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Jimi : all is by my side

Sortie  le  26/05/2015   chez Universal vidéo (DVD et Blu-Ray)

De John Ridley avec André Benjamin, Hayley Atwell, Burn Gorman, Imogen Poots, Ruth Negga, Ashley Charles et Amy De Bhrùn


Les grandes étapes du parcours de Jimi Hendrix sont connues : le guitariste explose tout d’abord à Londres, avant d’enflammer pour de bon la scène du premier grand festival hippie en Californie (Monterey 1967), s’ensuivra Woodstock, 2 ans plus tard, avant sa disparition prématurée, en septembre 1970.
Mais, on connait bien moins ce qui précéda l’arrivée du musicien en Angleterre, aux premiers jours de l’automne 1966. Le film de l’américain John Ridley démarre au printemps 1966, lorsqu’une top-model anglaise, Linda Keith (petite amie de Keith Richards) découvre, dans un club new-yorkais, un guitariste noir inconnu accompagnant un groupe de rhythm & blues, Curtis Knight And The Squires. Tombant littéralement sous le charme du musicien, la jeune femme s’empressera de le présenter au bassiste des Animals justement à la recherche d’un artiste à manager…


Les studios Universal, ayant sorti récemment un excellent biopic sur James Brown intitulé Get on up, continuent sur leur lancée avec cette fois celui de Jimi Hendrix ou, du moins, ce que les ayants droits, en l’occurrence sa sœur Janie, seule héritière à ce jour, ont bien voulu laisser raconter sur la vie de cet immense guitariste gaucher, mort en pleine gloire. Car ces derniers n’ont, en aucune manière, autorisé, donné ou même loué la moindre composition originale écrite par feu Jimi Hendrix, peut-être trop fiers, trop égocentriques ou bien alors trop imbus de leur personne pour accepter que, dans un film sur la vie d’une pareille rockstar, on parle d’un de leur parent proche devenu célèbre sans qu’aucun d’entre eux ne soit mentionné quelque part. Fort de ce constat navrant, ils ont ainsi écarté toute chanson connue – et donc toute chance pour le spectateur de les écouter ! – qui aurait pu égayer et même étayer un peu plus cette production chronologique sur les débuts de sa carrière avant que celle-ci ne devienne on ne peut plus prometteuse comme beaucoup le savent déjà.
Comment voulez-vous qu’après tout cela, on puisse trouver un quelconque crédit « musical » à ce long métrage - qui n’en porte que très rarement - si aucun de ses morceaux n’est entendu ici, à part une BO aussi diverse que variée composée de quelques titres des années 60 plus ou moins à la mode de l’époque, entre du Bob Dylan, du Eric Clapton - au temps des Cream -, du Spencer Davis Group, des reprises de R’n’B et même un peu de musique classique ? A croire que le réalisateur John Ridley (Cold around the heart, mais surtout scénariste de 12 years a slave) ait vraiment voulu se tirer une balle dans le pied en entreprenant un tel projet qui, malheureusement, ne relate que des situations fictives et anecdotiques sans véritable intérêt pour le commun des mortels sauf, évidemment, pour tout fan et puriste qui se respecte ! Il s’est donc contenté de nous pondre un certain nombre de pensées existentielles et autres considérations métaphysiques peu profondes - autour par exemple du système solaire, dû sans aucun doute possible à la consommation massive et répétée d’hallucinogènes ! –, à grands renforts de séquences (essentiellement tournées en intérieur genre huis clos, entre des décors de loges, de chambres et de studios) de répétitions, de concerts, de séances d’enregistrement, de scènes de bars, d’engueulades avec ses copines et muses du moment, et cela à travers ce pensum assez statique, fort lancinant et très nonchalant, bref, d’une durée beaucoup trop longue (2 bonnes heures) pour une période (de vie et donc de carrière) si courte !
Pour tenter de masquer au mieux le peu d’éléments probants à se mettre sous la dent, pardon, l’œil, John Ridley a copieusement rajouté ici et là en entrecoupant son pitch d’extraits historiquement vrais (ceux avec les Who et les Animals) et de photos réelles (celles où il est avec son père lorsqu’il n’était qu’un enfant) d’archives, tout en y incérant régulièrement des arrêts sur image pour mentionner, sous les traits d’acteurs plutôt assez ressemblants, les autres grandes références et célébrités (comme Keith Richards) de cette décennie particulièrement créative, souvent rencontrées au gré de ses galères sonores et autres « errances » musicales (avec Eric Clapton, Ginger Baker et Jack Bruce lors d’un concert où ils font un « bœuf » tous ensemble – enfin presque ! - ; Paul McCartney, George Harrison et leur manger Brian Epstein venus le voir jouer sur scène juste avant son départ au festival de Monterey,...). Peine perdue car, si l’on ne décroche pas tout de suite ni complètement, c’est surtout grâce à la prestation impressionnante d’André Benjamin, alias André 3000 du duo de rap Outkast, qui, par sa ressemblance et sa performance physiques, arrive à éclipser, l’espace de quelques instants, la vacuité de certains de ces dialogues et propos intimistes (« la musique me pénètre l’âme »), ainsi que la pauvreté d’esprit de ces impressions furtives volées au passage (même sur un racisme ambiant, latent et persistant, il fait l’autruche !).
Reste donc un exercice de style essentiellement destiné pour ne pas dire réservé à quelques initiés et amateurs du regretté « Voodoo child » au jeu pour le moins innovant, considéré à juste titre comme l’un des plus grands guitaristes au monde, qui s’octroie le droit ou, si vous préférez, le privilège de parler de l’étape la moins intéressante, voire la moins passionnante (sa découverte entre 1966 et 1967) de ce chanteur et surtout de cet illustre joueur de guitare, avec en prime un léger clin d’œil à sa façon de « gratter » avec ses dents (sans encore y mettre le feu !). Un tel personnage, aussi génial soit-il, méritait mieux pour son premier biopic réalisé il y a 2 ans (et non encore porté à l’écran !), c’est évident....

-Actualités sur Jimi Hendrix:
•Sortie du disque « You Can't Use My Name » depuis le 23 mars chez Sony Legacy.
•Expo-photos Jimi Hendrix par Donald Silverstein (1934-1975) à la Galerie Stardust (19 rue Notre Dame de Nazareth 75003 Paris) du 10 juin au 31 juillet.



 
 
 
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