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Le Montespan

le  25/11/2023   au théâtre Actuel La Bruyère, 5 rue La Bruyère 75009 Paris (du mercredi au samedi à 21h et dimanche à 16h30)

Mise en scène de Etienne Launay et Laura Christol avec Salomé Villiers ou Marina Pangos ou Céline Espérin, Michaël Hirsch ou Étienne Launay ou Benjamin Bollen, et Simon Larvaron ou Benjamin Tholozan écrit par Jean Teulé


Molière 2022 de la révélation féminine pour Salomé Villiers

Louis Antoine Pardaillan, plus connu sous le nom de Monsieur de Montespan, est un homme bien malheureux. Joueur invétéré, mauvais en affaires, il accumule les dettes. Alors, quand il rencontre la superbe Françoise de Rochechouart de Mortemart, qui semble également un bon parti, il ne tarde pas à en faire Madame de Montespan.
Mais, hélas pour lui, cette dernière a ses entrées dans la cour, au plus près du souverain Louis XIV. Elle le rencontre bientôt en personne et le souverain, séduit par sa beauté et sa conversation tout autant que lassé de sa favorite alors en titre, en fait bientôt sa maitresse. Voilà qui devrait faire les affaires de Monsieur de Montespan.
Mais, hélas pour lui à nouveau, le bouillant gascon n’entend pas se laisser ravir sa ravissante épouse, et au mépris des intérêts financiers et nobiliaires liés à son statut de cocu de Cour, fera grand scandale pour faire falloir ses droits d’époux contre ceux du monarque absolu. On connait l’histoire : le roi, froissé des agitations de l’époux de sa favorite, le fera emprisonner puis exiler sur ses terres de Guyenne.
C’est la lutte entre pouvoir absolu et volonté d’un homme fou amoureux de récupérer sa moitié que narre « Monsieur de Montespan ». Tiré d’un livre à succès de Jean Teulé, la pièce raconte avec détails les efforts (vains) du cocu magnifique pour provoquer le roi : Carrosse noir surmonté de cornes, habits de deuil pour se rendre à la cour, Monsieur de Montespan a l’inconscience de sa folie amoureuse. Au moment d’être conviée à la Cour, son épouse l’avait pourtant prévenu : « ne me laisse pas y aller ».
Organisé en très, voire trop nombreuses séquences, le récit est souvent intéressant, instructif, sans être pédant. On reconnait la touche de Teulé qui, sans tordre les faits, y introduit ce qu’il faut de truculence. Ainsi, Louis XIV, lorsqu’il apprend avec irritation l’agitation que Monsieur de Montespan cause en Cour, annonce : « je baise sa femme, que pourrais-je faire de plus pour lui ? »
Trois comédiens endossent les innombrables rôles de cette pièce à contexte historique. C’est souvent très réussi (on retiendra notamment l’intervention du roi d’Espagne, enfant dégénéré et totalement stupide) mais c’est parfois peu convaincant, tant la multiplication des accents liés à chacun des personnages est inévitablement caricaturale. On est également réservé quant au décor fait de toiles sur lesquels sont projetés des motifs.
A la fin de cette pièce qui trouve difficilement sa conclusion, on reste cependant séduit par l’ambition de la troupe qui réussit avec énergie à séduire un public nombreux, et l’on sort avec le sentiment d’avoir appris quelque chose de la grande Histoire en assistant au récit d’une « petite histoire ».

E.D



 
 
 
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