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- expo : 'Doucet et Camondo : une passion pour le XVIIIe siècle' au musée Nissim de Camondo (jusqu'au 3 septembre 2023)

le  16/03/2023   au musée Nissim de Camondo, 63 rue de Monceau 75008 Paris (ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 17h30)

Mise en scène de Juliette Trey, directrice adjointe du Département des études et de la recherche à l’INHA avec des œuvres d’art du XVIIIe siècle écrit par ou plutôt proposé par Juliette Trey




Les Arts Décoratifs et l’Institut national d’histoire de l’art (INHA) présentent, au musée Nissim de Camondo, du 16 mars au 3 septembre 2023, une exposition consacrée à la riche collection d’œuvres d’art du XVIIIe siècle constituée par Jacques Doucet.

Célèbre couturier et grand mécène Jacques Doucet (1853-1929) est aussi l’un des plus importants collectionneurs de son temps. Une sélection de dessins, photographies et documents d’archives conservés à l’INHA retrace l’histoire de ce prestigieux patrimoine. L’exposition dévoile les décors éphémères de l’hôtel particulier situé rue Spontini dans le XVIe arrondissement que Doucet fait spécialement édifier pour accueillir cet ensemble de tableaux, dessins, sculptures, meubles et objets d’art du XVIIIe siècle. Elle met en lumière les œuvres ayant appartenu à Jacques Doucet, conservées notamment au musée Nissim de Camondo, ancien hôtel particulier de Moïse de Camondo, tissant ainsi le lien entre ces deux grands collectionneurs.

Homme aux multiples facettes, grand couturier, fondateur de la première bibliothèque d’art et d’archéologie publique en France et d’une bibliothèque littéraire, Jacques Doucet est aujourd’hui plus connu pour son activité de mécène et de collectionneur d’art moderne. Il compte, parmi ses plus belles acquisitions, des œuvres d’Henri Matisse, Francis Picabia, Amedeo Modigliani, Paul Klee, Marcel Duchamp ou encore Constantin Brancusi et surtout Les Demoiselles d’Avignon. C’est sur les conseils d’André Breton que Doucet achète en 1923 ce chef-d’œuvre de Pablo Picasso, aujourd’hui au Museum of Modern Art à New York.
Jacques Doucet est également un des grands mécènes de l’Art déco. Une partie de sa collection de mobilier, qui comprend plusieurs pièces de créateurs tels que Paul Iribe, Pierre Legrain ou André Groult, est aujourd’hui conservée au musée des Arts décoratifs. Pourtant, avant de se consacrer avec tant d’enthousiasme à la modernité, Doucet rassemble entre le milieu des années 1870 et 1912 une importante collection d’œuvres d’art du xviiie siècle : objets d’art français et asiatiques, peintures italiennes, espagnoles et anglaises, dessins, pastels... C’est pour abriter sa collection qu’il décide de se faire construire en 1903 son hôtel particulier, situé rue Spontini à Paris que des photographies
et archives de l’INHA viennent ici illustrer.

Tandis que les plans de l’architecte Louis Parent (1854-1909) prennent déjà en compte les décors anciens que possède Doucet et les œuvres importantes de sa collection, le travail de décoration de l’hôtel est confié au peintre décorateur Adrien Karbowsky (1855-1945) et au sculpteur Georges Hoentschel (1855-1915).
Aujourd’hui conservés à la bibliothèque de l’INHA, les 31 dessins d’Adrien Karbowsky, délicatement colorés à l’aquarelle, font renaître ce monument édifié à la gloire de ces collections du xviiie siècle, qui connaît une existence éphémère. À la surprise générale, Jacques Doucet vend aux enchères quasiment toutes ses œuvres en 1912 et quitte définitivement l’hôtel à la fin de l’année 1913. Si les raisons de ce départ demeurent aujourd’hui incertaines, il est probable qu’il soit lié au décès de sa maîtresse, Jeanne Raimon, née Ruaud, assassinée le 28 février 1911 par son mari, alors qu’elle avait décidé de le quitter pour épouser son amant.

Exceptionnels pour leurs qualités esthétiques, les dessins jouent un rôle de témoignage dans l’appréhension des collections et leur accrochage : ils montrent que cet ensemble constitué par Doucet est bien au cœur du projet décoratif. Les visiteurs découvrent, à travers ces dessins, les décors de la rue Spontini où chaque objet y a sa place, soigneusement pensée, tels que ceux du grand vestibule, le décor Directoire, le salon des pastels qui rassemblent des œuvres d’Hubert Robert, Jean Honoré Fragonard, Louise Élisabeth Vigée Le Brun, Antoine Watteau et François Boucher ou enfin le majestueux salon
aux lambris anciens et modernes de style Régence.
L’exposition retrace, tout au long du parcours, les liens étroits entre ces deux collectionneurs contemporains l’un de l’autre. Si Jacques Doucet et Moïse de Camondo ne semblent pas avoir été proches ou même s’être fréquentés, ils ont pourtant en commun
une passion pour le xviiie siècle et des démarches de collectionneurs très comparables. Comme Doucet, Camondo a déjà une collection qu’il entreprend d’enrichir pendant la construction de l’hôtel. Spectaculaire, la vente aux enchères de la collection de Doucet
en 1912 attire les plus grands musées, marchands et amateurs, français et étrangers, dont Moïse de Camondo.

L’exposition révèle les pratiques distinctes de ces deux collectionneurs : contrairement à Camondo, très attentif à la cohérence temporelle des œuvres qu’il assemble et qui se concentre sur des objets datés de la seconde moitié du xviiie siècle, Doucet fait primer l’équilibre visuel de l’accrochage sur sa cohérence historique ou intellectuelle.
Il opère également des rapprochements thématiques audacieux tel que l’érotisme : la gouache de Pierre Antoine Baudouin dans le salon des pastels est accrochée avec Le Feu aux poudres de Fragonard, peinture aujourd’hui au Louvre, et une terre cuite de Clodion, L’Innocence, désormais au Metropolitan Museum of Art, à New York.
En mettant en lumière Jacques Doucet, une figure fondatrice de l’INHA mais également grand mécène des Arts Décoratifs, qui comprend le musée éponyme et le musée Nissim de Camondo, cette exposition rend hommage à l’histoire de ces deux grandes institutions.



 
 
 
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