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Chez nous

Sortie  le  22/02/2017  

De Lucas Belvaux avec Emilie Dequenne, André Dussollier, Guillaume Gouix, Catherine Jacob, Anne Marivin, Patrick Descamps et Charlotte Talpaert


Pauline, infirmière à domicile, entre Lens et Lille, s’occupe seule de ses 2 enfants et de son père ancien métallurgiste. Dévouée et généreuse, tous ses patients l'aiment et comptent sur elle.
Profitant de sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste vont lui proposer d’être leur candidate aux prochaines municipales.


Sujet d’actualité certes risqué mais on ne peut plus salvateur à quelques mois des prochaines élections présidentielles ! Et, surtout, comment ne pas voir ici, sous ces différents portraits « politiques » dépeints à l’écran, planer l’ombre de ce qui s’est déjà un peu matérialisé depuis quelques temps et pourrait bien se révéler encore plus probant dans les semaines à venir, notamment dans le Nord de la France (voyez ce qui est arrivé à la ville d’Hénin-Beaumont) ? Décor planté (avec l’accent ch’ti en prime) et quelque peu privilégié – et pour cause - du réalisateur (et acteur) belge originaire de Namur Lucas Delvaux (on lui doit notamment La raison du plus faible et Pas son genre, ce dernier avec déjà Emilie Duquenne comme actrice principale !), cette région est fortement convoitée par un parti d’extrême droite bien connu, désigné cette fois au cinéma avec l’appellation RNP (Rassemblement National Populaire) sous l’étendard d’une Catherine Jacob plus vraie que nature dans la peau inspirée mais sans nuance d’une sorte de Marine Le Pen spécialement engagée, à l’image de sa coupe et de sa couleur de cheveux très de circonstance ! Ainsi posé et dessiné, on ne peut qu’y voir, à travers ce long-métrage pour le moins documenté, plutôt révélateur et jalonné de « bonnes intentions », une certaine ressemblance, voire une réelle similitude avec ce qui se passe réellement « chez nous » !
En effet, tout y est représenté avec respect et authenticité, c’est-à-dire beaucoup de justesse « énoncée », de véracité « pensée » ou, si vous préférez, d’exactitude « dite haut et fort », expressions, postures, mimiques, propos, réunions, propagandes, engagements, instrumentalisations et manipulations de surcroît, jusqu’aux discours enjôleurs (« réveiller les consciences ; faire bouger les choses ») – à ce sujet, très belle performance du chaleureux André Dussollier en enrôleur très investi, en soutien fortement convaincu et en militant particulièrement inquiétant mais néanmoins convaincant ! – et aux programmes à venir (« idéaux et justice sociale ; rassembler le peuple autour d’un projet »). N’oublions pas pourtant l’opposition et les déviances qui s’immiscent parfois entre 2 « opérations sur le terrain », sous les traits d’un petit ami néo-nazi mal contenu (très bon Guillaume Gouix !), d’un père communiste bourru (excellent Patrick Descamps, déjà présent dans Cavale, Après la vie, La raison de plus faible, Rapt et 38 témoins du même metteur en scène, toujours aussi bougon à l’écran !) et d’une amie gauchiste (Charlotte Talpaert, éternellement abonnée à ce genre de prestation à travers celles qu’elle endosse dans ses différents téléfilms !).
Sans entrer dans une quelconque polémique « évidente » voire « appuyée », ni aller jusqu’à croire ici à une manière détournée de donner des leçons ou un certain point de vue, et encore moins à un penchant plus ou moins racoleur limite cliché (malgré un scénario coécrit avec le romancier Jérôme Leroy, auteur du livre Le Bloc), que ce soit une orientation active, un « parti »-pris combatif, une position revendiquée ou alors un engagement assumé venant des uns comme des autres des acteurs et/ou du cinéaste, cette peinture aussi précise que sincère et, sans (aucun) doute, dangereuse, de ce qui pourrait peut-être bientôt nous attendre, est une œuvre libre et légitime en forme d’écho plus ou moins brutal qui devrait vraiment devenir nécessaire et, pourquoi pas, d’utilité publique, tant elle pourrait éveiller les (cas de) consciences et les mentalités, pas toujours bien informés des bonnes questions à se poser, discussions à avoir et démarches à suivre et/ou du moins à prendre si pareille situation se produisait un jour à l’échelle nationale. En tout « état » de cause, c’est « chez nous » et à vous de prendre vos propres responsabilités devant ce qui se concrétise aujourd’hui !

C.LB



 
 
 
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