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Scènes de la vie conjugale (jusqu'au 28 mai) puis en tournée du 11 décembre 2017 jusqu'au 18 février 2018

le  15/02/2017   au théâtre de l’Oeuvre, 55 rue de Clichy 75009 Paris (du mercredi au samedi à 21h, matinées samedi et dimanche à 17h jusqu'au 28/05) puis en tournée dans toute la France

Mise en scène de Safy Nebbou avec Laetitia Casta et Raphael Personnaz écrit par Ingmar Bergman




Qui n’a jamais vu ou entendu parler de Scènes de la vie conjugale, film du célèbre réalisateur suédois Ingmar Bergman sorti d’abord à la télévision en 1973 puis au cinéma en 1974, racontant quelques moments cruciaux de la vie d'un couple qui s’étendent sur une vingtaine d’années ? Œuvre magistralement écrite et superbement interprétée - notamment par Liv Ullmann -, au point d’ailleurs de remporter un Golden Globe du meilleur film étranger en 1975, il était donc tout naturel de la retrouver également jouée au théâtre, entre autres au Marstall à Munich en 1981, ainsi que sur plusieurs scènes du monde entier.
On la (re)découvre aujourd’hui sur les planches du théâtre de l’Oeuvre avec la participation de 2 formidables comédiens en les personnes de Laetitia Casta et de Raphael Personnaz : elle tour à tour humble, fragile, obéissante, soumise, sensible, sensuelle, perverse, malléable, généreuse, conciliante, raisonnable, émotive, apeurée, angoissée, bref, pas complètement épanouie et toute en retenue avant de s’endurcir ; lui cool, désinvolte, égoïste, faussement désolé, infidèle, peu respectueux, vaniteux, insupportable, voire sarcastique limite cynique, se comportant en salaud pulsionnel sans mauvaise (cas de) conscience avant de revenir après des années de séparation assez amère.
Les voir se déchirer à coups de lassitude, d’indifférence, de conflits et de violence autant verbale que physique, pour « mieux » tenter de se rabibocher entre plénitude et petitesse mais sans tendresse ni joie, est un exercice de haute voltige, passant de l’état d’impressions solides, « la grande chance de leur vie », à celui de souvenirs délités et d’échecs cuisants où l’on « se dit les choses franchement » tout en essayant de se libérer peu à peu de l’autre et inversement. Malgré un côté tout en lenteur et légèrement figé (très Bergmanien d’ailleurs !), on se surprend parfois à rire devant certaines aberrations narratives à travers ces chroniques douces-amères. Bien loin d’être caricatural, c’est la cruauté de leurs mots, propos et autres réflexions qui nous font ici et là sourire !
On pourrait tout à fait comparer ou se rattacher à notre propre expérience devant ces impressions révélatrices « vécues » par un couple (l’image que celui-ci renvoie en société et celle qu'elle est réellement), en le voyant se débattre tant bien que mal dans un désir passionnel qui s’atténue, et en comprenant les situations rencontrées qu’il traverse, sachant pertinemment que tous ces reproches et aveux, magistralement disséqués en filigrane, ne sont voués qu’à finir sans réconciliation possible. Un décor originalement épuré, des meubles qui glissent, une projection sur écran dévoilant en intro chacun des protagonistes, une petite musique douce et enveloppante, un huis clos sentimental à couteaux tirés, des dialogues ciselés avec précision, une ambiance lourde et dramatique, 2 interprètes au top aussi sincères et justes l’un que l’autre, et voilà un spectacle qui aurait certainement plu à son auteur, lui qui demandait seulement « de bien vouloir y consacrer une soirée de votre vie »....

C.LB



 
 
 
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