Barry Seal : American traffic

le  16/01/2018   chez Universal vidéo (DVD, Blu-Ray et Blu-Ray 4K)

De Doug Liman avec Tom Cruise, Domhnall Gleeson, Sarah Wright, E. Roger Mitchell, Jesse Plemons, Lola Kirke, Alejandro Edda, Benito Martinez, Caleb Landry Jones et Jayma Mays

L'histoire vraie de Barry Seal, un pilote arnaqueur recruté de manière inattendue par la CIA afin de mener à bien l'une des plus grosses opérations secrètes de l'histoire des Etats-Unis.

Cette opération « clandestine » de dimension plutôt gigantesque est tellement grosse dans tous les sens du terme, si extravagante à écrire, si énorme à voir et si démentielle à imaginer, qu’on a beaucoup de mal à y croire entièrement, du moins, complètement ! Et pourtant, cet incroyable scénario est inspiré d’une histoire vraie, celle d’un pilote chevronné qui s’est retrouvé engagé par la CIA pour être transformé en informateur, tout en étant un « homme d’affaires » version export/import « (il)légal », et qui a servi son pays en « travaillant du côté des gentils contre les ennemis de la démocratie » tout en devenant un trafiquant zélé d’une grande régularité et, de plus, à une échelle assez vaste ou, si vous préférez pour faire plus court, de « gringo » qui achemine et qui livre là où on le lui demande, que ce soit en Amérique Centrale (Guatemala, Honduras, Salvador, Panama, mais surtout au Nicaragua et en Colombie).
Ca a commencé par des cigares en contrebande et ça a fini par des armes, de la drogue (celle du fameux Cartel de Medellin) et du blanchiment d’argent à ne plus savoir qu’en faire ni où le mettre ! C’est justement cet élément (du fric dissimulé un peu partout, caché dans des sacs et des valises, planqué dans des boites à chaussures ou bien alors carrément enterré dans le jardin) qui donne un ton certes quelque peu invraisemblable mais néanmoins drôle à ce biopic déguisé en polar sympathique et en thriller énergique. Sans oublier un sourire insolent et goguenard au héros impudent de cette aventure, interprété par Tom Cruise, omniprésent à l’écran pendant presque 2 heures ! On voit bien, à son éternel sourire très Ultra Brite aux lèvres (malgré ici une dent en moins !), qu’il s’amuse comme récemment dans La momie et qu’il jubile tel un gamin, arborant un bagou en toute circonstance, une allure décontractée, une joie de vivre indécrottable et un optimiste à toute épreuve ! D’ailleurs, il nous fait parfois penser à Leonardo DiCaprio dans Le loup de Wall Street lorsqu’il brasse des millions de dollars avec un sentiment de profit et de fierté du travail accompli et bien fait.
On se demande si tous ces films plutôt assez récents, tournés autour de trafics en tout genre mais aussi d’agissements douteux et de scandales retentissants qui se sont véritablement déroulés la plupart du temps dans les années 80 (souvenez-vous de ces productions telles que Savages, Cartel, Spring breakers, Argo, Paradise lost, sans oublier la série télévisée Narcos, Infiltrator et dernièrement War dogs !), ne reviennent pas à la mode ces temps-ci pour nous montrer et nous prouver que l’on peut aborder des sujets plus ou moins « graves » (ici, l’affaire Iran-Contra, aussi connue sous le nom d’Irangate) avec une évidente désinvolture, une nonchalance non-dissimulée et un comique de situations en toute impunité. Ca a beau être un sacré panier de crabes (remontant du gouvernement américain jusqu’à la Maison Blanche !) et « partir en vrille » par moment (comme le dit si bien le personnage principal et dans tous les sens du terme d’ailleurs !), ça ne manque pas de liberté de mouvement (filmé par Doug Liman – La mémoire dans la peau ; Mr. & Mrs Smith ; Jumper ; Fair game ; Edge of tomorrow, déjà avec Tom Cruise -, façon seventies et eighties avec un certain flou artistique de rigueur), ni de rythme et encore moins d’humour ! En résumé, de quoi apprécier à sa juste valeur ce genre d’histoire finement rétro, aussi réaliste que passionnante, certes pleine de risques évidents mais particulièrement fascinante à vivre, n’est-ce pas monsieur Cruise ?
En bonus, 6 scènes coupées au montage (à l’église, lors de l’emménagement, pendant une vente aux enchères, dans un poste de police ou bien encore aux téléphones) ; un reportage intitulé Une histoire à l’américaine ou comment un antihéros, simple mais vrai pilote d’avion, a pu vivre d’intenses péripéties aussi complexes qu’incroyables, souvent sur le fil du rasoir en transgressant certaines règles mais sans jamais véritablement se soucier des conséquences, ayant eu à l’époque des répercussions importantes sur des évènements politiques et économiques américains ; une drôle de Conversation entre Tom Cruise et le réalisateur Doug Liman qui comparent chacun leur vie ensemble sur le tournage qui fut pour eux au final une belle aventure, le tout sur fond de drôles d’anecdotes ; une autre document appelé Dans les ailes qui nous présente quelques-uns des personnages principaux dans cette folle histoire interprétés entre autres par Domhnall Gleeson, Sarah Wright et Caleb Landry Jones ; encore un autre sur Le tournage de Barry Seal : American traffic autour du tournage sur des lieux aussi divers (en Colombie) qu’atypiques (une ville U.S. typée années 80 avec le look et la musique de l’époque) ; puis un autre Voler plus haut sur ce pilote d’exception qui voulait de l’aventure et surtout voler (avec un Tom Cruise lui-même aux commandes d’un avion) ; et enfin un dernier doc, Le vrai Barry Seal, que son plus jeune fils Aaron – il avait 9 ans à sa mort - présente comme ayant été un homme aimant, courageux et généreux (et pour cause !) à travers ses souvenirs, photos à l’appui.

C.LB