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Ghost in the shell

Sortie  le  29/03/2017  

De Rupert Sanders avec Scarlett Johansson, Pilou Asbaek, Michael Pitt, Juliette Binoche, Takeshi Kitano, Yutaka Izumihara et Tawanda Manyimo


Dans un futur proche, le Major est unique en son genre: humaine sauvée d’un terrible accident, son corps aux capacités cybernétiques lui permet de lutter contre les plus dangereux criminels. Face à une menace d’un nouveau genre qui permet de pirater et de contrôler les esprits, le Major est la seule à pouvoir la combattre.
Alors qu’elle s’apprête à affronter ce nouvel ennemi, elle découvre qu’on lui a menti : sa vie n’a pas été sauvée, on la lui a volée. Rien ne l’arrêtera pour comprendre son passé, trouver les responsables et les empêcher de recommencer avec d’autres.

*(La conférence de presse de Ghost in the shell est en ligne à la rubrique Cinéma/Actu)


En 1995, sortait un film d’animation japonais réalisé par Mamoru Oshii particulièrement révolutionnaire pour l’époque - lui-même tiré de la célèbre saga de manga futuriste cyberpunk éponyme créée par Masamune Shirow en 1989 -, une œuvre de science-fiction mondialement acclamée qui allait quelque peu chamboulée, du moins bouleversée la vision que l’on pouvait avoir de la fiction au cinéma, celui où l’on pourrait comme ici implanter un cerveau humain dans un squelette robotique à l’enveloppe synthétique. 22 ans plus tard débarque sa version live sur grand écran en prises de vue réelles et aux nombreux effets spéciaux, adaptation on ne peut plus fidèle de l’originale, trame, scènes et intervenants compris.
Rien ne semble avoir été oublié, ni les décors insolites (tournés en grande partie à Hong-Kong et à Wellington en Nouvelle-Zélande), ni les engins empruntés (fusil d’assaut, avion/hélicoptère, moto surpuissante, voiture de course et tank dévastateur), ni les lieux glauques (infestés de câbles pendants et d’équipements high-tech), et encore moins de l’aspect physique aberrant de chacun des protagonistes, aussi bien facial que vestimentaire. En effet, l’héroïne principale, une flic incarnée par une Scarlett Johansson tout en nuance, porte la même tenue corporelle transparente et la même coupe de cheveux brune que l’hybride humaine-cyborg du 1er Ghost in the shell. Il en est de même pour ses partenaires, que ce soit Pilou Asbaek (Les enquêtes du département V : profanation ; Lucy – avec déjà Scarlett Johansson - ; Ben-Hur) en co-équipier peroxydé, Michael Pitt (Le village ; Last days ; Hugo Cabret) en « cybercriminel » fanatique et ennemi inachevé, Takeshi Kitano (Battle royale 1 & 2 ; Tabou ; Outrage) en supérieur taciturne et chef de section ne parlant que le japonais, Yutaka Izumihara (Band of brothers ; Les voies du destin : Invincible) et Tawanda Manyimo (The rover ; Slow west) en membres de cette fameuse section d’élite anticriminelle. Seule Juliette Binoche en docteur et chercheur très sensible (elle s’est prise d’affection pour sa création au point de pleurnicher !) reste à l’image de n’importe quel médecin digne de ce nom.
Si tout paraît avoir été transposé - à part le méchant, un redoutable hacker - avec une minutie évidente, un souci du détail, ainsi qu’un respect de l’environnement esthétique très coloré (autant graphique que visuel d’ailleurs !) des dessins originaux de cette œuvre asiatique devenue culte, on est surpris de ne pas retrouver l’esprit érotique ni l’ambiance gore qui y régnait. Certes, cette « arme » incroyablement améliorée sur 2 jambes bioniques, avec 2 bras pareils mais une âme vivante et romantique, traque puis élimine toute forme de danger réel, mais sa démarche bizarre, légèrement statique et parfois hésitante nous rappelle surtout sa prestation dans le film de science-fiction Under the skin de Jonathan Glazer sorti en 2013, tout comme son goût exagéré pour éradiquer toute menace potentielle, celle dans Lucy de Luc Besson. On pourrait aller plus loin en découvrant un certain nombre de similitudes avec notamment Jason Bourne (ses souvenirs sont embrouillés et elle perçoit des brides de son passé), Blade runner (un androïde à l’intelligence artificielle qui a acquis une conscience), Star Wars (le cybercriminel se cache sous un manteau à capuche comme Dark Sidious alias l’empereur Palpatine ; le véhicule tout terrain est proche d’un char terrestre anti-aérien), avec du Matrix dans l’air (les différents effets numériques employés).
Il est évident que cette belle et fascinante production, à l’univers à la fois inspiré (« ce sont nos actes qui nous définissent ! »), imposant (au niveau des paysages urbains remplis d’hologrammes et des infrastructures ultra modernes) et prenant (baigné d’une froideur assez inquiétante), est une réalisation parfaitement maîtrisée côté action racée et néons « tape-à-l’œil » (merci à Rupert Sanders, à qui l’on doit déjà Blanche-Neige et le chasseur, sa précédente et toute 1ère mise en scène), mais son scénario bien restitué, aux thématiques fort élaborées sans complexité d’aucune sorte, qui a engendré tant d’autres longs métrages de cet acabit (et pour certains iconiques tels que ceux mentionnés ci-dessus), n’est pas très nouveau aujourd’hui, pêchant ici et là par excès de « nous en mettre plein la vue » grâce à une imagerie stylisée débordante au profit d’un manque de profondeur psychologique chez ces délicats « ghosts » (l’équivalent de l’âme et de l’esprit) en quête de réponses spirituelles et de « fusionnage » réussi...

C.LB



 
 
 
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