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Sorcières (jusqu’au 9 novembre)

le  28/09/2022   au théâtre de l’Atelier 1 place Charles Dullin 75018 Paris (mardi et mercredi à 19h plus le 03/11 à 19h)

Mise en scène de Géraldine Sarratta avec Aure Atika, Constance Dollé, Éyé Haïdara, Clotilde Hesme, Irène Jacob, Anna Mouglalis écrit par Mona Chollet




Il a souvent été reproché au théâtre d’être un art figé, hors sol, déconnecté des enjeux sociétaux. Alors, quand un spectacle se propose de défendre la cause des femmes en s’inspirant du récent ouvrage de Mona Cholet, « Sorcières, la puissance invaincue des femmes », on ne peut que se réjouir. Surtout lorsque l’on regarde la distribution de ces quinze représentations exceptionnelles rassemblant à L’Atelier comédiennes, musiciennes et chanteuses.
Le soir de notre venue (le 28 septembre), il y avait ainsi parmi les comédiennes Anna Mouglalis, Aure Atika et Clotilde Hesme, et côté musiciennes Anne Pacéo, batteuse de son état, et Mélissa Laveaux, la chanteuse musicienne canadienne au blues folk teinté de créole. C’est ainsi que la soirée commence par une douce mélopée chantée sur les boucles musicales concoctées par Anne Pacéo. Une mélopée qui monte en énergie et laisse présager de la puissance du spectacle à venir.
Intervient ensuite la partie problématique : le texte. Dans sa note d’intention, « Sorcières » s’annonce comme « plus qu’une lecture », « le spectacle consiste en une mise en correspondance d’extraits de l’ouvrage et de chansons, et de parties instrumentales qui répondent au texte comme un chœur antique et lui offre de nouvelles résonances ». Hélas, hélas, ce qui nous est présenté n’est ni plus ni moins qu’un collage d’extraits rassemblés sans invention aucune, classés de manière thématique au sein duquel s’intercalent des morceaux de musique en direct. Si les partitions musicales sont tenues avec force, côté lecture, c’est souvent hésitant, parfois catastrophique et peu convaincant, comme si les comédiennes n’avaient pas eu le temps de répéter.
On ne jugera pas ici de la thèse de Mona Cholet, qui extrapole la torture autrefois infligée aux sorcières, au traitement réservé de tout temps aux femmes « les chasses aux sorcières ont contribué à façonner le monde tel que nous le vivons ». Le spectacle égraine ainsi la manière dont « la société » stigmatise la femme en un traitement différencié : la femme face à la maternité, la femme face à l’âge… Même si les formules de Mona Cholet font souvent mouche « dans ma logique, ne pas donner la vie, permet d’en profiter », « sentiment d’obsolescence programmée », Sorcières est un spectacle absolument démonstratif, sans aucune ambition artistique. Seules les deux excellentes musiciennes sauvent de l’ennui.
Le fait de proposer un plateau à 100% féminin (devant un public qui l’est presque intégralement), et de présenter un propos féministe ne suffit hélas pas à faire un bon spectacle. Alors, Sorcières, un coup pour rien ? Presque. Pour ceux qui ne l’avaient pas lu, il permettra de découvrir l’ouvrage de Mona Cholet.

Eric Dotter



 
 
 
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