande à Ariel, l’esprit du vent acquis à sa cause, de déclencher une violente tempête. Résultat : le bateau d’Antonio se fracasse sur l’ile et tout son équipage, qui survit au naufrage, se retrouve sur l’île de l’exil.
Et ils ne sont pas seuls : sur l’île, il y a aussi Caliban, le fils difforme de la défunte sorcière Sycorax, qui a tenté d’attenter à l’intégrité de Miranda, la fille de Prospero, et qui s’est fait soumettre par Prospero (qui est magicien, rappelons-le !). Bref, un sorcier tout puissant, Ferdinand, le fils d’Alonzo, un jeune prince charmant, une jeune fille-Miranda- qui ne l’est pas moins, un esprit des vents, un mauvais esprit, une revanche qui se mue en, pardon, une union en vue, voici les ingrédients de ce qui fut une des dernières œuvres théâtrales de Shakespeare.
Comment faire tenir le souffle épique tout autant que violent de « cette tempête » sur le tout petit plateau du théâtre de la Huchette ? C’est la principale question à laquelle a dû se confronter Emmanuel Besnault qui a choisi de monter une version adaptée et resserrée de cette pièce. Disons-le tout de suite, le pari est presque entièrement réussi : nous étions à la première et ça marche ! Les trois comédiens, dont deux se répartissent 5 rôles, sont épatants, et les changements très rapides de costumes comme de jeu assez bluffants. A côté de Jérôme Pradon qui incarne la puissance élégante de Prospero, Marion Préïté passe de Miranda à Ariel en un éclair. Quant à Ethan Oliel, il incarne un Ferdinand déployé de toute sa hauteur, sorte de prince de Walt Disney un peu timide, tout en offrant un Caliban fort crédible, recroquevillé, grognant et menaçant.
On émettra cependant une réserve sur le côté « spectacle musical » de cette Tempête : autant la musique qui nimbe le spectacle est intéressante, autant les quelques parties chantées ne sont pas indispensables. Elles ne gênent toutefois aucunement le plaisir que l’on tire de ce spectacle. Scénographie, lumières, tout concourt au plaisir du spectateur. Et ce serait injuste d’exclure de cette réussite, le traducteur, Eric Sarner, qui propose ici une nouvelle version modernisée du texte. « Nous sommes de l’étoffe dont sont faits les rêves » : cette réflexion extraite du texte de la pièce, chacun des spectateurs de « la Tempête » pourrait la faire, tant ce conte entraine loin de la réalité…Une fois de plus, le pari est réussi ; à côté des indémodables « Leçon » et « Cantatrice chauve » programmées à la Huchette depuis 1957, le théâtre a su imposer une programmation de qualité en troisième partie de soirée !

Eric Dotter



 
 
 
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