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Les enivrés (jusqu’au 21 octobre)

le  19/09/2018   au théâtre La Tempête, route du Champ-de-Manœuvre 75012 Paris (du mardi au samedi à 20h et dimanche à 16h)

Mise en scène de Clément Poirée avec John arnold, Aurélia Arto, Camille Bernon, Bruno Blairet, Camille Cobbi, Thibault Lacroix, Matthieu Marie et Mélanie Menu écrit par Ivan Viripaev




Sur la scène des « Enivrés », on titube beaucoup. Les corps toujours prêts à tomber se rattrapent de justesse évitant la chute, dessinant ainsi une chorégraphie instable. Sur un plateau circulaire et rotatif, on assiste ainsi à une succession de scènes mettant en jeu des personnages qui ont en commun d’être ivres.
Il y a ainsi le trio : l’homme, sa future femme et son ex qui dialoguent, ou du moins tentent un dialogue rendu totalement chaotique par l’abus de boisson. Il y a aussi le diner entre amis qui tourne mal, l’un des convives restant bloqué sur une des remarques que lui a fait l’un de ses comparses. Ce sont ainsi 14 personnages, dont deux bardes ponctuant l’action comme dans un drame antique, qui vont ainsi défiler et décliner l’ivresse sous différentes formes.
Le dispositif est très original : le plateau tourne soit lentement, pour passer d’une scène à l’autre, soit rapidement, accentuant encore le déséquilibre de ces enivrés d’occasion. Les comédiens sont excellents et jouent avec talent différents personnages successifs, tirant plusieurs jeux de l’orgue de leur talent. Le décor est très soigné et évite la surcharge, permettant de se concentrer sur l’action. La musique et la lumière plongent le nombreux public présent dans une atmosphère irréelle, comme dans les brumes de l’alcool.
Parmi les scènes marquantes, on note ainsi l’enterrement de vie de jeune homme, permettant aux comédiens, tous travestis et passablement avinés d’explorer la large palette de leur jeu. La mystique divine est souvent présente « j’entends le chuchotement du Seigneur » dit l’un des personnages. Le défaut majeur du spectacle est cependant le texte, qui, de redite en répétition, tourne souvent en rond.
Alors, si, comme le dit un autre intervenant de la pièce, « le Seigneur parle au monde au travers des Enivrés », le texte coule de la bouche des protagonistes comme le vin qu’ils absorbent, à grandes goulées. Le spectateur sort ainsi de ce « show » presque conquis mais groggy sous ce flot de propos désordonnés, finalement presque aussi saoulé que ceux qui jouent dans la pièce.

E.D



 
 
 
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