Chinese Man : Shikantaza

le  03/02/2017   chez Chinese Man Records





Que de fourmillements, d’inspirations et d’idées sonores ! A croire que pour son 2ème album (5 ans après Racing with the sun), les Chinese Man, trio marseillais fortement accoquiné avec le monde groovy du hip-hop, se sont dépensés sans compter, mélangeant subtilement, voire astucieusement différents rythmes, tonalités et effets les uns avec les autres sur 16 titres, s’octroyant même le privilège de proposer à quelques invités prestigieux de venir poser leur voix ou leur flow sur certains morceaux (Kendra Morris et Dillon Cooper sur Liar – le 1er single - ; Afro ASM et Taïwan MC sur The new crown ; Mariama sur Stone cold ; R.A. The Rugged Man sur Modern slave ; Vinnie Dewayne, Myke Bogan et Tre Redeau sur What you need ? ; et YouthStar, Taïwan MC et Illaman sur Blah !).
Résultat : un opus bourré d’ambiances diverses et variées fort accrocheuses (tel que sur Step back), aussi chaloupées qu’exotiques, aussi syncopées que cajoleuses et aussi cadencées que chatoyantes, entre world-music (Shikantaza avec ses chants folkloriques hindous et ses bidouillages lancinants à la Deep Forest ; Malad et son tempo indien sur fond de percussions entraînantes voire dansantes ; l’instrumental Warriors et ses voix trafiquées ; Blah ! avec son débit ultra-rapide genre ragamuffin et son final type comédie musicale), justement comédie musicale version américaine (The new crown avec des chœurs U.S. très années 40/50), atmosphère lounge (Liar, ponctué d’extraits de films et même d’aboiements de chien), style religieux (Escape avec son orgue d’église et ses voix off très radiophoniques), soul envoûtante (le sensuel Stone cold), tonalités sourdes et appuyées (le lourd Modern slave), esprit percutant (l’instru Golden age avec une petite touche de classique), guitare acoustique (L’aurore et voix genre diva), et jazz moderne (les instrumentaux Anvoyé et Good night, ce dernier avec son timbre tour à tour grave et nonchalant).
Soyez tout de même rassuré, le hip-hop prédomine sur l’ensemble des compositions très esthétisantes, saupoudrées à toutes les sauces musicales qu’il soit possible d’entendre ici (tel que par exemple sur le festif What you need ?), le tout rehaussé d’effets dub et autres breaks originaux (comme notamment sur Wolf avec sa pause classique) ! Bref, il n’y a pas à dire - ni à redire d’ailleurs ! -, c’est du beau travail élaboré entre Marseille, Bombay et le repère ardéchois du groupe, confectionné avec « amour, gloire et beauté », en un mot, avec passion, qui devrait plaire à tous ceux qui aiment « seulement s’assoir/être assis sans rien faire » (traduction du terme bouddhiste Shikantaza) ou bien alors, faire tout autre chose....
P.S. : grande tournée française à partir du 16/03 jusqu’au 22/04, puis du 23/06 au 20/08, et enfin du 10/10 au 04/11 (dont un passage au Zénith de Paris le 4 novembre).

C.LB