en 
 
 
cinema

 
 

Stronger

Sortie  le  07/02/2018  

De David Gordon Green avec Jake Gyllenhaal, Tatiana Maslany, Miranda Richardson, Clancy Brown, Frankie Shaw, Maggie Castle et Acei Martin


En ce 15 avril 2013, Jeff Bauman est venu encourager Erin qui court le marathon : il espère bien reconquérir celle qui fut sa petite amie. Il l’attend près de la ligne d’arrivée quand une bombe explose. Il va perdre ses deux jambes dans l’attentat. Il va alors devoir endurer des mois de lutte pour espérer une guérison physique, psychologique et émotionnelle.

C’est exactement le genre de film typiquement américain, toute à la gloire de l’un(e) de ces compatriotes ayant vécus une situation aussi réelle qu’incroyable, comme les réalisateurs hollywoodiens aiment tant en adapter au cinéma : souvenez-vous de ces longs métrages populaires et empreints d’humanité, tirés d’histoires vraies tels que par exemple La rage au ventre et Everest – avec déjà Jake Gyllenhaal dans les 2 ! -, Invincible, The finest hours ou bien encore Un jour dans la vie de Billy Lynn d’Ang Lee ! Ce tout dernier, pas du tout dans l’esprit de Traque à Boston sorti l’année dernière, pourrait avoir certaines ramifications avec Stronger, de par ces apparitions et ces tours de pistes « obligatoires » lors de grandes réunions sportives afin de montrer le courage incarné par quelques « survivants » d’évènements tragiques, autant après des conflits armés que des attentats terroristes, et ainsi galvaniser un public pro U.S. toujours friand d’actes héroïques, de résistance et de ténacité face à l’adversité.
C’est un peu ce que l’on retrouve ici dans le parcours de cet homme amputé des 2 jambes après qu’une bombe l’ai rendu cul de jatte, pour le moins forcé à parader, voire à s’exhiber dans des stades remplis de spectateurs prêts à rendre hommage au courage de l’un de ses « braves ». Considéré comme un symbole aux yeux de tous à l’échelle nationale, il va devoir un peu contre son gré se battre aussi bien physiquement que psychologiquement pour accepter cet état de fait non-désiré, plus ou moins poussé par ses proches, famille et amis en orbite autour de lui, qui s’évertuent ou, plutôt, qui s’échinent à en faire un héros. Entre les contraintes, les pressions, les interviews, les photos dans la presse, les passages à la télévision et les poignées de main, c’est une épreuve qu’il va devoir surmonter et ce combat ne fait que commencer, tiraillé par sa petite amie enceinte, sa mère possessive, ses copains de beuverie et sa longue rééducation pour arriver à remarcher !
Un rôle « en or » – à la couleur de l’Oscar par exemple ! - pour Jake Gyllenhaal, toujours prêt à se surpasser, à relever un nouveau défi cinématographique, à s’investir dans des personnages souvent extrêmes, devenus depuis quelques temps un peu son fond de commerce (ceux qu’il a interprété entre autres dans Donnie Darko, Jarhead – la fin de l’innocence, Prisoners, Enemy, Night call, La rage au ventre donc, ou bien encore dans Demolition), à exprimer la souffrance à fleur de peau (surtout pendant les soins intenses qui lui sont prodigués à l’hôpital), à bien montrer le pathos dans toute « sa splendeur » (grâce à son regard émouvant, perdu, presque égaré, limite effaré !), et à affronter les tourments intérieurs qui le rongent (dur d’être obligé d’endurer la notoriété et la présence envahissante des autres, bref, d’essayer de gérer au mieux une maman alcoolique qui y trouve son compte – jouée par la formidable Miranda Richardson -, une compagne bienveillante mais au caractère bien trempé – sous les traits de Tatiana Maslany, vue notamment dans La femme au tableau et Two lovers and a bear -, et des camarades qui le soulent dans tous les sens du terme !). En résumé, la vie d’après avec ses hauts mais aussi et surtout ses bas !
En résumé, voilà un mélodrame réaliste 100% émouvant, celui « du rôtisseur » ou, si vous préférez, d’une personne lambda victime malgré lui, devenu très médiatique du jour au lendemain et sur qui tombe une notoriété inattendue qui va le dépasser tout en essayant de la surmonter au mieux, qui semble avoir beaucoup inspiré l’acteur principal malgré une certaine lenteur et lourdeur ambiante – juste, ultra-performant et omniprésent à l’écran au point de faire beaucoup d’ombre aux autres -, bel et bien capable de remporter un vif succès auprès d’amateurs de remises en cause de soi, de sensations fortes, de persévérance en toute circonstance et d’autres réactions de cet acabit incarnées sur pellicule. Néanmoins, pas si évident que cela fasse l’unanimité auprès d’un public étranger - à moins d’être américain bien sûr ! - qui n’a pas toujours cette même mentalité ni cette même sensibilité, celle de battant bien décidé à reprendre le contrôle de sa vie quelque soit le cas de figure....

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique