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Le visiteur (jusqu’au 17 décembre)

le  08/09/2021   au théâtre Rive Gauche, 6 rue de la Gaîté 75014 Paris (du mardi au samedi à 21h et dimanche à 15h sauf le 02/11)

Mise en scène de Johanna Boye avec Sam Karmann, Franck Desmedt, Katia Ghanty et Maxime de Toledo écrit par Eric-Emmanuel Schmitt




Que vous croyez ou non, que vous ayez la foi ou pas, cela n’a aucune importance pour apprécier à sa très juste valeur cette magnifique pièce écrite par le non moins excellent Eric-Emmanuel Schmitt ! Qu’elle se déroule à Vienne en 1938, non plus, bien que de ce côté-là, elle puisse apporter une certaine justification à ce qu’elle va nous dévoiler ! Mais qu’elle mette face à face 2 « sommités » du siècle dernier – Docteur Freud, l’un des plus grands esprits du XXème siècle et un « visiteur » (un admirateur, un névrosé, un fou échappé d’un asile, un mythomane, ou bien un imposteur ?), et qu’elle permette de les voir s’affronter verbalement, c’est là tout l’intérêt et toute la subtilité de ce spectacle particulièrement bien écrit.
On doit se rendre à l’évidence, outre la plume à la fois claire et nuancée de l’auteur (avec une petite pointe d’humour voire de cynisme typiquement juif !), qu’on doit ce grand divertissement également au jeu parfait des comédiens (un vrai régal !), autant Sam Karmann en psychanalyste émérite que – et surtout - Franck Desmedt (vu dernièrement dans Adieu Monsieur Haffmann) en « cinglé » brillant, l’atout principal et le trouble-fête en cette nuit d’illusions comme de bluffs et de doutes. Qui est-il ? Vous donner le nom de ce drôle d’individu gâcherait à coup sûr l’effet de surprise tant escompté, mais sachez tout de même que sa présence remettra en cause pas mal de choses chez le premier !
Dans un décor bourgeois d’époque plutôt sombre (et pour cause !), évoluent le bien (notamment sous les traits de la fille du docteur) et le mal (représenté par un officier de la Gestapo), des dialogues justes et percutants (« ce qui rend un juif dangereux, c’est qu’on ne sait pas si on en est un ! »), ainsi que la satisfaction » hallucinatoire » d’assister à une œuvre magistrale de réflexions, d’orgueil, d’accusations, d’(in)certitudes, de « fausses » promesses, sans oublier de « conversions », le tout teinté de fantastique. C’est sans aucun doute grâce à tout cela que voilà une très belle rentrée théâtrale qui s’annonce !

C.LB



 
 
 
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