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Les aventures de Spirou et Fantasio

Sortie  le  21/02/2018  

De Alexandre Coffre avec Thomas Solivérés, Alex Lutz, Ramzy Bedia, Géraldine Nakache, Christian Clavier, Charlotte Gabris et Vincent Desagnat


Lorsque Spirou, prétendu groom dans un Palace, rencontre Fantasio, reporter en mal de scoop, tout commence très fort… et plutôt mal ! Ces deux-là n’ont aucune chance de devenir amis. Pourtant, quand le Comte de Champignac, inventeur aussi génial qu’excentrique, est enlevé par les sbires de l’infâme Zorglub, nos deux héros se lancent aussitôt à sa recherche. En compagnie de Seccotine, journaliste rivale de Fantasio, et de SPIP, petit écureuil espiègle, ils sont entrainés dans une poursuite effrénée entre l’Europe et l’Afrique. Spirou et Fantasio vont devoir faire équipe pour sauver Champignac… et accessoirement le reste du monde !

A peine découvert l’enfance de Spirou dans Le petit Spirou sorti sur les écrans en septembre dernier que voici déjà le groom le plus célèbre de la bande dessinée dans une nouvelle production mais cette fois à l’âge ado/adulte ! Alors que le premier était adapté d’une série d’albums de BD plutôt espiègles voire parfois un peu effrontés sur les bords, celui-ci est plus librement tiré de la célèbre collection populaire d’histoires originales de Spirou et Fantasio imaginées et créées par Franquin, et accommodé à la sauce « juvénile », c’est-à-dire destinée à un public enfant pour ne pas dire très petit et même enfantin. En effet, si la formule « Le journal des jeunes de 7 à 77 ans », empruntée au magazine hebdomadaire de Tintin, peut également fonctionner pour le périodique de Spirou, il est moins sûr que ce film s’adresse à la même tranche générationnelle, tant le niveau « comique » abordé ici est gentillet, puéril et grotesque au possible !
Explications : à part une certaine ressemblance physique avec les personnages de la célèbre BD (plus Christian Clavier en scientifique illuminé !), le reste du casting employé est un peu à l’avenant, ayant pour l’occasion transformé Spirou - sous les traits de Thomas Solivérés (vu dans Intouchables, A toute épreuve, Les gamins et Salles gosses) - en chapardeur et pickpocket invétéré (tiens, les scénaristes en ont tout simplement fait un voleur !) ; Fantasio – interprété par l’humoriste Alex Lutz qui s’en donne à cœur-joie dans la démesure patentée et la bêtise affichée ! - en râleur assez benêt sur les bords ; Secotine – jouée par Géraldine Nakache, seule véritable caution féminine – en ex-petite amie de ce dernier (on ne se demande pas pourquoi elle l’a quitté !), et Zorglub – c’est Ramzy Bedia qui s’y colle et ça correspond assez bien à ses pitreries habituelles – en inventeur misanthrope et infâme, doublé d’un tyran barré et ridiculement démoniaque. Là-dessus, on a rajouté 2 sbires à l’air effaré, 2 gardes du corps aussi bêtes et méchants l’un que l’autre – le duo Charlotte Gabris/Vincent Desagnat –-, histoire de bien souligné là où c’était déjà bel et bien risqué !
Question scénario pastiché, c’est tout aussi exagéré, la forme - que ce soit les gags répétitifs, les blagues à gogo genre pipi-caca pas franchement rigolotes ou alors qui tombent à l’eau, et souvent le manque de réparties au tac-au-tac ! – comme le fond, - le Maroc revu et corrigé, ainsi que les décors utilisés au début avec, d’un côté, des scènes d’intérieurs tournées au Carlton à Cannes alors que de l’autre, il y a des vues extérieures qui viennent de l’Eden Rock à Antibes : un détail parmi tant d’autres !) -, le tout, fort heureusement, emporté par un rythme effréné, limite azimuté, et appuyé par des effets spéciaux particulièrement réussis (c’est toujours ça de pris, n’est-ce pas !). Reste donc un sentiment de frustration de ne pas avoir retrouvé l’esprit à la fois décalé et corsé qu’il y avait dans les pages de cette fameuse bande dessinée qui a tant passionné des milliers de lecteurs d’antan et gamins d’aujourd’hui.
Dommage que l’habit « rouge » ne fasse pas l’affaire (l’œuvre de base n’a pas été entièrement respectée, loin de là !), il y avait tant à reprendre et à proposer parmi l’univers développé dans l’ensemble de cette collection légendaire de 67 albums...

C.LB



 
 
 
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