en 
 
 
cinema
Théâtre nouveautés festival   > actu <

 
 

- expo : Tacita Dean à la Bourse de Commerce (jusqu'au 18 septembre)

le  24/05/2023   au sein de la Bourse de Commerce, 2 rue de Viarmes 75001 Paris (ouvert du lundi au dimanche de 11h à 19h)

Mise en scène de Emma Lavigne, directrice générale de Pinault Collection avec des oeuvres inédites (films, photos, dessins, collages) écrit par ou plutôt proposé par Emma Lavigne


"L'ensemble des oeuvres de Tacita Dean ont été produites pour cette exposition. Chacune d'entre elles est chorégraphiée avec une grande sensibilité, comme en mouvement dans un cycle du temps. L'artiste s'est appliqué à nouer une relation avec le temps à travers des saisons et par forcément les 4 habituelles (savez-vous qu'il y en a 72 au Japon !).
Dans une première partie, Tacita Dean a créé un dialogue avec des figures tour à tour dessinées et photographiées. Grande voyageuse dans sa jeunesse (Grèce, Sierra Leone, Japon) mais ne se déplaçant presque plus suite à une maladie attrapée à l'âge de 25 ans, elle a décidé de créer des voyages immobiles, qui n'aboutissent pas, laissés au hasard de son imagination. Ses oeuvres voyagent à la surface et explorent des mondes sans humains ou alors qui ont été effacés après. On peut le remarquer notamment autour de son glacier imaginaire ("The wreck of hope" - le naufrage de l'espoir -, dessiné à la craie sur tableau), comme si ce tableau était en train de disparaître petit à petit sous nos yeux. On est dans un processus de fragilité et de bouleversement, en rapport avec l'actualité et les évènements de la vie de l'artiste.
Son travail se situe entre la taille des formats et son approche très artisanale. A travers ses photographies ("Même après l'hiver", prise près de Fukushima), Tacita Dean saisit la fugacité de cette saison avec la représentation d'arbres majestueux les plus vieux du Japon (entre 2000 et 2500 ans) comme s'ils étaient en suspension. Sur ses photos, elle a apporté un soin tout particulier aux arbres qu'elle surligne ou bien qu'elle peint. La mobilité de l'oeuvre est présente même si ce n'est qu'une photo. 4 oeuvres montrent les traces de ce qui reste, alors que 8 autres plus petites jouent la couleur ("Summer memory").
Dans une 2ème partie, Tacita Dean a créé une oeuvre spécifique pour la Rotonde de la Bourse de Commerce, un pavillon qui présente son film de 18 minutes - en réalité un diptyque projeté en même temps l'un à côté de l'autre et qui avance tout autour du lieu comme les aiguilles d'une pendule -, tourné en 35 millimètres. Avec ce film, l'artiste s'interroge profondément en créant sa propre temporalité sur un intervalle de 40 ans. Elle y montre des photos et des films comme dans un planétarium, dans lesquels elle entremêle ses propres souvenirs personnels avec des images tournées sur plusieurs années."


À partir du 24 mai 2023, la Bourse de Commerce — Pinault Collection invite Tacita Dean à présenter une exposition constituée d’œuvres inédites, conçue en résonance avec la saison « Avant l’orage », qui se déploie dans le musée depuis le 8 février. Il s’agit de sa première exposition d’envergure dans une institution française depuis celle présentée au Musée d’Art moderne de la Ville de Paris en 2003. L’ensemble des œuvres ont été spécifiquement réalisées pour son exposition « Geography Biography ».

Tacita Dean utilise le film, la photographie, le dessin, le collage. Son œuvre se distingue par l’attention qu’elle porte au temps, par l’invitation qu’elle lance au hasard, avec l’incertitude pour corollaire. À la dématérialisation des images, à leur consommation frénétique, l’artiste répond par la lenteur, par l’œuvre de la main, en réinvestissant, avec une patience appliquée, la matérialité de ces médiums et l’amplitude de leurs formats. À la craie, au pinceau, avec la pellicule analogique, à travers la photographie argentique, elle invite à faire l’expérience physique de l’œuvre, jouant des échelles, entre le monumental et l’infime, l’éternel et l’éphémère. Dans la Galerie 2, le temps géologique croise la fugacité d’une floraison : les temporalités contrastent pour mieux nous aider à saisir l’ineffable. Un dessin inédit, The Wreck of Hope (2022), de plus de sept mètres de long, reproduit un glacier millénaire à la craie : la fragilité de la matière rend à la fois délicatement et radicalement perceptible celle de ce géant du fond des âges périclitant. Des photographies Sakura (Taki I) (2022) et Sakura (Jindai I) (2023) montrent des sakuras, prunus japonais, dont les branches sont étayées pour soutenir leurs floraisons éphémères, symbole de la renaissance cyclique de la vie. En retouchant ces monuments au crayon de couleur, l’artiste expose autant leur vénérabilité que leur vulnérabilité. L’artiste montre ici ces immortels en voie de disparition, avec la force et la tension qu’aucune image d’actualité ne saurait contenir.

Dans l’orbe de la Rotonde, après la forêt en mutation de Danh Vo, Tacita Dean inscrit un pavillon circulaire, dessine un cercle dans le cercle, comme une éclipse. Sous l’ample panorama peint qui s’étire au-dessus des visiteurs et qui dépeint les projets d’expansion commerciale et coloniale de la France sous la Troisième République, l’artiste inscrit une géographie plus personnelle. Geography Biography (2023), film 35mm – produit pour cette exposition à la Bourse de Commerce – présenté par l’artiste dans cet espace mis au noir, dessine une cartographie autobiographique : les images filmées dans diverses parties du monde s’incrustent dans des cartes postales du 20ee siècle de sa collection, pour offrir des paysages recomposés, faire revivre des temporalités lointaines et rêvées, des fragments de vie et de mémoire de l’artiste. Ainsi le film 35mm présenté sous forme de dyptique, selon l’artiste, devient « une manifestation très physique du temps : vingt-quatre images par seconde. Quand on travaille avec un matériau physique, on a affaire à un temps physique, non à quelque chose d’hermétique ou de discontinu ».

-Tacita Dean :
Artiste en prise avec les notions de temps et de mémoire, Tacita Dean est née en 1965 à Canterbury (Royaume-Uni) et vit à Berlin (Allemagne) et à Los Angeles (États-Unis). Après une formation de peintre, elle travaille avec le dessin, la photo, le film. Depuis le début des années 1990, elle voyage à la recherche d’images et de sujets, elle convoque récits historiques ou fictionnels dans ses dessins, photographies argentiques et films 16 mm rompant avec toute approche académique. En faisant de ces supports les outils privilégiés de sa recherche mémorielle, elle mène également une réflexion sur les enjeux du médium analogique lui-même et ses défis de conservation.

Elle dit : « Je réalise que je ne sais pas ce qu’analogue signifie. Je me débats à essayer de trouver une définition. Analogue, me semble-t-il, est une description, en fait, de toutes les choses qui me tiennent à cœur. C’est un mot qui signifie proportion et ressemblance, et qui est, une représentation d’un objet qui ressemble à l’orignal ; pas une transcription ou une traduction mais un équivalent dans une forme parallèle : continuellement variable, mesurable et matérielle. Tout ce que l’on peut quantifier physiquement est analogue : la longueur, le poids, la tension, la pression. Les téléphones sont analogues ; les aiguilles d’une montre qui tourne en même temps que la rotation de la Terre sont analogues ; écrire est analogue ; dessiner est analogue. Même une rature est analogue. Penser aussi devient analogue quand cela est matérialisé dans une forme concrète ; quand cela est transmuté en lignes sur du papier ou en marques sur un tableau. C’est comme si mon état d’esprit était analogue quand je dessine : ma rêverie inconsciente se manifeste comme une impression sur la surface. »

Principalement reconnue pour ses films à l’atmosphère contemplative, souvent réalisés en plan séquence, l’œuvre de Tacita Dean est un véritable éloge de la lenteur. Ses œuvres sont conservées au sein de la Collection Pinault et ont été présentées pour la première fois en 2016 à l’occasion de l’exposition « Accrochage » à la Punta della Dogana, à Venise.

De décembre 2023 à mars 2024, Tacita Dean exposera au Museum of Contemporary Art (Sydney). Son travail a déjà fait l’objet d’expositions au Mudam (Luxembourg) en 2022, au J. Paul Getty Museum (Los Angeles) en 2021, au Kunstmuseum Basel en 2020, à EMMA (Espoo) en 2020, à la Glyptothèque Ny Carlsberg (Copenhague) et au Serralves Museum (Porto) en 2019, ainsi qu’à Londres – dans le cadre d’une trilogie d’expositions à la Royal Academy, la National Portrait Gallery et la National Gallery – en 2018, ou encore au Dia : Beacon (New York) en 2008.



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique