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Slow Joe & The Ginger Accident : Let me be gone

le  17/02/2017   chez Musique Sauvage/PIAS





“Laisse-moi m’égarer ! », ainsi pourrait-on traduire en français le titre de cet album posthume, celui de Slow Joe, artiste d’origine indienne vivant en France à Lyon depuis 6 ans et décédé en mai 2016 à l’âge de 73 ans alors qu’il mettait une dernière touche à son 3ème opus ! Son histoire est pour le moins incroyable (venu de Goa où il errait tel un clochard grâce à la persévérance du musicien lyonnais Cédric de la Chapelle) et son parcours assez pittoresque (il n’avait jamais chanté en concert devant un public avant sa 1ère apparition aux Transmusicales de Rennes en 2009) suffisent pour qu’on vous parle de ce chanteur au timbre vibrant, profond, un peu cassé, cabossé même par tout style de stupéfiants absorbés, plus conteur et parleur que véritablement chanteur au sens propre du terme.
Quand on l’écoute interpréter ses 10 nouveaux morceaux, il nous fait irrémédiablement penser à une sorte de Tom Waits qui aurait troqué un blues/folk sudiste trainant contre des chants a capella (Tambde roza – chant traditionnel en dialecte konkani -), des rythmes électro/rock cadencés (Swing your love – orgue en prime -) et bien soutenues (Black moon – aux sonorités hindou relevées et pour le moins entêtantes -), des ballades lentes et lancinantes (God damn the pusherman – au ton quelque peu désabusé sur fond de saxophone -), aussi planantes que nonchalantes (Temple mosque church – avec des chœurs de circonstance -), souvent clopin-clopantes (Candy sparkles – à l’ambiance très western à la Ennio Morricone et accompagnée d’une sitar -) mais néanmoins parfois joyeuses, voire même espiègles (My sway – le 1er single -), limite foutraques (I was a stooge – à l’orchestration très « spirituelle » - ; She makes love like crazy – pleine de guitares relevées et de percussions très présentes -), faites de bric et de broc (Silent waves – un peu jazzy -).
Ce qui frappe aussi, ce sont les arrangements qui différent de ceux qu’on a l’habitude d’entendre, des gimmicks au synthé qui renforcent l’esprit à la fois déconnecté et poignant (d’une certaine réalité musicale dite commerciale), fragile et intense de l’interprète marginal. Entouré de son groupe, le quatuor The Ginger accident, sous la houlette de son « découvreur » de talents hors norme, Slow Joe a pu se frotter rapidement à une renommée qu’il n’aurait jamais imaginée possible auparavant. Raison de plus pour assister aux concerts à titre posthume et en son honneur lors d’une petite tournée hexagonale passant par Poligny au Moulin de Brainans le 04/03, à Champ sur Drac via la Salle Navarre le 18/03, à Paris au Café de la Danse le 28/03, à Romans à La Cordonnerie le 14/04, et à Annemasse au Festival Les Musical’été le 18/08....

C.LB



 
 
 
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