en 
 
 
cinema

 
 

Bienvenue au Gondwana

Sortie  le  12/04/2017  

De Mamane avec Antoine Gouy, Michel Gohou, Digbeu Cravate, Antoine Duléry, Prudence Maidou, Andrea Schieffer, Nicky Marbot et Ricky Tribord


Un jeune français idéaliste plongé en Afrique, des élections présidentielles controversées, un dictateur décidé à rester au pouvoir en trichant, deux hommes de main adeptes de géopolitique, un député français déterminé à vendre des asperges aux africains, une jeune et jolie révolutionnaire : Bienvenue au Gondwana !

Comment doit-on prendre ce film, soit comme une comédie, un drame, une farce ou bien alors comme un pamphlet ? Difficile à dire puisqu’il regroupe un peu tout cela à la fois et presque en même temps, de plus sur un ton on ne peut plus satirique à l’appui, dans un esprit débonnaire bel et bien de circonstance – Afrique oblige ! -, et avec une sacrée pointe parodique, voire une bonne dose de naïveté en prime ! Présenté ainsi, on a du mal à se rendre compte ce que le réalisateur Mohamed Mustapha, alias Mamane, humoriste nigérien reconnu en son pays, a voulu dénoncer ici, dans son tout 1er long-métrage « touche-à-tout », la vraie malhonnêteté politique de quelques dirigeants dans certains pays africains, le véritable choc des cultures qui s’affrontent depuis des lustres sur fond de racisme flagrant (il n’y a pas plus raciste qu’un africain vis-à-vis d’un autre africain !) sans jamais vraiment s’expliquer ni s’accepter, ou bien encore la réelle caricature pour le moins éhontée d’un « Etat » de fait déguisé en pastiche « fictif » particulièrement appuyé, autour de ce grand continent méconnu pour la plupart d’entre nous. Allez savoir !
Quoi qu’on en dise – et en écrive -, c’est une suite de clichés plus ou moins soulignés de ce qui doit se dérouler (as)sûrement ou, plutôt, se tramer sans aucun doute bien plus au sud de la Méditerranée, autour de défilés de courbettes hypocrites (avec notamment un Antoine Duléry fallacieux au possible !), de politiciens fourbes (et pas qu’un seul !), de corruptions aggravées (une évidence attendue !), de répressions musclées (bien qu’assez rares et presque douces à l’écran), d’intervenants grotesques (et il y en a aux traits bien appuyés !), de réactions ridicules (souvent à coup de gags récurrents), et de contrariétés interprétées par la plupart des protagonistes (entre autres Antoine Gouy - vu dans Premiers crus, Je ne suis pas un salaud, et Les enfants de la chance - qui nous fait un florilège de mines étonnées !), d’ailleurs pour la majorité plus proche de mariolles goguenards des 2 côtés de leur couleur respective, le tout à grands renforts de belles phrases moralisatrices énoncées et de drôles de proverbes récités par 2 sages qui s’amusent devant ces mascarades pour le moins « ancestrales ».
Néanmoins, voilà un parti pris cinématographique – après avoir été une chronique radiophonique régulière sur la station internationale RFI – de démontrer un propos qui demande plus ample réflexion, sans toutefois vouloir forcément tomber dans l’excès contraire, soit dans l’esprit « L’Afrique pour les nuls » formule touristique de façon bienveillante, ou dans la mentalité colonialiste si chère à certains nostalgiques d’un passé révolu (souvenez-vous des productions telles que Coup de torchon, Chocolat – de Claire Denis -, Fort Saganne ou bien encore La victoire en chantant !), et cela malgré un manque avéré de rythme (soyons tout de même indulgent pour la toute 1ère fois !), de subtilité et de férocité (aussi bien au niveau narratif on ne peut plus édulcoré et trop bien élevé tout en forçant parfois le trait, qu’à celui de la mise en scène sans grande surprise ni réel mordant et encore moins de véritable confrontation tant espérée), sans oublier d’ironie si ce n’est pour ceux que ça peut concerner directement (ou pour l’avoir éventuellement rencontré un jour !). Si le film ne porte pas franchement haut le drapeau de la démocratie, il a au moins le mérite de faire comprendre et même sourire celui qui ne connaîtrait pas encore très bien toutes les manigances qui sévissent et tous les autres agissements douteux qui nous gouvernent en ce bas-monde...

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique