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La famille Flöz dans Hôtel Paradiso (jusqu'au 4 février)

le  17/01/2018   au théâtre Bobino, 14-20 rue de la Gaîté 75014 Paris (du mardi au samedi à 19h et dimanche à 16h30)

Mise en scène de La famille Flöz avec Anna Kistel ou Marina Rodriguez Llorente, Sebastian Kautz, Daniel Matheus et Nicolas Witte, écrit par La famille Flöz




Depuis 1996, la compagnie berlinoise « la famille Flöz » rassemble divers artisans du théâtre : comédiens, musiciens, danseurs, fabricants de masques. Tous ensemble, ils créent du théâtre.
C’est une de leurs créations, datant de 2008, qui est actuellement présentée à Bobino : elle a pour titre « Hôtel Paradiso »
Nous sommes dans les Alpes, dans un vieil hôtel, dont les quatre étoiles prennent la poussière. L’ascenseur a depuis longtemps cessé de fonctionner et la décoration atteste de son âge. L’établissement est dirigé d’une main de fer par une veuve, au caractère aussi rigide que la canne qu’elle utilise pour réprimer ses deux enfants.
Le garçon, sorte de Pierre Richard, gaffeur et amoureux est à la réception : il s’y ennuie ferme mais égaye la morne ambiance de l’établissement de sa musique nostalgique. La fille est une sorte de révolutionnaire, qui veut moderniser l’établissement en y ajoutant systématiquement une touche de rouge, sa couleur préférée. Il y a aussi le cuisinier tatoué, aux allures de tueur en série et la femme de ménage nymphomane et kleptomane.
A Hôtel Paradiso, certains rituels semblent immuables et la veuve, gardienne inflexible de la tradition y veille : le matin, hommage est rendu au mari disparu et père fondateur de l’établissement. La vie semble ainsi défiler sans à-coups autres que les disputes incessantes du frère et de la sœur. Mais l’arrivée de certains clients viendra bouleverser la quiétude et la routine du lieu. Soucieux de garder la surprise, on laissera le spectateur découvrir le reste, riche en rebondissements.
Hôtel Paradiso est un objet difficile à définir : les comédiens y jouent derrière des masques, qui paradoxalement vivent malgré leur expression figée : leurs talents de mimes et de danseurs sont mis en œuvre pour nous faire croire aux émotions des personnages et cette pièce, sans paroles, nous fait rire, sourire et nous émeut tout à la fois.
On oublie vite l’étrangeté de ces visages trop grands aux traits caricaturaux : malgré ou grâce à leurs masques, les personnages existent et l’on s’y attache vite.
La pièce est empreinte d’une grande nostalgie typiquement allemande, mais ne s’y complait jamais, c’est là sa force. Entre humour visuel et comique de situation, entre policier et théâtre apparemment plus « bourgeois », avec « Hôtel Paradiso », la famille Flöz réussit ainsi à fédérer un public de tout âge. Le soir de la représentation il était fort nombreux à applaudir ce spectacle de grande qualité.

E.D



 
 
 
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