en 
 
 
cinema

 
 

Gimme danger

Sortie  le  01/02/2017  

De Jim Jarmusch avec Iggy Pop et les Stooges (Ron Asheton, Scott Asheton, James A. Williamson, Dave Alexander, Steve Mackay, Mike Watt et Danny Fields)


Apparu pour la première fois à Ann Arbor (Michigan) en pleine révolution contre-culturelle, le style de rock'n'roll puissant et agressif des Stooges a fait l’effet d’une bombe dans le paysage musical de la fin des années 60. Soufflant le public avec un mélange de rock, de blues, de R&B et de free jazz, le groupe - au sein duquel débute Iggy Pop - posa les fondations de ce que l’on appellera plus tard le punk et le rock alternatif. Gimme Danger retrace l’épopée des Stooges et présente le contexte dans lequel l'un des plus grands groupes de rock de tous les temps a émergé musicalement, culturellement, politiquement et historiquement. Jim Jarmusch retrace leurs aventures et leurs mésaventures en montrant leurs inspirations et les motivations de leurs premiers défis commerciaux, jusqu’à leur arrivée au Panthéon du rock.

On connaissait le goût « immodéré » de Jim Jarmusch, réalisateur et musicien (après avoir été claviériste avec la formation The Del-Byzanteens dans les années 80, il est guitariste au sein du groupe rock Sqürl depuis 2010), pour la musique dite moderne, voire énergique et même punk, à travers la plupart de ses films (souvenez-vous de la présence de Joe Strummer des Clash dans Mystery train, des BO entre autres celles de Dead man, de Only lovers left alive – dont les instrumentaux sont l’œuvre du compositeur minimaliste et joueur de luth néerlandais Jozef van Wissem, avec lequel Jim a sorti 3 albums en 2012 - et surtout du documentaire Year of the horse sur la tournée de Neil Young et de son groupe rock transcendantal Crazy Horse en 1996 !). Il le prouve une fois encore avec ce passionnant doc biographique sur le légendaire Iggy Pop – qu’il avait d’ailleurs fait tourné notamment dans Coffee & cigarettes au même titre d’ailleurs que Tom Waits et Jack White des White Stripes - et surtout sur son groupe les Stooges depuis leur création en 1968 jusqu’à nos jours, en passant par les nombreux parcours plus ou moins difficiles qu’ont du prendre et affronter les différents membres de cette formation aussi « décadente » que sauvage, aussi « débile » que primitive, en un mot, punk avant l’heure.
Et pour raconter cette incroyable histoire traversée de toute sorte de fulgurances dans tous les sens du terme, quoi de mieux que d’interviewer leur leader, L’iguane him-self, sans oublier quelques-uns des derniers survivants tels que le guitariste James A. Williamson, le bassiste Mike Watt et le manager Danny Fields (d’autant que certains sont morts en cours de route : le guitariste Ron Asheton en 2009, le batteur Scott Asheton en 2014 que l’on voit à l’écran particulièrement amoché ou du moins amoindri physiquement, le bassiste Dave Alexander en 1975 et le saxophoniste Steve Mackay en 2015) de cette période « bénie des dieux » où concerts et enregistrements rimaient avec défonce (marijuana, LSD et autres stupéfiants), où leur manque de professionnalisme s’est souvent soldé par une absence de succès commercial (seulement 5 albums en presque 45 ans de carrière dont une « très » longue période de séparation !). Fort heureusement et contre toute-attente, les prestations live des Stooges , sans oublier les contorsions sur scène d’Iggy que l’on voit ici à travers plusieurs séquences rares et extraits inédits de concerts de cette époque, leurs ont permis d’obtenir une réputation nationale (aux USA), une notoriété internationale et, ainsi, de devenir après une référence ou une influence pour beaucoup d’autres artistes et groupes (pour ne citer que les principaux : The Damned, Sex Pistols, The Ramones, Sonic Youth, The Cramps, Television et, bien sûr, David Bowie).
On sait que Jim Jarmusch a une certaine attirance pour décrire des marginaux – et Iggy Pop (qui vient d’un milieu simple vivant avec ses parents dans une caravane) comme les autres sont des exemples assez flagrants ! – mais il le fait avec beaucoup de sincérité, de bienveillance, de panache parfois, d’émotions et d’humour (très drôle cette façon de « coller » des photos et des images animées ou non, puisées pour la plupart dans des archives ou des films d’antan, qui commentent quasiment tous les mots émis par Iggy Pop !), tout en racontant de manière chronologique les grandes étapes de tout ce petit monde, depuis les premiers pas d’Iggy en tant que batteur (d’abord des Iguanas au lycée, puis des Prime Movers, et ensuite des Dirty Shames), jusqu’à la reformation des Stooges en 2003 et leur entrée au panthéon de la musique rock U.S. (le fameux Rock and Roll Hall of Fame), en passant par leur signature avec le label Elektra en 1968, leur présence à New York en 1969 (enregistrement de leur 1er album produit par John Cale) ou à Los Angeles en 1970, sans oublier Iggy Pop à Londres. En résumé, 1h48 de souvenirs et d’anecdotes souvent comiques (la façon de « faire court » en écrivant des textes certes assez rudimentaires mais plutôt tranchants pour ne pas dire percutants) qui permettent de mieux scruter et même cerner tous les contours et autres aléas de leur existence entièrement dévouée à la musique....

C.LB



 
 
 
                                                      cinema - theatre - musique