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Les figures de l’ombre

Sortie  le  08/03/2017  

De Theodore Melfi avec Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monae, Kevin Costner, Kirsten Dunst, Aldis Hodge et Jim Parsons


Le destin extraordinaire des trois scientifiques afro-américaines qui ont permis aux Etats-Unis de prendre la tête de la conquête spatiale, grâce à la mise en orbite de l’astronaute John Glenn. Maintenues dans l’ombre de leurs collègues masculins et dans celle d’un pays en proie à de profondes inégalités, leur histoire longtemps restée méconnue est enfin portée à l’écran.

Vous allez forcément penser « encore une histoire inspirée de faits réels tout à la gloire de l’Amérique et surtout de quelques-uns de ses habitant(e)s » et vous aurez en grande partie raison, surtout à cause des « gentilles » initiatives entreprises « tout en douceur », ainsi que des réactions bien propres sur elles et (trop) souvent pro-U.S.A. qui dégoulinent un peu partout, le tout enjolivé ici et là de bons sentiments exacerbés et de belles valeurs défendues, mais n’empêche que vous ne pourrez pas rester longtemps insensible à l’aventure de ces 3 femmes qui ont fait avancer d’un grand pas la course de l’Espace, à travers le succès des programmes menés par la NASA, sans oublier la réussite des premières missions en orbite dès le début des années 60, une étape voire une avancée pour ne pas dire une démarche au moins aussi importante que celle faite par Neil Armstrong lorsqu’il a posé son pied sur la Lune le 21 juillet 1969 !
Vous allez également imaginer que prendre leur « défense » par le biais d’une grosse production U.S. classique (au fait, merci au producteur Pharrell Williams qui a également supervisé et composé la BO !) en mettant bien en avant toutes les capacités intellectuelles - non-concevables à l’époque ! – d’afro-américaines, mais ce serait une honte de ne pas leur rendre un digne et vibrant hommage, elles – l’une calculatrice surdouée en géométrie analytique (« jamais rencontré un tel esprit ! »), l’autre première ingénieure noire à sortir diplômée d’une université blanche, et la dernière, devenue spécialiste en informatique sur IBM bien avant « l’heure » - qui ont contribué à calculer des lancements de fusées et des trajectoires de retour afin que les astronautes puissent revenir sur Terre en atterrissant avec leur capsule en mer, images d’archives à l’appui grâce aux actualités conservées de cette période !
Vous allez donc vous dire « mais ce long métrage historique est tout simplement formaté pour concourir et être récompensé comme il se doit », d’autant qu’il est nominé aux prochains Oscars dans 3 catégorie dont celle du meilleur film, du meilleur scénario adapté et de la meilleure actrice dans un second rôle (Octavia Spencer qui d’ailleurs l’a déjà reçu en 2012 pour celui dans La couleur des sentiments !), mais force est de constater que c’est un bon moyen de « s’excuser » des aberrations de la ségrégation qui sévissaient en ce temps-là (et encore aujourd’hui !) et que, sans rentrer dans une quelconque polémique à la Spike Lee et/ou à la Will Smith, il y a bien longtemps qu’un acteur – ou une actrice – de couleur n’a pas mérité de remporter cette statuette tant convoitée (au moins depuis Forest Whitaker pour Le dernier roi d’Ecosse en 2007 et, côté féminin, Lupita Nyong’o dans 12 years a slave en 2014).
Et puis, ces « opprimées » en apparence savent tellement bien se rendre indispensables, étant si énergiques, toujours pimpantes et plutôt décapantes, pleine d’aplomb, d’audace, de réparties (que de paroles sensées !) et d’humour, que ce serait vraiment dommage et surtout injuste de ne pas les porter au moins une fois au pinacle - et cela sans aucun parti pris pro-black ! -, elles qui « voient bien au-delà des chiffres » tout en tenant tête à Kevin Costner en chef de groupe juste, à Kirsten Dunst en responsable du personnel raciste, et à Jim Parsons en collègue de travail jaloux ! Bref, il serait tant de « rendre à César ce qui est à César », en l’occurrence braquer les projecteurs sur certains spécimens de la gente féminine qui ont « fait du bon travail » et qui expriment tant de réelles émotions à l’écran (on n’est pas loin parfois du tire-larmes !), un peu comme celles qui étaient mises en exergue dans Les femmes de l’ombre, film de Jean-Paul Salomé sorti en 2008, autour des véritables résistantes françaises sous l’occupation allemande....

C.LB



 
 
 
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