Frasiak : Parlons-nous

le  06/04/2010   chez Crocodile productions/Mosaic music





Avec sa dégaine un peu branchouille et son petit chapeau posé sur la tête, on pourrait très facilement prendre Frasiak pour une sorte de Tom Waits en goguette ! Loin d’être un quelconque sosie de cet illustre artiste, ce chanteur français, originaire de la Lorraine, n’en est pas moins un musicien hors pair, compositeur, auteur et interprète de folk/rock matiné de jazz, trop méconnu pour le rester plus longtemps et qui mérite qu’on s’attarde un peu sur son 4ème album rempli d’énergie et d’émotion !
A l’écoute de ses 15 nouvelles chansons au ton plutôt vif (dont une reprise de Léo Ferré, le fameux 20 ans), on se rend vite compte que cet homme, qui semble avoir déjà pas mal bourlingué, sait manier aussi bien la plume que la voix et la guitare. Entre des textes intelligemment travaillés, plus ou moins mordants et engagés pour quelques-uns avec une certaine acuité à disséquer le quotidien autour de nos petites préoccupations sociales, dites « existentielles », tout à fait dans l’air du temps ; un timbre clair, doux, chaleureux et entraînant dans l’esprit anar de Renaud (mais sans sa gouaille !), entre autre sur Edwige (et l’ambiance bal musette de Sanseverino, notamment sur Le tango de la Jestset, une complainte humoristico-satirique chavirante) ; et un jeu de guitare finement maîtrisé au touché pour le moins subtil et nuancé, Frasiak ne se contente pas seulement de nous réciter quelques belles ballades mélancoliques (Je sais tout ça) ou sautillantes (Les bonimenteurs ; L’air bleu), il les vit pleinement et réellement, de bonne humeur, avec profondeur et sincérité.
Que ce soit dans un ton enjoué (T’étais pas né ; Tais-toi), cadencé (Parlons-nous ; Bar Le Duc city blues) ou bien alors délicat (La vie qui court ; Le rêve de MLK) et épuré (Merci d’être là), cet opus bourré d’humanité dégage une couleur vraiment particulière dans la réalisation et les arrangements, et un univers très singulier dans les paroles, propres aux observations incisives comme aux impressions réalistes de son créateur, jamais à court de mots comparatifs ou en manque de vocabulaire adéquat. Bref, voilà une galette qui sonne juste, vraie et authentique ! Après toutes ces années consacrées à la chanson française, l’année 2010 pourrait bien être enfin celle du succès, du moins celle de la consécration pour Frasiak, lui qui nous offre sans aucun doute l’un de ses disques les plus probants, les attachants, les plus convaincants, voire les plus aboutis qui soit ! Raison de plus pour aller l’applaudir lors de sa grande tournée nationale 2010/2011 qui commence le 20/03….

C.LB