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- expo : Bourse de Commerce - Pinault Collection - « Avant l'orage » (jusqu'au 11 septembre 2023)

le  08/02/2023   au sein de la Bourse de Commerce, 2 rue de Viarmes 75001 Paris

Mise en scène de Emma Lavigne (commissaire) avec des oeuvres diverses et variées écrit par ou plutôt proposé par Emma Lavigne, directrice générale et Nicolas-Xavier Ferrand, chargé de recherche


*Descriptif de quelques-unes des oeuvres présentées :
Frank Bowling ("Texas Louise") : une sorte d'abstraction lyrique, de cartographie atmosphérique et mouvante, presque liquide.

Danh Vo : une mixité de plusieurs cultures, un mélange de jardinage, de légumes et d'arbres traumatisés, érigés dans des cubes qui deviennent le cadre, avec des capucines, des vierges sculptées dans du bois et des photos de fleurs.

Edith Dekyndt ("Ombre indigène") : ses oeuvres sont installées dans chacune des vitrines situées au rdc du musée et dans lesquelles l'artiste magnifie des produits, des résidus. C'est son rapport sensible au monde aussi dynamique que complexe, tel un petit théâtre de composition d'objets présentés comme un tableau avec sa propre histoire.

Tacita Dean : ce sont des objets désagrégés, des résidus restaurés à la main ayant pour évocation la nature dans toute sa fragilité et sa précarité.

Diana Thater ("Chernobyl") : la multiplication des perspectives à travers des vidéos superposées et aussi des images dans les nuages.

Hicham Berrada ("Présage") : ex-laborantin, l'artiste offre une grande vidéo autour d'un beau paysage de métaux corrodés qui réagissent à des solutions toxiques. Il y a là une perte de repères par rapport aux matériaux utilisés.

Robert Gober ("Waterfall") : C'est un trompe l'oeil qui joue un rôle de voyeur face aux organes dissimulés par une cascade végétale et aquatique.

Pierre Huyghe ("A way in untilled") : une vidéo qui allie des insectes et des plantes. L'artiste laisse faire la nature en lâchant prise.

Lucas Arruda : une suite de tableaux imbibés de pigments naturels provoquant des états émotionnels.

Thu Van Tran : Sculptures picturales au travers de l'oubli où, par exemple, la nuit vient laver "l'agent orange", poison utilisé pendant la guerre du Vietnam dont est originaire l'artiste. Ses oeuvres, hors de la collection Pinault mais rapport avec le musée, sont ancrées dans son histoire personnelle.

Daniel Steegman Mangrané : assemblage fragile de branches et de faisceaux de lumière qui montre l'instabilité de la matière comme un effondrement.

Anicka Yi ("Elysia chlorotica") : Inspiré par le travail du japonais Isamu Noguchi, l'artiste représente des sculptures fragiles comme la nature, suspendues dans un monde d'insectes matronic, telle une hybridation. Présence de tableaux autour de la germination d'une vie, où il y a de nouvelles formes par un métabolisme de la matière grâce à l'emploi de l'intelligence artificielle.

Dineo Seshee Bopape : un rituel de 3 vidéos sur les océans polués.


De février à septembre, le cycle d’expositions « Avant l’orage », présentée par la Collection Pinault, invite à un cheminement, de l’ombre à la lumière, à travers des installations et des œuvres emblématiques pour certaines, inédites pour d’autres, d’une quinzaine d’artistes, qui s’emparent de tous les espaces de la Bourse de Commerce. Sur fond de dérèglement climatique, dans l’urgence du présent, avant que l’orage à nouveau n’éclate, les artistes de l’exposition inventent des écosystèmes instables figurant d’inédites saisons.

L'accrochage de la Collection Pinault soutient la naissance d’une ronde de saisons en devenir, d’écosystèmes en mutations, de micro-territoires en gestation, baignés dans une lumière tendant vers un crépuscule climatique mutant. Présage d’Hicham Berrada, qui immerge le visiteur dans un paysage en pleine transformation, nous fait prendre conscience de la beauté d’un monde sans nous. Chernobyl de Diana Thater nous fait pénétrer dans un paysage irradié, théâtre apocalyptique, tandis que Human Mask de Pierre Huyghe suit les faits et gestes d’un singe, errant dans ce qui semble être une ville abandonnée aux abords de Fukushima. Waterfall de Robert Gober met en scène une nature en trompe l’œil dont nous sommes irrémédiablement séparés tandis que le Untilled (jeu de mot entre « sans-titre » et « non-cultivé », « infertile »), toujours de Pierre Huyghe restitue le monde tel qu’il est vécu par les non-humains, des chiens aux insectes, au sein d’un compost engagé dans de nouvelles possibilités de fertilisation du monde.

La peinture est à la fois organique, chromatique et vénéneuse dans les empreintes que Thu Van Tran dépose sur les surfaces du white cube à partir de voiles d’hévéas transformés en caoutchouc par l’exploitation coloniale en Amazonie et en Asie depuis la fin du 19e siècle. Dans l’œuvre d’Anicka Yi, ce sont les cocons végétaux qui accouchent d’insectes robotiques, brouillant la frontière entre le naturel et l’artificiel, à l’image du cyborg de Donna Haraway, chez qui s’annule tous les dualismes issus de la modernité, pour mieux embrasser toutes les porosités entre les êtres et les identités : ces mutations s’annonçaient déjà dans les hybridations d’Alina Szapocznikow, où le corps humain se mêle au végétal comme à l’objet.



 
 
 
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