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Un jour dans la vie de Billy Lynn

Sortie  le  01/02/2017  

De Ang Lee avec Joe Alwyn, Garrett Hedlund, Chris Tucker, Kristen Stewart, Vin Diesel, Ben Platt et Steve Martin


En 2005, Billy Lynn, un jeune Texan de 19 ans, fait partie d'un régiment d'infanterie en Irak victime d'une violente attaque. Ayant survécu à l'altercation, il est érigé en héros, ainsi que plusieurs de ses camarades. Et c'est avec ce statut qu'ils sont rapatriés aux Etats-Unis par l'administration Bush, qui désire les voir parader au pays... avant de retourner au front.

Ce n’est pas le premier et assurément pas le dernier film que les réalisateurs américains feront sur la guerre qui s’est déroulée en Irak, dite « préventive » avant de devenir par la suite « asymétrique ». Mais au lieu de nous montrer les éternels images d’un conflit qui, souvenez-vous, a été déclenchée dès le 20 mars 2003 et qui s’est éternisé pendant plusieurs années (en réalité, jusqu’en décembre 2011 avec le retrait total des forces U.S. d’Irak), d’abord afin de rechercher des armes de destruction massive puis, ensuite, pour calmer les problèmes entre les forces de la coalition, les milices et différents groupes d’insurgés, on a cette fois le point de vue d’un homme, un simple soldat, certes encore gamin mais décoré comme un héros (de l’Amérique), rapatrié quelques temps aux Etats-Unis pour « parader » à son corps défendant (« on célèbre le pire jour de ma vie »), ainsi que sa jeune unité qui l’accompagné après leurs hauts faits glorieux lors d’une offensive aussi musclée que meurtrière, avant d’être obligé de revenir sur le « champ de bataille » ou, si vous préférez, de repartir au combat sur le « front ».
Ne vous attendez donc pas à voir pas mal de tirs nourris ni beaucoup d’explosions à profusion (comme l’avaient été précédemment des productions telles que Jarhead, American soldiers, Du sang et des larmes, Green zone, Démineurs, et dernièrement American Sniper) – ici en forme de flash-back plus ou moins récurrents - mais plutôt à des impressions, des réflexions, des confrontations, des réactions, des souvenirs, des traumatismes aussi sans oublier des regards et les ressentis, notamment sur tout le cirque pour ne pas dire tout le « Barnum » surréaliste déployé, grande mise en scène genre gros défouloir un peu dingue organisé avec défilé, pop music, pom pom girls et feux d’artifice autour de leur retour rapide au pays, complimenter et honorer comme il se doit en tant que symbole de l’armée U.S. et preuve irréfutable de la puissance américaine où qu’elle intervienne dans le monde (on n’est pas très loin du film patriote !) afin de galvaniser tout un peuple - et pourquoi pas, peut-être susciter quelques vocations chez certains ! -, à travers une petite tournée publicitaire limite « promotionnelle » dans leur région, le Texas, et notamment dans un stade de football américain en pleine rencontre sportive.
Le réalisateur oscarisé Ang Lee a formidablement bien (dé)montré les contrastes qui peuvent exister entre ceux qui font réellement la guerre – c’est-à-dire les soldats et tout ce que cela comporte comme risque, sacrifice et stress post-traumatique – et les autres, des dévoyés, ceux qui derrière leur bureau s’en servent, les exploitent, essayent d’en tirer profit parfois, voire souvent au dépend des premiers qui se font acheter (d’ailleurs, Steve Martin ici, loin de ses rôles comiques qu’il aime tant, en est un parfait exemple tout en finesse et en roublardise). Le reste du casting n’est pas en reste non plus, bien au contraire, que ce soit Joe Alwyn (qui fait ses premiers pas devant une caméra), Garrett Hedlund (excellent et vu entre autres dans Inside Llewyn Davis, Invincible et Pan), Chris Tucker (dans un rôle de composition, très éloigné de ceux dit drôles qu’il affectionne tout particulièrement), Kristen Stewart (en sœur balafrée peu présente à l’écran), ainsi que Vin Diesel (qui fait plutôt office de participation furtive en sergent poète !).
C’est d’ailleurs ce qui est expliqué crescendo ici, à travers cette adaptation du roman du quasiment même nom (Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn), écrit par l'auteur américain Ben Fountain et publié en 2012, formidable pamphlet sur ces gens qui tirent les ficelles dans ce grand jeu de dupes que sont justement les enjeux, les corrélations et autres investissements d’une guerre, aussi malsains et déplacés mais pourtant si bénéfiques et porteurs tel que pour l’économie d’une nation comme les U.S.A.. Voilà donc la dure réalité mise à nue d’un marché gigantesque qui dépasse souvent le commun des mortels tel que cela doit se dérouler réellement, sans que personne n’ait à redire sur ces pratiques « douteuses »....

C.LB



 
 
 
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