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Les mots pour le dire

le  17/09/2018   au théâtre l’Archipel, 75010 Paris (du jeudi au samedi à 19h30 – salle rouge)

Mise en scène de Frédéric Souterelle avec Jade Lanza et Françoise Armelle ainsi ques les voix de Daniel Mesguich, Grégory Laisne, Frédéric Souterelle et Mélanie Paillié écrit par Marie Cardinal




Ce fut tout d’abord un roman autobiographique devenu un best-seller grâce à sa portée historique et fondatrice sur la condition féminine à l’aube des années 60, puis un film adapté au cinéma par José Pinheiro avec Nicole Garcia et sorti en 1983, et maintenant une pièce de théâtre. Si la mise en scène, particulièrement épurée ici à part quelques rares jeux de lumière et autres petits accessoires, change du tout pour le tout entre ces 3 « réalisations », le propose lui reste toujours le même, celui du parcours physique, moral et psychologique quelque peu chaotique voire plutôt difficile d’une jeune adolescente puis d’une femme avant mai 68.
L’histoire de cette fille maltraitée, abîmée et traumatisée, issue de parents divorcés qui, passée la trentaine, tente enfin de prendre de la distance avec sa mère grâce à la psychanalyse, est un sujet on ne peut plus délicat à présenter, d’autant que plusieurs références intimes à des expériences plus ou moins bien vécues et souvent malheureuses peuvent resurgir chez certains spectateurs. Que ce soit l’angoisse, la peur et le sang lors de règles abondantes ou d’un curetage, ou alors le problème à essayer de se faire aimer d’une mère à la personnalité malsaine, au discours aigre-doux et aux réflexions parfois effroyables, aussi rancunière que revancharde, à la fois autoritaire, cruelle et cassante, le défi est grand pour une personne élevée à cette époque dans une ignorance bien pensante.
Jade Lanza et Françoise Armelle arrivent à transmettre ce passage de l’âge insouciant à celui plus adulte avec beaucoup d’intensité et de retenue, la première essayant de crever l’abcès avec le sourire tout en entretenant une haine en demi-teinte, prise au piège de la seconde, une « pauvre salope » manipulatrice certes à la présence passagère mais au ton bien cinglant. Une longue analyse (« 7 ans pour exister, pour se retrouver ») et une leçon de vie « abimée » sous forme de thérapie théâtrale profonde, pleine d’espoir (« une joie possible, un bonheur espéré ») et sans prétention – on se soigne comme on peut ! -, portées par un texte légèrement récité, qui aurait pu gagner en plus de fluidité et en un peu moins de silence...même si celui-ci « a un sens »...

C.LB



 
 
 
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