en 
 
 
cinema
Théâtre nouveautés festival   > actu <

 
 

- expo : Le point aveugle, Périzoniums - étude et variations/ Jacqueline Salmon au musée Réattu à Arles (jusqu'au 2 octobre)

le  02/07/2022   au musée Réattu, 10 rue du Grand Prieuré 13200 Arles (10h-17h du 02/11 au 28/02 et 10h-18h du 01/03 au 31/10, ouvert du mardi au dimanche - Fermé le lundi et les 1er janvier, 1er mai, 1er novembre et 25 décembre)

Mise en scène de Andy Neyrotti (responsable du Pôle étude, conservation et diffusion des collections du musée Réattu) avec des photographies écrit par ou plutôt réalisé par Jacqueline Salmon




Cette exposition, dont le titre « le point aveugle » fait référence à la tâche de Mariotte (le seul endroit de la rétine qui ne voit pas), est l'aboutissement de la recherche inédite menée par la photographe et plasticienne Jacqueline Salmon sur un objet central et pourtant très absent de la recherche en Histoire de l'Art : le périzonium.

Attaché à la figure du Christ, ce pagne est à la fois un voile de pudeur, un enjeu de représentation pour les artistes et une relique précieuse pour l’Église. Mais en retraçant les différentes manière dont il a été dessiné, peint ou sculpté au travers des siècles, il se révèle aussi être un formidable indicateur des mentalités artistiques et religieuses des sociétés occidentales face à la représentation du corps christique, à la fois humain et divin. De l'Allemagne gothique à l'Italie de la Renaissance en passant des Flandres à l'Espagne du Siècle d'or, l'imagerie du périzonium a été codifiée par la théologie, mais elle a aussi parfois subi l'influence des mode civiles – comme le subligaculum, sous-vêtement typique de l'Antiquité romaine – ou été inventée de toute pièce par les artistes, qui ont livré d'infinies manières de le draper.

Malgré les sujets majeurs qu'il soulève, le périzonium constitue toujours un « point aveugle » dans la recherche iconographique, presque un non-sujet, qui a été largement moins commenté que d'autres éléments constitutifs des scènes de la Passion : la position du corps du Christ, de ses stigmates, des personnages qui l'entourent, la variété de leurs expressions, la manière dont le sang coule, etc.
En constituant de manière empirique et à l'aide de son appareil, un ensemble vertigineux de photographies sur le périzonium (prises de vues qu'elle a réalisées in situ dans des musées, des galeries ou chez des antiquaires), qu'elle a complété par la collecte de nombreuses reproductions d’œuvres dans des livres et sur Internet, Jacqueline Salmon traverse l'Histoire de l'Art du XIe siècle au XXe siècle et offre ce qui s'impose comme l'étude la plus poussée jamais réalisée sur le périzonium.
Elle érige surtout le regard du photographe en pierre angulaire de la recherche et fait du cadrage et de la composition un outil de dissection qu'elle replace au cœur de la pratique photographique. Elle renouvelle enfin l’exercice de la photographie d’œuvre d'art, qui n'est pas considérée ici comme un outil de reproduction, mais bien comme un médium d'interprétation à part entière.

*L'exposition :
Initialement prévue en 2020, l'exposition « Le point aveugle » a bénéficié de deux années supplémentaires qui ont permis à Jacqueline Salmon d'enrichir plus encore le corpus déjà riche de ses périzoniums.
Aujourd'hui, l'exposition compte environ 230 tirages.

-La première partie de l'exposition est constituée de treize photographies et un carnet – soit quatorze « stations », écho fortuit, mais non dénué de sens, à celles de la Passion du Christ – qui viennent s'insinuer dans les collections permanentes, pour entretenir des connivences temporelles, stylistiques, ou simplement esthétiques avec les peintures de Jacques Réattu, les sculptures de Germaine Richier et Ossip Zadkine, les dessins de Pablo Picasso et Pierre Buraglio.

-La seconde partie est consacrée au cœur de la recherche. Organisé par périodes et manières de draper, le parcours débute sur les plus anciennes représentations de périzoniums, encore très influencées par l'icône byzantine, pour s’achever sur la réinvention des sujets de la Passion par les peintres du XXe siècle (Bacon, Sutherland, Rouault, Chagall). Il est ponctué par les photographies de l'artiste, présentées de manière isolée ou sous la forme de nuages d'images, ainsi que ses précieux carnets d'études, qui constituent la matrice de l'exposition et du livre qui l'accompagne.

*Jacqueline Salmon et le musée Réattu :
L'histoire privilégiée entre Jacqueline Salmon et le Musée Réattu s'écrit à partir de 1995, au moment où les premières photographies de l'artiste entrent dans les collections arlésiennes. Elle se renforce en 1998, lorsque la Ville lui passe une commande sur son patrimoine monumental : l'artiste choisit les cryptoportiques romains, qu'elle fait dialoguer avec des vues du ciel d'Arles dans une série poétique intitulée La raison de l'ombre et des nuages.

Le musée conserve aujourd'hui trente-deux de ses œuvres : des photographies de sites archéologiques égyptiens, du chantier de la construction du Musée départemental Arles Antique, des portraits d'artistes (Eduardo Chillida, Bill Viola, Albert Ayme), la série La raison de l'ombre et des nuages ainsi que deux photographies, réalisées en duo avec Robert F. Hammerstiel, de la série La racine des légumes. L'artiste est aussi intervenue à plusieurs reprises dans des expositions du musée comme "Chambres d'écho" (2009), "À pied d’œuvre" (2010) ou "Nuage" (2013).

C'est ce lien particulier qui a incité Jacqueline Salmon a proposer au Musée Réattu ce travail inédit, qui s'inscrit parfaitement dans le principe d'une relecture poétique et plastique de l'Histoire de l'Art à travers le prisme de la création contemporaine, qui constitue aujourd'hui un axe central de recherche et de développement des collections et des expositions.

*Biographie :
Née en 1943 à Lyon, Jacqueline Salmon vit et travaille entre Paris et le Beaujolais. Elle se consacre à la photographie depuis 1981, développant une œuvre dont le principal sujet est l’étude des rapports entre philosophie, Histoire de l’Art et histoire des lieux, à travers le prisme de la photographie. Elle a obtenu en 1993 le prix de la Villa Médicis hors les murs pour son projet Entre centre et absence.
Elle a réalisé de nombreux livres en collaboration avec des philosophes et écrivains comme Hubert Damisch, Jean-Louis Schefer, Christine Buci-Glucksmann, Michel Poivert ou Jean-Christophe Bailly. Elle a assuré des commissariats d'expositions et a été, avec Françoise Morin, directrice artistique de la biennale Urbi & Orbi à Sedan, sur le thème de la photographie et la ville.
Intéressée par la pédagogie, elle a aussi enseigné à l'université Paris VIII et dans les écoles d'architecture de Saint-Étienne et de Lyon, où elle est régulièrement invitée pour des ateliers et des séminaires.
Outre les commandes photographiques réalisées dans le cadre d'expositions ou de résidences, elle a aussi réalisé des installations permanentes dans le cadre de 1% artistique pour la bibliothèque du Vercors à Die, la Direction régionale des affaires culturelles Rhône-Alpes à Lyon ou le Palais de Justice de Melun.
Elle a longtemps été représentée par la galerie Michèle Chomette et est aujourd'hui représentée par la galerie Éric Dupont à Paris.



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique