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Patrick de Valette dans Hobobo (jusqu'au 30 décembre)

le  08/11/2017   au Ciné 13 théâtre, 1 avenue Jugnot 75018 Paris (mercredi et vendredi à 21h, jeudi, samedi et samedi à 19h, dimanche à 18h)

Mise en scène de Isabelle Nanty avec Patrick de Valette écrit par Patrick de Valette




S’il n’y avait qu’un terme pour qualifier Hobobo, le one-man-show de Patrick de Valette actuellement présentée au Théâtre Ciné 13, ce serait « énergie ». Le spectateur, mollement installé dans les fauteuils trop confortables de cet ancien cinéma installé au sous-sol dans un décor de palace de Montmartre, voit apparaitre un étrange personnage, cheveux longs sur un crâne dégarni, jambes nues et poilues dépassant de sa blouse blanche. Il reste muet, le visage juste agité de moultes grimaces, accédant à la scène à l’issue d’un étrange parcours depuis le fond de la salle, suivant le mur du doigt.
Ce personnage inquiétant, C’est le professeur Hubert Otaquet (orthographe incertaine !). Comme tout professeur, il va professer sur rien de moins que… la vie. « La vie, c’est quoi la vie.. ? », consent-il enfin à dire après avoir exhibé médaille et stylo 4 couleurs pour asseoir son autorité. S’ensuivra alors une véritable saga où Patrick de Valette, alias le professeur, incarnera ainsi successivement la cellule à l’origine de tout, puis la méduse, suivi de l’autruche… On parcourt ainsi la théorie de l’évolution à vitesse grand V. Vient ensuite l’Homme. Mais le récit est assez discursif et prend des libertés avec l’Histoire:
Patrick de Valette, accent toulousaine en bandoulière, s’autorise en effet à « faire un petit créneau, une marche avant, une marche arrière » dans son récit. Le public est rapidement associé à son récit, d’autant que cet ancien artiste de rue sait y faire : même si l’on reste un peu en retrait durant la première partie du spectacle (peut-être du fait d’une salle peu nombreuse et peu réactive ce soir-là !), son délire finit par tout emporter sur son passage et le rire vient spontanément. On retiendra particulièrement la leçon de yoga débutée par une danse frénétique, qu’il finira quasi nu, porté à bout de bras par les spectateurs hilares et devenus complices le temps d’une représentation.
Le récit est atypique mais bien construit. D’aucune manière, Patrick ne cède à la mode du one-man-show à sketches entrecoupé d’un « noir ». L’engagement physique de l’acteur dans son jeu est total. A aucun moment cependant son corps, qu’il exhibe volontiers assez dévêtu, ne gênera la pudeur du spectateur. On pense immanquablement à Django Edwards lorsqu’il apparait en string mais la comparaison s’arrête assez vite : là où ce dernier y allait au bulldozer, multipliant les effets du grotesque et proposant un délire ravageur, Patrick de Valette ne se départit jamais d’une certaine poésie et offre une douce folie à laquelle on finit par adhérer malgré soi. D’ailleurs, on n’en dit pas plus pour garder l’effet de surprise. Et l’on suggère d’aller voir Hobobo, pour -comme le dit si drôlement l’acteur - « retrouver son mammouth intérieur »....

E.D



 
 
 
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