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Rouge (jusqu’au 22 décembre)

le  18/09/2019   au théâtre Montparnasse, 31 rue de la Gaîté 75014 Paris (du mardi au samedi à 21h et matinée samedi à 17h30)

Mise en scène de Jérémie Lippmann avec Niels Arestrup et Alexis Moncorgé écrit par John Logan (adaptation de Jean-Marie Besset)




Rouge : rien de plus énigmatique qu’un titre de pièce avec un nom aussi court et peu explicite que celui-ci. Pourtant, il s’agit d’une couleur capable de bien des tonalités et autres nuances autant visuelles qu’orales d’ailleurs, et le décor, ouvert dès notre entrée dans la salle du théâtre, celui d’un grand atelier de peinture, en est une preuve irréfutable. Nous voilà donc dans l’antre d’un artiste, maître de renom et sans compassion, qui vient d’engager non pas un élève mais un assistant plutôt immature, un aide à tout faire sauf de peindre, un souffre-douleur en perspective. Et ce dernier va devoir endurer pendant 5 actes une sorte de long et douloureux examen de passage de la part de son employeur totalement imbue de sa personne.
Niels Arestrup est ce « drôle » de professeur, magistral d’égocentrisme, de suffisance, de prétention, de vanité et de tyrannie, donnant une sacré « leçon » (d’histoire) de l’art afin de tenter de rabaisser le caquet de sa victime qui va petit à petit se révolter pour mieux s’émanciper. Si Niels Arestrup s’octroie les meilleures tirades, les plus belles réparties et les meilleurs solos (celui du restaurant notamment), son partenaire Alexis Moncorgé (le petit-fils de Jean Gabin) n’est pas en reste non plus, loin de là, parfaitement à l’aise dans la peau du bouc émissaire qui peu à peu prend de l’assurance et s’ouvre à la peinture devant nos yeux (il exécute une immense toile sur scène).
Il est bien sûr question de peinture - et plusieurs grands noms sont cités abondamment pendant toute la durée du spectacle - mais là n’est pas l’unique intérêt du sujet ô combien passionnant, plus axé sur les approches, les méandres et les réactions que peuvent avoir un artiste face à son œuvre, s’interrogeant continuellement sur la pertinence, le bien fondé et la portée de telle représentation ou de telle expression créatrice. Et les nombreux jeux de lumière projetés sur quelques tableaux suspendus - à la manière Pierre Soulages - intensifient quelque peu ces propos. On n’en sort pas forcément plus critique à l’encontre de ces fameux barbouilleurs et illustres noircisseurs mais avec le sentiment d’avoir appris quelque chose sur la psychanalyse névrotique de ces « rougisseurs » bien souvent trop sûr d’eux...

C.LB



 
 
 
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