Yugen Blakrok : Anima mysterium

le  01/02/2019   chez I.O.T. Records





Souvent ce qui est intéressant dans le rap, ce sont les vers, les paroles prononcées, les jeux de mots ajoutés ici et là, ainsi que les associations linguistiques placées avec parfois une certaine subtilité. Cette fois, c’est plutôt les ambiances musicales qui priment sur le flow de Yugen Blakrok, une MC sud-africaine au débit certes rapide mais sans réelle nuance vocale, une activiste à la voix douce mais un tant soit peu identique et monocorde comme engagée à proposer un très long message sur un ton légèrement linéaire.
Sur les 12 titres de ce 2ème album de plus de 50 minutes, ce sont donc les compositions et les arrangements énigmatiques de Kanif The Jahtmaster qui attirent l’oreille, entre électro planant (Mars Attacks, avec l’intervention du rappeur et producteur américain Kool Keith, membre et fondateur du groupe Ultramagnétic MCs), en suspend (Hydra ; Metallik Crow, entouré du rappeur Jak Tripper), ondulant et vibrant (Gorgon Madonna), nonchalant et un peu hypnotique sur les bords (Obsidian Night), aux sonorités expérimentales (Ochre – avec effets -), industrielles (Picture Box), sombres (Land of gray – avec des cuivres discrets -), lentes (Hibiscus, avec la participation du rappeur Historian Himself et de la chanteuse Fifi the Raiblaster qui intervient juste au final), cadencées et entêtantes (Morbid Abakus), avec un soupçon de guitare et de piano (Monatomic Mushroom, avec la présence de Bravestarr) et même de ballade (Carbon Form – le 1er single -).
Après avoir été remarqué sur la BO de Black panther grâce au morceau Opps (aux côtés de Vince Staples et du rappeur américain Kendrick Lamar), le tandem de hip-hop peut se targuer aujourd’hui de nous offrir des ambiances aussi mystiques qu’ensorcelantes, véritable univers atmosphérique d’une rare densité – et intensité – sonore, plus musicale qu’interprétée d’ailleurs...

C.LB