Philippe Cohen Solal : 75010

le  22/03/2024   chez Ya basta ! Records





Vous connaissez tou.te.s les albums dit concept, où l’on met en place une sorte de fil conducteur musical afin que les chansons et les textes puissent suivre un ordre préétabli à l’avance autour d’auteurs, compositeurs et interprètes choisis. L’originalité de cet opus est d’avoir sélectionné uniquement des artistes locaux, d’un même quartier pour ne pas dire d’un même arrondissement de Paris (le 10ème), venus d’horizons musicaux différents et, pour certain(e)s, de pays étrangers aussi divers que variés. On doit cette expérience à Philippe Cohen Solal, fondateur du trio Gotan Project (déjà un nom prédestiné !), qui ne recule devant rien lorsqu’il s’agit de réunir de nombreux musiciens sur une même galette, lui qui adore mélanger de la musique acoustique avec celles électronique et de grandes traditions musicales un peu « world ».
C’est le cas ici avec 9 invité(e)s venus chanter – et parler – sur 10 titres composés par ses soins. On retrouve la rappeuse franco-italo-congolaise Jodie Coste sur Soleil, étoile – le 1er single - (au rythme afro dansant), le duo de rappeurs Uzay sur Elmas (au flow turc doux et langoureux sur un détournement de la Sarabande d’Haendel), la chanteuse pop-rock Sarah Manesse sur Homesick melody (à l’instrumentation à la fois cadencée et lumineuse, et à la voix intimiste, chaude et grave), CharLélie Couture (qu’on ne présente plus) sur Ici, c’est comme ça (il parle d’une voix blasée, désabusée et lancinante, sur fond d’une trompette style mariachi), la franco-iranienne Ariana Vadafari sur 2 morceaux à l’ambiance et aux sonorités orientales – l’expérimental Azadi interlude et le tournoyant Zan zendegi azadi aux violons arabisants -, l’américaine Sarah McCoy sur Kashmir (reprise de Led Zeppelin) – avec un timbre vocal fort et imposant : une belle performance à retenir ! -, l’instrumentiste kurde Rusan Filiztek sur Seher yelleri (une ballade nonchalante au chant plaintif), l’actrice Judith Chemla sur Dans la nuit (à la voix fluette et sans nuance : la seule faute de goût de cet opus), et le trio pop vocal Alfa Martians sur It’s time to say goodbye (de la pop vintage très connotée années 60 à la façon du célèbre compositeur américain de musiques de films, Burt Bacharach).
Voilà donc de quoi faire un rapide petit tour du monde musical en 35 minutes ! L’atmosphère générale est plutôt planante, éthérée, aérienne, sur fond d’électro, de house et de techno, genres musicaux qu’affectionne tout particulièrement Philippe Cohen Solal. Si l’envie de découvrir cet univers « mixé » et coloré vous gagne, sachez qu’il sera en concert le 28 mars à la Résidence des Récollets à Paris.

C.LB