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The birth of a nation

Sortie  le  11/01/2017  

De Nate Parker avec Nate Parker, Armie Hammer, Penelope Ann Miller, Aja Naomi King, Jackie Earle Haley, Mark Boone Junior, Gabrielle Union, Colman Domingo et Aunjanue Ellis


Trente ans avant la guerre de Sécession, Nat Turner est un esclave cultivé et un prédicateur très écouté. Son propriétaire, Samuel Turner, qui connaît des difficultés financières, accepte une offre visant à utiliser les talents de prêcheur de Nat pour assujettir des esclaves indisciplinés. Après avoir été témoin des atrocités commises à l’encontre de ses camarades opprimés, et en avoir lui-même souffert avec son épouse, Nat conçoit un plan qui peut conduire son peuple vers la liberté…

Régulièrement, on a le droit à notre lot de longs métrages sur la ségrégation qui sévit - encore - aux Etats-Unis (souvenez-vous de Dans la brume électrique, de La couleur des sentiments ou bien du Majordome !) et sur l’esclavagisme des afro-américains aux siècles derniers (avec les assez récents Lincoln, Django unchaîned et Twelve years a slave). Il faudra dorénavant rajouter ou, du moins, compter sur celui-ci, inspiré d’une histoire vraie s’étant déroulée en Virginie au tout début du 19ème siècle, celle d’un esclave qui a conduit une révolte sanglante et extrêmement violente avant d’être capturé, jugé et condamné à mort.
Rien de très nouveau du côté du thème de la souffrance, du drame voire du tragédie chez ces pauvres opprimés d’abord achetés, puis exploités, injuriés, maltraités, souvent fouettés, parfois torturés et mêmes tués par leurs maîtres, d’autant qu’ici, l’acteur ((vu dans Le secret de Lily Owens, Arbitrage, Red tails et Les amants du Texas) et réalisateur Nate Parker – qui pour son tout 1er film s’octroie le rôle principal de leader – s’attarde légèrement sur des plans certes pas si forts que cela au premier abord mais qui seront par la suite lourds de conséquences, tout en s’attachant à rendre certaines séquences et autres scènes bien explicites à nos yeux, rajoutant même un viol plutôt « frontal » – sans aucune image brutale - et le coup de fouet quant à lui bel et bien incontournable !
En revanche, il s’éternise sur le fait qu’en tant que prêcheur lettré, persévérant, (in)discipliné et investi d’une « mission divine », qui tente tant bien que mal, dans la peau d’« un humble serviteur », de divulguer la bonne parole afin de calmer pour mieux les soumettre ces autres « très chers frères et sœurs » travaillant dans diverses plantations, il voit les conditions inhumaines dans lesquelles ces derniers vivent alors que lui est plutôt bien loti, ainsi que des choses immorales que beaucoup doivent subir et qui le révoltent au plus haut point mais qu’il garde intérieurement les ¾ du film, avant de laisser enfin éclater sa colère et de massacrer un grand nombre de propriétaires avoisinants au nom d’un « laisser faire le Seigneur ». Dieu a bon dos ici, fermant les yeux sur ce guide plus proche de la « brebis égarée » que du pieux dévot qui s’active à la besogne avec une frénésie dévorante, limite obsédante, guidé par sa simple foi et son bon droit, quitte à voir dans une éclipse, un signe venu d’en haut.
Quoi qu’il en soit, même s’il y a inévitablement, à travers ce genre de récit vrai, aussi sombre que sanglant, du racisme, du désespoir, de l’injustice, de l’insurrection aussi, sans oublier des danses et des chants religieux dans l’« air », cette production, pourtant sincère en tant que de voir de mémoire et assez bien maîtrisée dans l’ensemble, p(r)êche par excès de mollesse narrative, de romantisme exacerbé, de belles valeurs défendues, de bons sentiments comme de bonnes intentions affichées, mais également par manque de scènes réellement d’action physique (à part vers la fin) et d’authentiques affrontements verbaux (ils ont tous tendance à être soit trop gentil, soit trop douceâtre, soit trop mielleux, bref, trop « pas si méchant que cela »). Sans doute le fait de (vouloir) quelque peu ressemble à Denzel Washington, surtout dans sa démarche assurée et ses expressions de rebelle, a sans (aucun) doute rendu Nate Parker, à travers ce sujet qui lui a tenu particulièrement à cœur, beaucoup trop timide ou bien trop réservé face à la réalité des actes qui ont du véritablement se dérouler à cette époque de l’Histoire américaine....

C.LB



 
 
 
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