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Le Bon Gros Géant (sur Ciné + Cinéma)

Sortie  le  08/05/2022  

De Steven Spielberg avec Mark Rylance (voix française : Danny Boon), Ruby Barnhill, Penelope Wilton, Jemaine Clement, Rebecca Hall, Rafe Spall, Adal Godley et Bill Hader


Voici l’incroyable histoire d’une petite fille et du mystérieux géant qui lui fera découvrir les merveilles et les dangers du Pays des Géants. Le Bon Gros Géant ne ressemble pas à ses congénères. Avec ses grandes oreilles, son excellent odorat et ses 7 mètres de haut, c’est le plus petit des géants et contrairement aux autres, il est végétarien. À son arrivée au Pays des Géants, Sophie a d’abord peur de lui, mais elle se rend vite compte que le BGG est très gentil, pas très malin mais tout à fait adorable et assez secret. Il va tout lui apprendre sur la magie et le mystère des rêves. Jusqu’ici, le BGG et Sophie s’étaient toujours sentis seuls, chacun dans son monde. Leur rencontre va tout changer…

Est-ce que Steven Spielberg, pourtant Gros amateur et raconteur d’histoires (devant l’Eternel) plus extraordinaires les unes que les autres - avec des enfants ou alors des adolescents (souvenez-vous d’E.T., de l’Empire du soleil, de Hook ou la revanche du Capitaine Crochet, ou bien encore de Cheval de guerre !) -, se serait quelque peu assagi, du moins, reposé sur ses lauriers amplement mérités depuis le temps ? C’est à croire, non pas par rapport au roman choisi ici, celui du célèbre conteur britannique Roald Dahl et maître de la littérature jeunesse (on lui doit notamment ceux de James et la grosse pêche, adapté au cinéma par Henri Selick, Matilda par Danny DeVito, Fantastique maître renard par Wes Anderson, et Charlie et la chocolaterie, porté à l’écran par Tim Burton, un autre grand spécialiste en la matière dite « fantastique » !), mais à cause de sa façon de mettre en scène cette drôle d’aventure affectueuse, toute en douceur mais aussi, malheureusement, toute en lenteur, pleine de belles valeurs et Bons sentiments exacerbés, sans beaucoup d’intrigue ni de suspense et encore moins d’évènements surprenants à la clé, si ce n’est peut-être la séquence de la visite chez la reine d’Angleterre et du breakfast avec elle, entourée de « ses Bons et loyaux sujets ».
Bref, rien que le titre du film et la bonhommie (fort laide) des protagonistes veulent déjà tout dire et laissent forcément présager quelque chose de mignon, de mielleux, de douceâtre limite guimauve, entièrement dédiée, et sans aucun doute possible, à un public familial, de par sa portée on ne peut plus légère et juvénile – on s’adresse spécialement cette fois à des jeunes qui ne dépassent pas 10 ans d’âge, tout comme l’âge de l’héroïne, une orpheline insomniaque aussi précoce que courageuse, voire même intrépide -, et de par ces situations plates, jamais très intenses ni vraiment effrayantes – la présence de 9 méchants Géants, qui mangent des « hommes de terre » ou, si vous préférez, des humains, n’apporte aucune angoisse tangible, plus burlesques les uns que les autres avec leur dégaine d’ogres à la Cro-Magnon et leur nom à coucher dehors (Bouffe-Chairfraîche, Mâche-Mioches, Bave-Bidoche, Gobe-Gésiers...) -. En résumé, on n’est vraiment pas très loin des récits de la fée Clochette, les chansons en moins !
Les acteurs (dont le géant interprété par Mark Rylance, vu dans le précédent Spielberg, Le pont des espions) - et actrices - ont beau faire de leur mieux pour nous toucher et nous charmer un tant soit peu (d’ailleurs, Danny Boon prête sa voix au géant dans la version française), on se lasse assez vite, surtout nous adultes, de toutes ce classicisme ambiant, de ces simagrées et autres mièvreries consensuelles qui plombent à tout bout de champ le scénario (celui de la regrettée Melissa Mathison), truffé malgré tout d’effets spéciaux impressionnants (avec la technique de la performance capture en veux-tu en-voilà !) et d’un langage aussi fantaisiste que rigolo, bourré de mots « distordus » (jacasouilleries, charabiage, monarquise, crépiprout, schnockombre – alias un légume peu appétissant -). Il faut attendre la rencontre avec (le sosie de) la reine Elisabeth II pour sourire un peu et même rire parfois de bon cœur. Finalement, même si cette « histoire dépasse l’entendement » dixit la souveraine, elle reste un recueil rédempteur simple et on ne peut plus fidèle à l’auteur, ainsi qu’insouciant et très terre-à-terre, sans oublier un « attrape-rêves » sans peur ni folie qui sème des songes illusoires inintéressants et des chimères pas toujours hallucinantes dans la tête des bambins endormis. En un mot, pas de quoi jouer le mythe très noir des « ombres et croque-mitaines » nocturnes, loin de là.....

C.LB



 
 
 
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