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Sabordage (jusqu’au 17 octobre)

le  11/10/2019   au théâtre 71 – scène nationale, 3 place du 11 Novembre 92240 Malakoff (mardi et vendredi à 20h30, mercredi, jeudi et samedi à 19h30, et dimanche à 16h)

Mise en scène de Collectif Mensuel avec Sandrine Bergot, Quentin Halloy, Baptiste Isaia, Philippe Lecrenier et Renaud Rigaet écrit par Collectif Mensuel et Nicolas Ancion




Il y a comme ça des influences qui traversent le spectacle vivant. Ainsi en est-il du mélange entre théâtre et vidéo filmée en direct sur le plateau. Nous avions ainsi vu avec bonheur les belges Michèle Anne de Mey et Jaco van Dormael qui nous avaient présenté leur formidable et poétique Kiss and Cry à la Scala en décembre 2018. Au théâtre 71, ce sont à nouveau des habitants du plat pays, les comédiens-musiciens du collectif Mensuel, qui nous proposent en ce moment leur tonique « Sabordage », spectacle engagé et néanmoins musicalo-éclectique.
Face à un plateau encombré de décors miniatures, de caméras, d’instruments du musique et d’accessoires de bruitage, le spectateur assiste ainsi à l’histoire de la gloire et de la décadence de l’Ile Nauru, d’abord colonisée par les anglais puis par les forces de l’argent, pour finir par devenir le pays le plus riche du monde à la faveur de ses mines de potasse. Mais chute des cours de la matière première obligeant, Nauru subira un revers de fortune et deviendra un dépotoir où les restes de la glorieuse société de consommation seront réduits à l’état de carcasses polluantes.
Tout au long du spectacle, on est séduit par la forme tout autant que la narration offerte par les 5 comédiens/musiciens/chanteurs : chansons interprétées en direct, venant doubler de manière particulièrement drôle et réussie des extraits de films projetés sur le fond de scène (on reconnaitra ainsi les révoltés du Bounty, 1492, et autres fleurons de l’histoire du cinéma), action jouée sur le décor miniature au centre du plateau, dialogue entre les comédiens se succèdent ainsi avec rythme et bonheur.
Aucune intervention du numérique ici : les trucages mélangent décor de plateau et extraits vidéo. Le côté bricolé évoque un mélange entre un JC Averty sous calmants (la référence ne parlera qu’aux plus anciens) et le travail de Pierrick Sorin, le vidéaste nantais loufoque. Même si la forme est légère, le propos est politique : le spectacle offre une critique du colonialisme qu’il soit par les armes ou par l’argent. En prise avec une actualité très chaude, « Sabordage » évoque aussi le gaspillage de la planète : « Les carnets de commande sont pleins- dit ainsi un des dirigeants politiques mafieux aux manettes de l’ile- et ça n’est tout de même pas un Cacatoès fornicateur qui va nous barrer la route ». Le spectacle évoque également les migrants.
Même si la conclusion quelque peu manichéenne et naïve attire quelques sourires, on sort du Théâtre 71 enchanté. Et les applaudissements fournis viennent tout autant des spectateurs adultes que des lycéens présents en nombre le soir de notre venue....

E.D



 
 
 
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