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Un vent de liberté

Sortie  le  19/07/2017  

De Behnam Behzadi avec Sahair Dolatshahi, Ali Mosaffa, Ali Reza Aghakhani, Setareh Pesyani, Roya Javidnia et Shirin Yazdanbakhsh


Niloofar, 35 ans vit seule avec sa mère. Pour protéger celle-ci de la pollution de l’air de Téhéran, la famille décide unilatéralement que Niloofar devra déménager et vivre avec sa mère à la campagne... Alors qu’elle s’est toujours pliée aux exigences des autres, cette fois elle leur tiendra tête.

Difficile d’imaginer que dans une telle contrée, l’Iran, et notamment dans sa capitale plutôt moderne, Téhéran, il puisse y souffler aujourd’hui « un (possible) vent de liberté » autour des règles, coutumes, rites, mœurs, pratiques et autres croyances imposés qui sévissent depuis des siècles et des siècles dans une République Islamiste ! Et pourtant, c’est le cas que veut nous démontrer, voire nous justifier ici ce film, à travers l’histoire d’une « adulte responsable », une femme célibataire et d’un niveau social disons plutôt bourgeois, qui va se battre ou, du moins, se révolter contre sa propre famille – surtout sa sœur et son frère - qui essaye de lui imposer leurs décisions, directives et diktats sans juger bon de la tenir informer au préalable. Une réaction impensable il y a encore quelques années venant de la gente féminine, souvent cloîtrée et cantonnée dans ces derniers retranchements !
Voici donc une héroïne « libre » et indépendante au pays des Mollahs ! D’ailleurs, comment ne pas accepter ce état de fait lorsqu’apparaît à l’écran Sahair Dolatshahi (vue notamment dans La fête du feu, Shirin et Querelles), à la fois belle, douce, sensible et docile (à 37 ans, elle a un visage qui respire la gentillesse et la bonté), qui interprète une « petite sœur » dévouée pour ne pas dire obligée limite sacrifiée corps et âme à sa mère chérie vieillissante et malade (les pics de pollution constants à Téhéran, dit « l’enfermée », la tuent à petit feu), poussée par le reste de sa famille à accepter des conditions d’existence qui ne sont pas les siennes (elle a sa propre petite entreprise aussi stable que prospère, et vient d’entamer un début de relation sentimentale avec un homme qu’elle a connu auparavant) ? Bref, quasiment chacun d’entre eux la force à abandonner tout ce qu’elle possède pour partir avec leur maman s’installer en province où le climat est plus sain pour cette dernière.
Il y a vraiment de quoi être fortement contrarié en pareille situation, d’autant que ses proches la négligent, manigançant derrière son dos sans la consulter, décidant pour elle jusqu’à organiser sa vie à sa place ? De toute façon, on ne lui demande même pas son avis : on la met devant le fait accompli à coup de chantage affectif, de convictions morales, de culpabilité psychologique et d’impositions verbales (on veut lui faire porter le chapeau, celui de l’état empirant voire critique de sa, pardon, de leur mère, si elle ne va pas avec elle vivre loin de la Capitale) ! Ah, le beau monde que voilà dans toute sa splendeur égocentrique à souhait, avec ces petites mesquineries, jalousies et autres hypocrisies d’ordre financier ? Tout cela est parfaitement restitué à l’image sans gros effet grandiloquent ni grand coup de tonnerre, juste quelques « engueulades » au final d’égal(e) à égal(e), histoire d’avoir enfin l’opportunité et même droit de choisir tout en respectant sa propre décision !
Comme quoi, les mêmes problèmes existent partout ailleurs et souvent de la même façon que chez nous ! Raison de plus pour aller voir cette petite production perse sans prétention du réalisateur Behnam Behzadi (Ghaedeye tasadof en 2013 ; We only live twice en 2009 ; Tanha do bar zendegi mikonim en 2008), présente à Cannes l’année dernière dans la sélection Un Certain Regard, qui mérite tous nos encouragements, dans l’espoir que ceux-ci puissent faire évoluer et, pourquoi pas, changer certaines mentalités particulièrement obscurantistes, surtout du côté de ces régions orientales....

C.LB



 
 
 
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