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Suite royale (jusqu’au 14 mai)

le  29/03/2023   au théâtre de La Madeleine, 19 rue de Surène 75008 Paris (du mercredi au samedi à 19h mâtinées samedi et dimanche à 15h)

Mise en scène de Bernard Murat avec Elie SEmoun et Julie De Bona écrit par Judith Elmaleh




Ecrivaillon sans envergure, auteur du roman « Le futur dans le dos », Antoine (Elie Semoun) vient d’apprendre une nouvelle incroyable : il aurait obtenu le Goncourt ! Pour se faire à ce qu’il pense être sa nouvelle vie, il a réservé la suite royale (d’où le titre de la pièce), du plus beau palace parisien. Pour l’annoncer à sa femme ? Oui, mais pas seulement. En effet, soucieux de coller à son image d’écrivain à succès donc maudit, il doit annoncer à son épouse Pauline, juriste en entreprise (Julie de Bona) qu’il va la quitter. Même si tout va bien entre eux, ce statut bourgeois ne convient plus en effet à ce nouvel écrivain en vogue, donc forcément hors norme. Voici l’intrigue que nous propose ce jeu à deux actuellement monté au Théâtre de la Madeleine.
Et donc ? Et donc, pas grand-chose hélas. On a l’impression d’être retourné aux années 1970, époque de la fameuse émission télévisée « Au théâtre ce soir » qui présentait aux heures de grande écoute des pièces plus ou moins bonnes, toutes sur le modèle d’un théâtre bourgeois dite de boulevard. « Suite royale » coche ainsi de nombreuses cases de ce qui était autrefois un divertissement sans prétention : décor d’intérieur un peu luxueux, texte plutôt conventionnel, intrigue simple.
Malgré la faiblesse d’un texte sans style, on sent le parti qui pourrait être tiré du personnage de l’écrivain veule et sans scrupules. Hélas, hélas, la voix blanche d’Elie Semoun passe limite la rampe et peine à convaincre. Même si, parfois, l’humoriste grinçant reprend le dessus et vient au secours du comédien. Quant à Julie de Bona, ce n’est qu’après une longue période de rodage (la moitié de la pièce) qu‘elle trouve enfin son rythme. Lorsqu’une certaine folie s’empare de la très raisonnable juriste, l’intérêt surgit enfin. Mais c’est hélas tard, bien trop tard.
Sans invoquer le sempiternel Louis de Funès, on songe avec regrets à ce qu’aurait pu faire le comédien du personnage de cet écrivain, parfait lâche, sans foi ni loi. Quelques tentatives de joliesse émaillent ce texte : « ce n’est pas l’homme qui te quitte, mais l’écrivain. Mais nous te quittons », dit ainsi Antoine, mais c’est peine perdue pour ce texte où tout est dit, et rien n’est suggéré, où tout est appuyé, de peur que le spectateur ne comprenne pas peut être. Loin de mériter la catégorie « luxe », cette comédie mérite à peine une étoile.

Eric Dotter



 
 
 
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