Quelques minutes après minuit (sur Ciné + Frisson)

Sortie  le  27/03/2021  

De Juan Antonio Bayona avec Sigourney Weaver, Felicity Jones, Lewis MacDougall, Liam Neeson, Toby Kebbell, Ben Moor et la participation de Géraldine Chaplin (sur Ciné + Frisson les 27/03 et 01/04)

Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…

Comment ne pas trouver ici, en lisant ce synopsis puis en voyant le film, des similitudes avec par exemple le dessin animé Le géant de fer, Max et les maximonstres, le remake de Peter et Elliott le dragon sorti en 2016 et surtout un autre long-métrage sorti aussi récemment sur les écrans et destiné également aux enfants ou, du moins, à un public dit familial, Le bon gros géant (alias Le BGG), tant les ressemblances scénaristiques sont similaires et même assez frappantes ? Il s’agit à nouveau d’une histoire très proche d’un conte, en réalité adapté d’un roman tiré de la littérature enfantine (celui de l’anglo-américain Patrick Ness et, pour être plus précis, né de l’imagination de l’auteure britannique Siobhan Dowd décédée des suites d’un cancer en 2007, d’où une certaine corrélation ici avec l’état de la mère du jeune héros, sous les traits de Felicity Jones, présente notamment dans Une merveilleuse histoire du temps et Inferno), où il est encore question de fantastique quelque peu « démesuré » (on passe d’un copain soit dragon soit géant à un grand arbre vivant de forme humaine), avec la présence d’un enfant (ce coup-ci, c’est un garçon d’une bonne douzaine d’années) pas encore abandonné ou orphelin mais tout comme (il va l’être très bientôt mais uniquement du côté maternel !), seul personnage habilité à voir ou plutôt à imaginer un tel « monstre » (ami), bref, des choses que les adultes ignorent et, de toute façon, qu’ils ne peuvent pas comprendre !
Si, comme le précise très justement l’un des intervenants, « on n’aime pas ce qu’on ne comprend pas », il est certain que notre jeune protagoniste principal (interprété par Lewis MacDougall, déjà vu dans Pan sorti l’année dernière), qui évolue dans son monde disons onirique et d’une manière on ne peu plus lunatique, vit pleinement cette situation pour le moins singulière puisqu’il doit affronter le même cauchemar récurrent toutes les nuits (avec notamment un arbre plein de sagesse qui a la voix de Liam Neeson, profonde et pénétrante, en un mot, grave à souhait !), les mêmes brimades de la part de ces copains de classe, et la moue boudeuse de sa grand-mère un peu sèche, limite stricte (jouée par Sigourney Weaver, pas franchement méchante – tel que dans Chappie -, ni sorcière – comme dans Blanche-Neige : le plus horrible des contes - et encore moins « Alien » mais pas loin, d’autant que le n°5 devrait sortir l’année prochaine !).
Bref, nous sommes dans un style angoissant, morbide et fantasmagorique avec une petite pointe de gothique (l’église et son vieux cimetière), fond « de roulement » du réalisateur espagnol Juan Antonio Bayona (on lui doit L’orphelinat – déjà un de ses thèmes de prédilection ! – et The impossible – autour de l’anxiété et de la mort lors du tsunami de 2004 -) -, et proche du BGG mais dans une version mélodrame bien souligné (larmoyant au possible, un vrai tire-larmes !), pas vraiment effrayant ou impressionnant (les images d’animation, les maquettes hydraulique ainsi que les effets spéciaux numériques sont très doux), et les dialogues pleins de morale (pas ceux qu’on a l’habitude d’entendre dans la bouche d’un enfant de cet âge-là !). Dommage que pour en arriver-là, on soit obliger de « dire la vérité », c’est-à-dire d’être baigné dans une ambiance intimiste, lente et donc sans rythme, de surcroît besogneuse et soporifique, particulièrement appuyée sur les bords....

C.LB