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- expo : Du concret au quotidien de Jean Widmer à l'E.A.C. de Mouans-Sartous (jusqu'au 9 avril)

le  14/01/2023   au sein de l'Espace de l’Art Concret / Centre d’art contemporain d'intérêt national, château de de Mouans 06370 Mouans-Sartous

Mise en scène de Sandra Cattini, responsable de la collection design et arts décoratifs du Cnap, et Fabienne Grasser-Fulchéri, directrice de l'eac avec un ensemble d'oeuvres de Jean Widmer écrit par ou plutôt proposé par l'EAC et le Cnap




L’Espace de l’Art Concret (eac.) abrite la Donation Albers-Honegger appartenant au Centre national des arts plastiques (Cnap) et déposée à Mouans-Sartoux.
Le Cnap a récemment fait entrer dans sa collection des ensembles importants ayant trait au design graphique, dont notamment le programme d’animation touristique et culturelle pour les autoroutes de Jean Widmer ainsi que le fonds de l’association des Trois Ourses autour du livre artistique pour enfants.
Fort des liens que ces deux ensembles tissent avec l’art concret, il a paru évident à l’eac. d’inviter le Cnap à collaborer sur la conception de deux expositions successives, deux temps forts autour du graphisme et de la collection design du Cnap à l’Espace de l’Art Concret.

*Deux expositions à l’Espace de l’Art Concret, salles -1 de la Donation Albers-Honegger
Coproduction eac. / Cnap

-Jean Widmer : du concret au quotidien
Formé à l’École d’art appliqué de Zurich sous la direction de Johannes Itten, Jean Widmer (1929, - Suisse), est marqué par l’héritage du Bauhaus et de la Nouvelle Typographie. Il arrive en France dans les années 50 et y bouscule l’image publicitaire puis la photographie de mode en y introduisant l’humour, l’émotion et un traitement typographique quasi lettriste alors qu’il travaille pour différentes sociétés (de 1955 à 1969) en tant que directeur artistique (la SNIP - agence de publicité d’un groupe textile, les Galeries Lafayettes, puis le journal Jardin des modes).
Après cette période d’invention visuelle qui révolutionne l’image de mode et sa publicité, il fonde sa propre agence, « Jean Widmer », puis avec sa femme, Nicole Sauvage, « Visuel design Jean Widmer » et conçoit notamment de nombreux programmes d’identités visuelles pour de grandes institutions culturelles (le centre de création industriel – CCI, le Centre Georges Pompidou, le musée d’Orsay, l’Institut du monde arabe, La Galerie nationale du Jeu de paume, la Bibliothèque nationale de France, le Théâtre de la Colline, etc.) ainsi que le programme d’animation touristique et culturelle des autoroutes de France, pour lesquels il est devenu une figure emblématique du graphisme.

-EAC :
À l’occasion de l’entrée dans la collection du Cnap d’un ensemble de Jean Widmer relatant le processus d’élaboration du programme d’animation touristique et culturelle pour les autoroutes de France et de deux œuvres plus récentes, une peinture et la maquette d'une sculpture, le Cnap et l’eac. ont choisi d’explorer le lien qui unit l’art concret à son travail, et plus particulièrement cette œuvre de design industriel, monument du design graphique à l’échelle du territoire hexagonal qui a durablement marqué le paysage (visuel) français.
Ainsi, le fil rouge de l’art concret relie la commande des autoroutes - œuvre connue de tous, mais pas forcément identifiée comme telle par les non spécialistes - à ce qui lui a directement précédé, les affiches élaborées dès 1969 pour l’identité graphique du tout nouveau CCI, destiné à promouvoir le design au sein de l’Union centrale des arts décoratifs et avant qu’il ne rejoigne le Centre Georges Pompidou à son ouverture. Ces dernières entretiennent une proximité avec ses dessins, puis peintures et sculptures, moins connues et apparues à partir des années 90, quant à la vibration de la couleur en aplats et les formes synthétiques et contrôlées aux lignes nettes, sans hiérarchisation entre la forme et fond. Un lien jamais rompu avec l'esthétique de l'art concret zurichois, que Jean Widmer a tissé avec l’humilité de la voix du graphisme, voie qu’il a contribué à construire en s’attachant à « créer pour la vie de tous les jours » (JW).
En 1972, après avoir vu les affiches pour le Centre de création industrielle (le CCI) dans la presse, les sociétés d’autoroutes commandent à Visuel Design Jean Widmer une signalisation d’animation touristique et culturelle pour les autoroutes du sud de la France afin de rompre la monotonie des trajets en voiture tout en suscitant la curiosité de l’automobiliste pour l’espace naturel, le patrimoine artistique, architectural, industriel et urbain des régions traversées.
Il opte pour la création d’un langage universel, un système de pictogrammes traités en aplat blanc sur fond brun, adapté à la lisibilité requise à 130km/h et distinct de la signalisation réglementaire, sur fond bleu. Un système inspiré d’une autre écriture monumentale, celle des hiéroglyphes égyptiens. Tel un jeu de devinettes, ces animations jalonnent le trajet sous la forme énigme-solution où la question est posée par le pictogramme et la réponse donnée par sa légende environ 200m plus loin.
L’ensemble de documents concernant l’élaboration des pictogrammes réunis dans la collection du Cnap témoignent de la puissance du système graphique de Widmer pour les autoroutes, basée sur un processus de simplification formelle et de synthèse des signes caractéristiques d’un territoire (faune, flore, monuments, industries...), mais aussi d’une forme d’inventaire du paysage et de sa remémoration. La déclinaison du jeu de formes abstraites élémentaires aux couleurs contrastées des affiches du CCI avaient initiées ce principe de simplification et d’évocation.
Exercice d’épure et de rigueur, les pictogrammes ont développé ces principes de synthèse tout en se faisant l’écho de l’esprit de fantaisie de Widmer : le flegme décontracté du personnage allongé qui sera accompagné d’un arbre ou d’un parasol pour figurer, selon le contexte, le repos ; le détail de la ligne discontinue du terril des autoroutes du Nord ; Aix-en Provence et son mémorable cours Mirabeau, symbolisé par une travée bordée de platanes, auquel sera finalement préférée l’association des pictogrammes de thermes, de la fondation Vasarely et du festival de musique ; la synthèse impossible du foisonnant palais du Facteur Cheval à Hauterives ; celle surprenante du château de Grignan, comme tronquée par l’écrasante lumière du sud, etc.
La masse de pictogrammes réunis permet de percevoir les inflexions subtiles dans cet art de la synthèse, mais aussi la porosité d’une commande à l’autre, où des pictogrammes inspirent d’autres projets, tel l’inaltérable logo du Centre Pompidou, simplification visuelle de son bâtiment qui aurait pu faire partie de l’ensemble des autoroutes.
Innervant l'ensemble de l'exposition, les peintures et sculptures de Widmer témoignent d'un pan méconnu de son travail relevant directement de l'art concret. Elles contribuent à rendre perceptible la manière dont l'œuvre de Jean Widmer est habitée, quelle que soit la discipline dont relève chacune de ses œuvres, commande graphique ou pratique artistique, et de son art de passer du concret au quotidien.

-Les 3 ourses : du 30 septembre 2023 au 28 janvier 2024
L’association les Trois Ourses créée en 1988 avait pour objet principal l’éducation artistique des enfants en mettant le livre au centre. Les Trois Ourses ont parcouru durant 30 ans un chemin balisé par l’art, les livres et les enfants, nourri de la richesse du dialogue avec les lecteurs à la bibliothèque, à l’école et à la crèche.
Leur aventure est née du désir de trouver une place dans la création d’un livre, qu’il s’agisse du projet d’un artiste encore peu connu ou du livre oublié d’un artiste du XXème siècle. D’expositions en ateliers, de conférences en formations, Les Trois Ourses ont suscité quelques courants d’air dans la mise en valeur du livre, dans son lien au lecteur enfant et adulte.
D’années en années, de livres publiés en livres exposés, elles ont noué les fils que des artistes ont su particulièrement tisser avec l’enfance comme, pour les premiers d'une longue liste, l’américain Remy Charlip, l’italien Bruno Munari, le japonais Katsumi Komagata, mêlant pli, jeu et pédagogie. Artistes et designers ont permis de montrer comment le livre, dans ses trois dimensions, implique le corps du lecteur et comment le son des pages tournées peut résonner en nous comme une musique : Swing into books !
L'intégralité du fonds de l'association Les Trois Ourses est désormais conservée au Cnap. Principalement constituée à partir de ce fonds, l'exposition offrira une plongée dans l'imaginaire créatif et merveilleux de cette collection riche de nombreux ouvrages.



 
 
 
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