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Madame de la Carlière (jusqu’au 03 novembre)

le  03/09/2019   au Lucernaire, 53v rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris (du mardi au samedi à 20h et dimanche à 17h)

Mise en scène de Hervé Dubourjal avec Caroline Sihol et Hervé Dubourjal écrit par Denis Diderot




Mettez deux comédiens en scène, faites-leur échanger des propos d’un auteur classique, ajoutez-y quelques accessoires et un éclairage, et vous obtiendrez le profil type d’un spectacle souvent montré au public parisien ! Alors quand débute Madame de La Carlière actuellement joué au Lucernaire, un air de déjà-vu pointe forcément.
Sur scène, un homme et une femme, bourgeois, sortant apparemment d’une fête mondaine ou s’y trouvant encore, amants ou amis (on ne le saura pas), devisent et font gaiement le récit de la rencontre entre Madame de La Carlière et le chevalier Deroches. C’est l’occasion de faire la connaissance de cette femme, indépendante d’esprit, attachée à son sa liberté mais farouchement soucieuse de l’égalité avec l’homme qu’elle aime : « vous allez être tout pour moi, mais il faut que je sois tout pour vous ».
Le récit passe de l’un à l’autre des comédiens, l’un complétant le propos de l’autre. Et la langue est parfois belle, au point que l’on note des formules à la volée, comme par exemple « La présence de Dieu est moins redoutable que le jugement de nos semblables ». C’est que le chevalier Desroches n’a pas eu la fidélité demandée par Madame de La Carlière. Elle décidera donc de se tenir à son engagement et de se séparer de son amant, de manière fort élégante et amicale, ce qui la plongera néanmoins dans un profond désespoir auquel succéderont nombre de malheurs qui toucheront l’amante déçue et trompée. La rumeur fera son œuvre et le tribunal de l’opinion publique condamnera bien vite le Chevalier en lui imputant les malheurs survenus.
Madame de La Carlière est en effet une pièce sur un phénomène que nous connaissons bien : celui de la rumeur (le « buzz » dit-on aujourd’hui) qui nait, enfle et explose telle une bombe. Au 18ème siècle, il a fait une victime devenue fameuse : le Chevalier de La Barre condamné et exécuté pour avoir prétendument commis des actes blasphématoires et sacrilèges à l’encontre d’un crucifix. Si le propos est hélas actuel, la langue de Diderot a vieilli et le spectateur lutte parfois contre l’ennui procuré par un texte plus fait pour être lu que pour être joué.

E.D



 
 
 
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