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Une femme fantastique

Sortie  le  05/07/2017  

De Sebastiàn Lelio avec Daniela Vega, Francisco Reyes, Luis Gnecco, Aline Küppenheim et Amparo Noguera


Marina et Orlando, de vingt ans son aîné, s'aiment loin des regards et se projettent vers l'avenir.
Lorsqu'il meurt soudainement, Marina subit l’hostilité des proches d'Orlando : une "sainte famille" qui rejette tout ce qu'elle représente. Marina va se battre, avec la même énergie que celle dépensée depuis toujours pour devenir la femme qu'elle est : une femme forte, courageuse, digne ... une femme fantastique !


Au départ, ce n’est pas très frappant dès les toutes premières images, puis ça devient plus perceptible par la suite, plus probant, plus présent même, voire plus flagrant au fur et à mesure que l’on découvre l’histoire d’abord de ce couple mais surtout ensuite de cette « femme » qui, après s’être fait rejeter, injurier et malmener suite à un drame, va devoir gérer une situation plutôt délicate de la part de certains proches, à la fois contre la méchanceté, les préjugés, les « vérifications », les mots autant blessants que déplacés, bref, la réaction de l’entourage bien pensant du défunt dues à son état (pas encore civil) « différent », celui de travesti ou, du moins ici, de transgenre.
Voilà un sujet en général assez peu exploité au cinéma : néanmoins, souvenez-vous entre autres de Divine, The crying game, Ed Wood, Priscilla - folle du désert, Breakfast on Pluto, Ceux qui m’aiment prendront le train, Albert Nobbs, Chouchou et, dernièrement, de The Danish girl, sauf peut-être dans celui espagnol (La loi du désir, Talons aiguilles, Tout sur ma mère, La piel que habito et La mauvaise éducation d’Aldomovar ; 20 centimètres de Ramon Salazar) et mexicain (El lugar sin limites d’Arturo Ripstein). Pourtant, c’est une base scénaristique particulièrement intéressante que nous propose cette fois le réalisateur chilien Sebastiàn Lelio (La sagrada familia ; Navidad ; El ano del tigre ; Gloria), nous permettant de découvrir le portrait intimiste, d’une grande sensibilité mais tout en retenue, d’une « femme » face à une tragédie et surtout à une famille procédurière, aussi directe que brutale, qui le/la considère tel un problème, pour ne pas dire une « délinquante ».
Il faut reconnaître que l’actrice chilienne Daniela Vega de 27 ans, dont c’est la 2ème apparition à l’écran après La visita (2016), porte littéralement son rôle pour le moins bouleversant à bout de bras pendant 1h40, celui d’une « femme » digne qui veut et va tourner la page, prendre son courage à 2 mains ou, si vous préférez, de sages décisions et résolutions (« c’est compliqué la tournure que ça prend ! »), pour affronter la vie et bien sûr les autres (frère, fils et belle-fille), ceux qui la voient un peu comme un monstre. Ce n’est pas pour rien d’ailleurs si, pour cette production qui repose entièrement sur ses épaules, elle/lui a remporté un prix d’interprétation (masculine ou féminine ?) à la dernière Berlinale en février dernier. En résumé, c’est une comédie dramatique et sociale déguisée en histoire d’amour qui fait mouche sans prétention ni exubérance d’aucune sorte...

C.LB



 
 
 
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