Vieux con

le  04/10/2022   au Café de la Gare, 41 rue du Temple 75004 Paris (tous les mardis à 21h)

Mise en scène de Philippe Sohier avec Christophe Alévêque écrit par Christophe Alévêque



Il suffit juste de dire « vieux con » pour qu’apparaisse dans l’esprit de celui à qui est adressé ce juron le spectre des années bien avancées, d’une personne revêche, dédaigneuse et rigide, de cette génération qui abuse des avantages liés à son « grand » âge, quoi que déphasée par les bouleversements de la vie moderne, plus vraiment à la page actuelle et nostalgique de la vie d’avant. Mais ce schnock-là n’a pas encore dit son dernier mot et, sous les traits de l’humoriste Christophe Alévêque, va nous lister tout ce qui ne va pas en ce bas monde.
Ce dernier se bat depuis des années au théâtre contre la bêtise humaine et ces derniers temps quelque peu tumultueux et anxiogènes lui apportent la preuve irréfutable qu’il avait raison de ne pas baisser les armes si vite. Devenu à nouveau père sur le tard, le voilà, lui « l’inconscient d’enfanter dans le monde actuel », bien en mal d’expliquer à sa jeune progéniture ce qui ne tourne pas rond chez nous : à lui donc de chercher et peut-être de trouver des solutions pour un monde meilleur, celui-ci étant bourré de contradictions, de confusions, de culpabilisations permanentes, de frustrations et de censures (« il faut que ce soit censurer pour que ça sorte de ma bouche ! »).
Puisque l’irrationnel est notre quotidien à tou.te.s et que c’est l’époque qui veut ça, raison de plus pour qu’il s’y engouffre et épingle tous les travers existants à ce jour, tel un exutoire salvateur ! Sans se plaindre ni jouer les victimes, l’homme devant nous sur scène n’a pas son pareil pour exprimer avec aisance, assurance, expérience, nuance et volupté, non dénué au passage d’un ton décapant, irrévérencieux, corrosif et décalé, ce qui le turlupine, passant rapidement du coq à l’âne tout en posant les bonnes questions (« Où est passé le plaisir, notre insouciance, notre âme d’enfant ? »).
Mais dans quel monde on vit ? On se le demande à la sortie tout en riant du très bon spectacle vu et hautement recommandé en cette période de sinistrose ambiante : aller le voir devrait être d’ailleurs considéré comme un acte citoyen !

C.LB