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- expo : Ugo Schiavi - Gargareôn au musée Réattu à Arles (jusqu'au 15 mai 2022)

le  06/11/2021   au musée Réattu, 10 Rue du Grand Prieuré 13200 Arles (10h-17h du 02/11 au 28/02 et 10h-18h du 1er/03 au 31/10, ouvert du mardi au dimanche, ermé le lundi et les 1er/01, 1er/05, 1er/11 et 25/12)

Mise en scène de Andy Neyrotti, responsable du Pôle conservation du Musée Réattu avec des gargouilles... écrit par ou plutôt créé par Ugo Schiavi




L’exposition « Ugo Schiavi. Gargareôn » – gargareôn, racine grecque du mot gorge, renvoie aux gargouilles dont l’artiste a utilisé les formes – met en scène une vingtaine d’oeuvres au coeur de l’ancien Grand Prieuré des chevaliers de Malte. Le Rhône qui coule à ses pieds est le fil rouge des installations. Voie de transport et de communication majeure depuis l’Antiquité, le fleuve charrie autant de légendes – comme la Tarasque le Drac, son alter-ego arlésien, censé vivre sous le Grand Prieuré – et de trésors archéologiques que de pollution, de limon et de déchets, qui dérivent parfois jusqu’en Méditerranée.
Soumis à la force des éléments naturels et largement exploité par l’Homme, le Rhône est un lieu en perpétuelle mutation, où nature et culture se mélangent. Les oeuvres pensées par Ugo Schiavi pour Arles, se situent dans cet entre-deux.

Suivant le principe d’une relecture du passé, l’artiste a aussi greffé quelques oeuvres préexistantes dans le parcours – une grande tête de lion, un buste de Faune, une figure de Neptune –, qui prennent un tout autre sens à Arles, où les figures antiques font partie intégrante de l’identité de la ville.

-Prises d’empreintes et prises de vues : un double dialogue avec le patrimoine
Au cours de ces derniers mois, l’artiste s’est lancé, en véritable cordiste, à l’assaut des gargouilles du Grand Prieuré, qu’il a moulées sur place afin d’en réaliser différents tirages. Hybridées avec des moulages provenant d’autres sculptures et des matériaux divers, ces gargouilles d’un nouveau genre participent à des installations qui réactivent les fonctions pratiques et symboliques ancestrales de ces objets : orner, effrayer, faire circuler l’eau.

Tout au bout du Rhône, du côté des plages de Martigues et Lavéra, Ugo Schiavi a aussi réalisé des empreintes de rochers dévorés par des organismes lithophages et collecté des matériaux rejetés par la mer, comme le plastiglomérat. Cette roche, issue de la dégradation d’autres roches auxquelles s’agglomèrent des matières d’origine humaine comme le plastique, a inspiré la création de « Gorgones », qui dénoncent l’impact de l’Homme sur l’environnement tout en semblant sortir d’un cabinet de curiosités.

Dans les réserves du musée, il a réalisé des prises de vue photogrammétriques de sculptures en plâtre : des copies souvent très partielles d’oeuvres célèbres (la Vénus d’Arles, le Laocoon) qui témoignent de l’existence à Arles d’une école de dessin au XIXe siècle et de la collection de moulages de Jacques Réattu. Réhabilitant ces objets victimes d’un désamour manifeste au cours du siècle suivant, leur donnant la même importance que les chefs-d’oeuvre archéologiques du Musée départemental Arles antique (dont les collections ont été mises à contribution, comme le buste présumé de César, la statue de Neptune ou le chaland romain), Ugo Schiavi réactive le rôle de modèle qu’a longtemps joué le moulage. Il rend à cette technique la place fondamentale qu’elle tenait dans l’art de sculpter, interrogeant au passage l’importance donnée au principe d’authenticité et d’unicité dans l’art.

Dans les rues d’Arles, enfin, il a photographié à l’aide d’un drone les façades crénelées du Grand Prieuré, les lions du pont de Lunel et les arcs-boutants de l’église des Frères Prêcheurs, dont les fragments ont été intégrés au riche répertoire de formes dans lequel le film Main-Stream-Memory puise largement.

-Main-Stream-Memory* : une mise en abîme de l’exposition
Co-réalisé avec l’artiste Jonathan Pêpe, le court-métrage en images de synthèse Main-Stream-Memory, est une installation à part entière, où s’agglomèrent toutes les composantes de l’exposition. Cette fiction nous embarque, en caméra subjective, au coeur d’un îlot flottant fait de fragments d’architecture, de vestiges archéologiques et de déchets contemporains. À la dérive, l’îlot traverse une ville d’Arles partiellement engloutie sous les flots, où l’industrie aurait marqué son empreinte sur le paysage, avant de nous attirer au fond des eaux troubles du fleuve, où s’enchevêtre un réseau dense de câbles de communication et d’objets en tous genres...
Nous rappelant au passage qu’avant d’être élevé au rang de trésor, le matériel archéologique qui est trouvé dans le Rhône est souvent issu d’un acte de négation, qu’il soit simples déchet domestique ou bien le témoignage des Damnatio memoriae qui furent imposées à certaines personnalités politiques dans l’antiquité romaine...

*Ce film a été conçu avec l’aide de : Sylvain Couzinet-Jacques (prises de vues photogrammétriques) François Gouret (assistant images 3D) Anthony Belguise (design sonore) Demain Rapides (voix) Musée départemental Arles Antique : Romy Wyche, directrice ; Soizic Toussaint, responsable des collections ; Aliénor Tallagrand, documentaliste (mise à disposition d’images 3D) Ipso Facto, Bureau d’étude et de Recherche en Archéologique–Océanographie, Arles (mise à disposition d’images 3D)

*Biographie : Ugo Schiavi est né en 1987, à Neuillysur- Seine. Diplômé de l’école nationale supérieure de Nice – Villa Arson, il vit et ravaille à Marseille. Il est représenté par la Double V Gallery à Marseille et la Pill Gallery, à Istanbul.

*Expositions personnelles :
– Le Naufrage de Neptune, Le Voyage à Nantes, 3 juillet – 12 septembre 2021
– Soulèvement #3, Palais des Archevêques, Narbonne, 13 juillet – 22 septembre 2019
– Et in arcadia... Ugo Schiavi, musée des beaux-arts d’Orléans, 12 avril – 13 juillet 2019
– Soulèvement, parvis de l’hôtel de ville, Paris, Nuit Blanche, 2018
– Rudus, ruderis, galerie Double V, Marseille, 4 mai – 16 juin 2018
– Battlefield, Eden, Caroline du Nord, USA, 2015
– Face Nord, galerie SNAP, Lyon, 2014



 
 
 
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