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Bohème, notre jeunesse (jusqu'au 17 juillet)

le  09/07/2018   au Opéra Comique, 1 place Boieldieu 75002 Paris (les 9, 11, 13 et 17/07 à 20h et le 15/07 à 15h)

Mise en scène de Pauline Bureau avec Sandrine Buendia, Kevin Amiel, Marie-Eve Munger, Jean-Christophe Lanièce, Nicolas Legoux et Ronan Debois écrit par Giacomo Puccini (adapté par Marc Olivier Dupin)




Des étudiants, artistes en herbe, fauchés comme les blés qui vivent sous les toits ; leur voisine Mimi qui tombe en amour de Rodolphe, l’un d’entre eux ; Musette, la maitresse infidèle de Marcel ; le Paris de la fin du 19ème siècle qui se transforme ; la maladie puis la mort de Mimi : c’est ainsi que l’on pourrait résumer lapidairement « Bohème, notre jeunesse » d’1h30, un abrégé de l’opéra de Puccini actuellement présenté à l’Opéra Comique. Lorsque résonnent les dernières notes de cette représentation et les nombreux applaudissements qui concluent cet opéra condensé, les sentiments sont mitigés et la dualité s’exprime.
Le spectateur accoutumé aux spectacles et plus particulièrement aux opéras, est frustré de ce condensé qui expédie la rencontre amoureuse de Mimi et Rodolphe en un clin d’œil, et résume la musique quasiment exclusivement à des « tubes » inspirés de la musique de Puccini. Il va même jusqu’à se tordre un peu la bouche en entendant les incursions hégémoniques de l’accordéon (as)sûrement censé évoquer un peu plus encore la vie parisienne. Il a même parfois du mal à comprendre les phrases entremêlées des chanteurs lorsqu’ils s’expriment en quatuor. Le même spectateur tatillon tique un peu sur le jeu relativement approximatif de ces jeunes chanteurs dont l’excellente technique vocale ne parvient cependant pas à compenser tout à fait le manque de conviction. Seule la pulpeuse Marie-Eve Munger sort ici du lot en incarnant une volcanique Musette.
Le spectateur, qui assiste là à sa première confrontation avec le lyrique, sort quant à lui enchanté de ce divertissement dans lequel il y a toutes les composantes du spectacle musical, notamment des voix splendides, qui font soupirer le spectateur : ah, les pianissimi de Mimi (alias Sandrine Buendia) ; ah, la voix alanesque de Rodolphe interprété par Kevin Amiel (c’est vrai qu’il chante un peu comme Roberto Alagna, ténor « tous terrains ») !! Il admire aussi les costumes, le décor sans cesse changeant, dû à des projections qui donnent le sentiment d’être successivement sous les toits, dans un café parisien ou dans les rues de la capitale. Bref, il en a plein les yeux et les oreilles !!
En adaptant l’histoire, en traduisant l’opéra initialement italien en langue française, en réduisant la musique pour la faire jouer par un orchestre d’une dizaine de musiciens (flûte, hautbois, clarinette, cor, trompette, percussions, claviers, harpe et accordéon), en « rééquilibrant » les rôles entre hommes et femmes, Pauline Bureau, la metteuse en scène, et Marc Olivier Dupin, le compositeur, ont voulu alléger l’œuvre de Puccini pour la rendre accessible au plus grand nombre et lui permettre d’être présentée dans toutes les salles. On ne sait dire cette fois s’ils ont réussi. Quelle que soit ici l’attente du spectateur, on peut l’assurer qu’en allant voir « Bohème, notre jeunesse », il assistera ici à une pièce de qualité : à lui maintenant de déterminer le curseur de son jugement…

E.D



 
 
 
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