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- expo : Avant l'orage - collection Pinault à la Bourse de Commerce (jusqu'au 11 septembre)

le  08/02/2023   au sein de la Bourse de Commerce, 2 rue de Viarmes 75001 Paris (ouverture du lundi au dimanche de 11h à 19h, fermeture le mardi, nocturne jusqu’à 21h le vendredi)

Mise en scène de Emma Lavigne, commissaire de l’exposition avec plusieurs oeuvres très différentes écrit par ou plutôt proposé par Emma Lavigne, directrice générale de Pinault Collection


Une saison autour des oeuvres de la collection Pinault.

-Avec des œuvres exposées de :
LUCAS ARRUDA
HICHAM BERRADA
DINEO SESHEE BOPAPE
FRANK BOWLING
JUDY CHICAGO
TACITA DEAN
JONATHAS DE ANDRADE
ROBERT GOBER
DOMINIQUE GONZALEZ-FOERSTER
FELIX GONZALEZ-TORRES
PIERRE HUYGHE
BENOIT PIÉRON
DINEO SESHEE BOPAPE
DANIEL STEEGMANN MANGRANÉ
ALINA SZAPOCZNIKOW
DIANA THATER
THU VAN TRAN
CY TWOMBLY
DANH VO
ANICKA YI

*Deuxième temps de la saison Avant l’orage, une exposition est consacrée à TACITA DEAN (Rotonde et Galerie 2), à partir du 24 mai.

*À partir du 8 février, la Bourse de Commerce présente aussi un nouveau cycle dans ses 24 vitrines avec la proposition d’EDITH DEKYNDT.

De février à septembre, à la Bourse de Commerce, la Collection Pinault présente une nouvelle saison d’expositions. Intitulée «Avant l’orage», elle invite à un cheminement à travers des installations et des œuvres de la collection—emblématiques pour certaines, inédites pour d’autres—d’artistes qui métamorphosent tous les espaces du musée.

Sur fond de dérèglement climatique, dans l’urgence de notre présent comme dans l’œil d’un cyclone, cohabitent au sein de cet accrochage inédit l’obscurité et la lumière, le printemps et l’hiver, la pluie et le soleil, le jour et la nuit, l’humain et le non-humain... Ces paysages instables, saisis dans une ronde désynchronisée du temps, figurent de nouveaux écosystèmes dans lesquels le visiteur est invité à s’immerger.
Articulé en deux temps, cette saison thématique s’ouvre, le 8 février prochain, avec une installation monumentale et inédite de Danh Vo, créée pour la Rotonde, tandis qu’à la fin
du mois de mai elle est réactivée avec l’exposition consacrée à Tacita Dean, dans la Rotonde et la Galerie 2.

-LES SAISONS :
Alors que les calendriers ancestraux étaient conditionnés par les mouvements cosmiques, notre course effrénée au progrès et à l’abondance a irrémédiablement transformé notre environnement. Jadis grenier à blé de Paris, le bâtiment de la Bourse de Commerce fut à partir de 1889, dans le contexte de l’Exposition universelle, le témoin et l’acteur de l’accélération mondialisée des échanges commerciaux allant de pair avec l’expansion de la politique coloniale de la France sous la Troisième République et l’exploitation intensive des ressources de la planète. Le vaste panorama peint qui se déploie à 360 degrés symbolise une vision du monde, où les différents continents n’existent que dans leur capacité à fournir des denrées et à participer à cette dynamique commerciale. Les quatre territoires représentés, dans la tradition des grands décors peints du 19e proposent un spectacle, un voyage immobile, où la violence latente qui sous-tend ces échanges, traitée de façon pittoresque, répond à des désirs d’exotisme et de synthèse d’un monde ordonné selon les quatre points cardinaux et rythmé par l’enchaînement des saisons. Dans cette architecture de fer, de verre, de pierre et de béton qui pourrait tout aussi bien être celle d’une serre, une série de temporalités fugitives et contradictoires apparaissent et viennent dérégler cette ronde synchronisée du temps. Emanuele Coccia a souligné que «la saison est le moment où le climat est d’abord une donnée esthétique avant d’être un phénomène physique ou météorologique» et combien «le dérèglement climatique contemporain nous suggère que désormais les saisons ne se succèdent pas, l’une après l’autre, l’une à côté de l’autre, mais sont entrées l’une dans le corps de l’autre, s’intensifiant l’une l’autre au lieu de s’effacer.»1
Précédemment, Philippe Parreno transformait la Rotonde en un paysage estival héliotropique, animé et habité par la course du soleil. Il y faisait cœxister des œuvres, des temporalités, des climats, le présent d’un long été et le futur indéfini d’une saison à venir. [...]

-JARDINS SOMBRES :
Ce sont maintenant, au cœur de l’hiver, des zones plus obscures qui, de Diana Thater à Pierre Huyghe, d’Hicham Berrada à Danh Vo accompagnent le cycle de saisons en devenir et nous plongent dans des biotopes en mutations, des micro-territoires en gestation, baignés par une lumière tendant vers un crépuscule orageux. Présage d’Hicham Berrada immerge le visiteur dans un paysage en pleine transformation, nous fait prendre conscience de la beauté d’un monde au-delà de nos perceptions. Chernobyl de Diana Thater nous fait pénétrer dans un paysage irradié, théâtre apocalyptique et radioactif.

Le jardin sombre de Danh Vo fait rentrer par effraction, dans le cylindre de béton de la rotonde, en un écho à la toile marouflée, les témoins d’une nature malmenée.

Comme des corps blessés qu’il faut soigner, des branches d’arbres déracinés par les tempêtes sont soutenues par des architectures béquilles de bois pour leur faire maintenir leur verticalité. Le végétal tente d’y reprendre ses droits autant qu’il figure tout du délabrement du monde. Ces reliques fragiles de forêts sacrées tant elles sont menacées rappellent l’exploitation des vies comme des arbres de ces forêts profondes considérées comme autant d’«enfers verts» à éradiquer lors de la guerre du Vietnam. [...]

Dans l’escalier à double révolution résonne le bruit d’une pluie tropicale dont on n’aperçoit pas la moindre goutte. Raining (sound piece) de Dominique Gonzalez-Foerster fissure ainsi l’herméticité du lieu, à l’image de nos inquiétudes climatiques, qui deviennent de plus en plus difficiles à laisser à l’embrasure de nos consciences.

Entre «chien et loup», A Way in Untilled, restitue le site en jachère de Pierre Huyghe, excroissance chaotique dissimilée dans le compost du Karlsaue Park à Kassel, figurant le monde tel qu’il est vécu par les non-humains, des chiens aux insectes. A Way in Untilled est un espace-temps en devenir. Site entropique où le sol se soulève, où des résidus industriels contaminent la terre, où des fragments d’asphalte étouffent le végétal alors que des arbres déracinés se décomposent dans la boue, ce compost, cet endroit où l’on jette des choses mortes, lieu de la disparition de la stabilité, figure un nouveau territoire sémantique, où les éléments et les organismes se transforment dans de nouvelles possibilités de fertilisation du monde. [...] Untilled engendre une nouvelle saison, où l’obscurité scelle la pollinisation secrète des noirs tumulus de terre par les jaunes et magentas capiteux des plantes aphrodisiaques et psychotropes et l’alliance dysphylactique des formes du vivant, où comme dans la nouvelle Dysphylaxie de Primo Levi, cette symbiose, poussée à son paroxysme, dessine un univers surréalisant de semences, de germes et de ferments, où l’espèce humaine est devenue perméable aux règnes végétal et animal. A Way in Untilled ouvre la brèche à de nouveaux rites, où enracinés dans le sol, tributaires des errances du soleil, nous partagerions la condition des végétaux et de tous les vivants qui nous entourent.

Parfois, nous restons à la lisière de l’espace figuré, notamment face à Waterfall de Robert Gober qui met en scène une nature en trompe-l’œil dont nous sommes irrémédiablement séparés. Chez Lucas Arruda, ce sont de minuscules paysages mentaux, abolissant la frontière entre microcosme et macrocosme qui composent un univers fait d’indistinctions, où les ciels de poix, sfumati toxiques, laissent la place à des couleurs inventées, difficiles à discerner. L’artiste nous laisse en dehors de ces territoires autrefois immenses, comme ceux de l’Amazonie, ultime réservoir en sursis, dont il semble fixer, dans les glacis de ses petites vedute, comme un entomologiste épinglant un papillon entre deux feuilles de verre, le possible évanouissement. Ces paysages d’où l’homme semble s’être absenté dessinent une nouvelle cartographie, où l’humain est relégué à la périphérie et où de nouvelles et fragiles formes de vie peuvent encore advenir sur la terre dévastée par l’homme et sa quête de progrès. Ces paysages en transition sont aussi à l’œuvre chez Frank Bowling, dont le Texas Louise voit se déployer des territoires qui migrent, des cartographies atmosphériques, où l’horizon crépusculaire abrite une carte du double continent américain, flottant à la surface de la toile. La question du territoire chez Bowling, peintre guyanien formé à Londres, puis Américain d’adoption, n’est jamais neutre : elle dit quelque chose de la trajectoire de l’artiste, comme des traces laissées par l’histoire sur la chair du globe.

Cette question du paysage après coup hante la peinture de Thu Van Tran, tout à la fois organique, chromatique et vénéneuse dans les empreintes qu’elle dépose sur les surfaces du white cube à partir de voiles d’hévéas transformés en caoutchouc par l’exploitation coloniale en Amazonie et en Asie depuis la fin du 19e siècle, contamine l’espace en un écho au vaste panorama. Dans le travail d’Anicka Yi, ce sont les cocons végétaux qui accouchent d’insectes robotiques, brouillant la frontière entre le naturel et l’artificiel, à l’image du cyborg de Donna Haraway, chez qui s’annulent tous les dualismes issus de la modernité, pour mieux embrasser toutes les porosités entre les êtres: ces mutations s’annonçaient déjà dans les hybridations d’Alina Szapocznikow, où le corps humain se mêle au végétal et laisse transparaitre les mutations alchimiques de la nature qu’Emile Gallé, artiste herboriste, suggérait dans ses pâtes de verre, véritables herbiers aux patines inédites, au même titre que les peintures d’Anicka Yi. [...] Ces territoires obscurs en marge de ce qui est cultivé, à l’image du site composé par Danh Vo ouvrent la voie à ce que l’anthropologue américaine Anna Tsing envisage comme une troisième nature. Là où des forces vives, sauvages et férales, à l’image des matsutakes, ces champignons qui ne poussent que sur les sols dégradés par l’activité humaine, survivent dans un monde abîmé mais où, sans romantisme, nous pouvons encore cohabiter. [...]

-Dans la Rotonde : DANH VO - Tropeaolum, à partir de février 2023 (Commissariat: Caroline Bourgeois)

-La résidence Pinault Collection, à Lens :
Quatre artistes, anciens résidents, invités pour l’exposition Avant l’orage: Lucas Arruda, Hicham Berrada, Edith Dekyndt et Benoît Piéron.

Une collection, c’est un ensemble d’œuvres, mais c’est aussi un ensemble de relations aux artistes, un engagement à favoriser leur expression, à créer les conditions propices à la création. Fidèle au soutien constant et de longue durée qu’il manifeste aux jeunes artistes, François Pinault a souhaité qu’une résidence Pinault Collection puisse les accueillir—depuis 2015—dans les meilleures conditions de travail et de recherche, durant une année.

Le collectionneur s’est associé à l’ancienne région Nord-Pas-de-Calais et à la ville de Lens pour créer cette résidence dans l’ancienne cité minière. Edith Dekyndt, Lucas Arruda, Hicham Berrada et Benoît Piéron, dont les œuvres sont présentées à la Bourse de Commerce dans l’exposition Avant l’orage, ont tous été résidents.

Installée dans un presbytère désaffecté, réaménagé par Lucie Niney et Thibault Marca de l’agence NeM, elle a été inaugurée en décembre 2015. Lieu de vie et de travail, doté d’une bourse mensuelle, la résidence d’artistes permet d’offrir un cadre et un temps à la pratique artistique dans un lieu équipé pour la création. Le choix des résidents procède de la délibération d’un comité de sélection comptant des représentants de la Collection Pinault, de la Direction régionale des Affaires culturelles des Hauts-de France, du FRAC Grand Large, du Fresnoy-Studio national des arts contemporains, du Louvre-Lens et du LaM.

Depuis sa création en 2016, ont été accueillis le duo américain Melissa Dubbin et Aaron S. Davidson (2016), l’artiste belge Edith Dekyndt (2017), le Brésilien Lucas Arruda (2018), le Franco-marocain Hicham Berrada (2019), la Française Bertille Bak (2019-2020), L’artiste chilien Enrique Ramirez (2020-2021), puis le Français Melik Ohanian (2021-2022). Depuis septembre 2022 et jusqu’à la fin du premier semestre 2023.



 
 
 
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